Trois volumes, pour une série qui en comptera six, édités chacun à un mois d'intervalle depuis l'automne 2009 et une très grande ambition : publier un comic héroïc à la française. Petit format comme leur modèle américain mais une couverture sobre et très graphique. 48 pages pour deux titres par ouvrage (plus un prologue pour le tome 1). Peu de pages donc mais un contenu très dense ! Aux commandes du scénario et associés pour la première fois dans une bande déssinée, Serge Lehman et Fabrice colin. Forts du constat de Serge lehman qu'il n'existe plus de super-héros européens, ils ont imaginé leur disparition. La référence à Alan Moore et à La Ligue des gentlemen extraordinaires est claire et assumée. L'inspiration se nourrit de feuilletons du début du XX° siècle. Mais la créativité des deux scénaristes les préserve de tout plagiat. Tout commence en 1938 même si les flash-back sont nombreux. Des surhommes européens apparus pour certains lors de la Première Guerre mondiale ont pris du pouvoir de façon plus ou moins occulte. Les uns pour défendre Londres- « l'Accélérateur »- , ou Paris – Le Nyctalope - , capitales de démocraties classiques, les autres pour imposer une forme de totalitarisme, tels le docteur Mabuse et son armée des crânes, tenant du nazisme, la phalange qui écrase l'Espagne ou les « Nous autres », scientifiques russes au service de la disparition de l'individu. Un axe du bien, un axe du mal et trois protagonistes pour le futur conflit mondial.Les deux premiers volumes, très movementés mettent en place leur stratégies, et le troisième, pivot de ce bloc, explicite une partie des mystères afférant à la fameuse brigade chimérique. Les références à la littérature (dont la science-fiction) et au cinéma abondent (Rosny aîne, Marcel Ayme, H. G Wells, Ray Bradbury, Zamiatine, Fritz Lang, etc) et le lecteur averti peut traquer avec gourmandise les innombrables références. Mais celles-ci n'alourdissent pas un récit plein de suspense et de fantastique, un brin déjanté mais complexe, requérant de l'attention. Les scénaristes empruntent aussi au monde réel certaines figures historiques (comme certains surréalistes ou le couple Curie et son institut du radium) qui apportent une coloration d'époque. L'atmosphère glauque et lourde de l'entre-deux-guerres est remarquablement rendue par le graphisme de Gess et les couleurs de Céline Bessoneau. Gess s'appuie sur une documentation fouillée, ses références à l'expressionisme, à Mignola, Tardi, etc sont perceptibles, mais le résultat frappe par sa cohérence, son dynamisme et la qualité du découpage. On attend donc avec grande impatience le tome 4 (qui doit paraître au printemps) et les suivants. La Brigade chimérique ne s'adresse pas à de jeunes lecteurs mais plutôt à de jeunes adultes avertis (même si le site donne beaucoup de clés) qui trouveront beaucoup de plaisir à découvrir cette « expérience » uchronique, ambitieuse, originale et surprenante qui sait maintenir un équilibre entre réalité et imaginaire.Marie-Françoise Brihaye

Gess, Lehman, Colin & Bessonneau - La Brigade Chimérique, T.1 à T.3- Lecture jeune

Trois volumes, pour une série qui en comptera six, édités chacun à un mois d'intervalle depuis l'automne 2009 et une très grande ambition : publier un comic héroïc à la française. Petit format comme leur modèle américain mais une couverture sobre et très graphique. 48 pages pour deux titres par ouvrage (plus un prologue pour le tome 1). Peu de pages donc mais un contenu très dense !

Aux commandes du scénario et associés pour la première fois dans une bande déssinée, Serge Lehman et Fabrice colin. Forts du constat de Serge lehman qu'il n'existe plus de super-héros européens, ils ont imaginé leur disparition. La référence à Alan Moore et à La Ligue des gentlemen extraordinaires est claire et assumée. L'inspiration se nourrit de feuilletons du début du XX° siècle. Mais la créativité des deux scénaristes les préserve de tout plagiat.

Tout commence en 1938 même si les flash-back sont nombreux. Des surhommes européens apparus pour certains lors de la Première Guerre mondiale ont pris du pouvoir de façon plus ou moins occulte. Les uns pour défendre Londres- « l'Accélérateur »- , ou Paris – Le Nyctalope - , capitales de démocraties classiques, les autres pour imposer une forme de totalitarisme, tels le docteur Mabuse et son armée des crânes, tenant du nazisme, la phalange qui écrase l'Espagne ou les « Nous autres », scientifiques russes au service de la disparition de l'individu. Un axe du bien, un axe du mal et trois protagonistes pour le futur conflit mondial.

Les deux premiers volumes, très movementés mettent en place leur stratégies, et le troisième, pivot de ce bloc, explicite une partie des mystères afférant à la fameuse brigade chimérique. Les références à la littérature (dont la science-fiction) et au cinéma abondent (Rosny aîne, Marcel Ayme, H. G Wells, Ray Bradbury, Zamiatine, Fritz Lang, etc) et le lecteur averti peut traquer avec gourmandise les innombrables références. Mais celles-ci n'alourdissent pas un récit plein de suspense et de fantastique, un brin déjanté mais complexe, requérant de l'attention. Les scénaristes empruntent aussi au monde réel certaines figures historiques (comme certains surréalistes ou le couple Curie et son institut du radium) qui apportent une coloration d'époque. L'atmosphère glauque et lourde de l'entre-deux-guerres est remarquablement rendue par le graphisme de Gess et les couleurs de Céline Bessoneau. Gess s'appuie sur une documentation fouillée, ses références à l'expressionisme, à Mignola, Tardi, etc sont perceptibles, mais le résultat frappe par sa cohérence, son dynamisme et la qualité du découpage.

On attend donc avec grande impatience le tome 4 (qui doit paraître au printemps) et les suivants. La Brigade chimérique ne s'adresse pas à de jeunes lecteurs mais plutôt à de jeunes adultes avertis (même si le site donne beaucoup de clés) qui trouveront beaucoup de plaisir à découvrir cette « expérience » uchronique, ambitieuse, originale et surprenante qui sait maintenir un équilibre entre réalité et imaginaire.

Marie-Françoise Brihaye

Publié le 3 août 2010

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