Les super-héros à l’aube de la seconde guerre mondiale En 1938, l’Europe s’apprête à basculer dans les horreurs de la guerre. Nés pour la plupart dans les tranchées de 14-18, victimes de bombardements expérimentaux au radium, les héros superscientifiques sont devenus la principale force politique européenne. En France, Saint-Clair, dit Le Nyctalope, allié à Giberne, l’Accélérateur londonien, est le protecteur officiel de Paris, désigné dans des circonstances nébuleuses par la légendaire Marie Curie, fondatrice de l’Institut du Radium, qui s’est éteinte en 1934. La propre fille de Marie Curie, Irène Joliot-Curie, tente toujours de redonner son lustre au vénérable établissement de sa mère, mais ses accointances avec Nous Autres, la force superscientifique communiste, l’affaiblit considérablement sur le plan politique. Des dissensions malvenues à l’heure où l’apparition de la Phalange en Espagne déséquilibrent dangereusement les rapports de forces. S’étant allié au Docteur Mabuse, créateur des Crânes de III° Reich et à l’italien Gog, ce nouveau monstre superscientifique ajoute à la confusion ambiante, sous l’œil impavide des Américains, distants témoins de la dégradation des relations sur le Vieux Continent. Alors qu’il devient clair pour tous que la situation politique échappe à tout contrôle, Irène Joliot-Curie à peut-être trouvé la clef qu’espèrent la France et l’Angleterre pour retourner la situation : la Brigade Chimérique, jusque-là simple légende qui accompagnait le fantôme de sa mère, et dont la réalité vient finalement d’éclater au grand jour. Un quatuor à la puissance phénoménale, peut-être capable de s’opposer à la mégalomanie de Mabuse.   Une mélange de genre réussi pour une œuvre ambitieuse Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi tous les super-héros étaient américains ? Que sont donc devenus nos super-soldats, où étaient-ils durant la Seconde Guerre Mondiale ? Voilà l’épineuse question à laquelle Serge Lehman et Francis Colin souhaitent répondre avec la Brigade Chimérique, une aventure superscientifique en six tomes dans l’Europe de la fin des années 30. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, à l’époque où Superman et Doc Savage dévoilaient leur existence au monde, l’Europe possédait déjà depuis plusieurs décennies ses super-héros. Porte-étendards de notre culture, contemporains de Holmes et de Fantômas, ils étaient bien différents de leurs homologues américains. Seule témoignage de leur existence oubliée, la Brigade Chimérique nous prouve avec maestria que les histoires de super-héros n’ont pas vocation de dépendre forcément de la culture nord-américaine, et que la BD franco-belge est parfaitement capable de se l’approprier, avec au moins autant de talent. L’ouvrage est brillant, mêlant adroitement l’ambiance européenne début de siècle avec la narration historique et les super-héros de comics sans jamais céder aux facilités de l’emprunt, s’appropriant complètement chaque apport extérieur pour l’incorporer à son univers. De cette œuvre plurielle se dégage un attrait énorme, empreint de fascination pour ces héros d’un passé fictif, qui cèderont finalement leur place au commandant Robert Morane et son écossais d’ami dans la littérature française. Le trait brut de Gess, mêlant parfois découpes photographique en noir et blanc à ses illustrations épurées, va à l’essentiel. Parfois frustrante, cette simplicité apparente dissimule de très belles planches et une parfaite justesse du trait. Unique et intelligente, la Brigade Chimérique est la réponse franco-belge aux comics américains, et elle n’a pas à rougir de la comparaison !

Gess, Lehman, Colin & Bessonneau - La Brigade chimérique - Culturellement Geek

Les super-héros à l’aube de la seconde guerre mondiale

En 1938, l’Europe s’apprête à basculer dans les horreurs de la guerre. Nés pour la plupart dans les tranchées de 14-18, victimes de bombardements expérimentaux au radium, les héros superscientifiques sont devenus la principale force politique européenne.


En France, Saint-Clair, dit Le Nyctalope, allié à Giberne, l’Accélérateur londonien, est le protecteur officiel de Paris, désigné dans des circonstances nébuleuses par la légendaire Marie Curie, fondatrice de l’Institut du Radium, qui s’est éteinte en 1934. La propre fille de Marie Curie, Irène Joliot-Curie, tente toujours de redonner son lustre au vénérable établissement de sa mère, mais ses accointances avec Nous Autres, la force superscientifique communiste, l’affaiblit considérablement sur le plan politique.

Des dissensions malvenues à l’heure où l’apparition de la Phalange en Espagne déséquilibrent dangereusement les rapports de forces. S’étant allié au Docteur Mabuse, créateur des Crânes de III° Reich et à l’italien Gog, ce nouveau monstre superscientifique ajoute à la confusion ambiante, sous l’œil impavide des Américains, distants témoins de la dégradation des relations sur le Vieux Continent.

Alors qu’il devient clair pour tous que la situation politique échappe à tout contrôle, Irène Joliot-Curie à peut-être trouvé la clef qu’espèrent la France et l’Angleterre pour retourner la situation : la Brigade Chimérique, jusque-là simple légende qui accompagnait le fantôme de sa mère, et dont la réalité vient finalement d’éclater au grand jour. Un quatuor à la puissance phénoménale, peut-être capable de s’opposer à la mégalomanie de Mabuse.

 

Une mélange de genre réussi pour une œuvre ambitieuse

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi tous les super-héros étaient américains ? Que sont donc devenus nos super-soldats, où étaient-ils durant la Seconde Guerre Mondiale ? Voilà l’épineuse question à laquelle Serge Lehman et Francis Colin souhaitent répondre avec la Brigade Chimérique, une aventure superscientifique en six tomes dans l’Europe de la fin des années 30.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, à l’époque où Superman et Doc Savage dévoilaient leur existence au monde, l’Europe possédait déjà depuis plusieurs décennies ses super-héros. Porte-étendards de notre culture, contemporains de Holmes et de Fantômas, ils étaient bien différents de leurs homologues américains.

Seule témoignage de leur existence oubliée, la Brigade Chimérique nous prouve avec maestria que les histoires de super-héros n’ont pas vocation de dépendre forcément de la culture nord-américaine, et que la BD franco-belge est parfaitement capable de se l’approprier, avec au moins autant de talent.

L’ouvrage est brillant, mêlant adroitement l’ambiance européenne début de siècle avec la narration historique et les super-héros de comics sans jamais céder aux facilités de l’emprunt, s’appropriant complètement chaque apport extérieur pour l’incorporer à son univers. De cette œuvre plurielle se dégage un attrait énorme, empreint de fascination pour ces héros d’un passé fictif, qui cèderont finalement leur place au commandant Robert Morane et son écossais d’ami dans la littérature française.

Le trait brut de Gess, mêlant parfois découpes photographique en noir et blanc à ses illustrations épurées, va à l’essentiel. Parfois frustrante, cette simplicité apparente dissimule de très belles planches et une parfaite justesse du trait.

Unique et intelligente, la Brigade Chimérique est la réponse franco-belge aux comics américains, et elle n’a pas à rougir de la comparaison !

Publié le 23 février 2012

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