Références assumées tout d’abord, notamment à ces auteurs dumerveilleux scientifique auxquels Serge Lehman est très attaché. Ainsile caméo remarqué du Dr Flohr et de son Homme élastique, emprunté à Jacques Spitz, ou l’utilisation habile du Passe-muraillede Marcel Aymé. Lehman et Colin inscrivent ainsi intelligemment leurhistoire dans un contexte historique à la fois décalé et parfaitementindentifiable. Références graphiques, aussi. Le Nyctalope, ce super-héros imbu delui-même et qui semble jouer un jeu trouble, évoque immanquablement lesBD de Tardi, avec ses grosses lunettes, son melon et son grand manteau.Les apparitions furtives de Doc Savage ou de Superman (dans uneversion, il est vrai, un peu customisée) sont habilement orchestréespar Gess, qui se tire bien de ce métissage graphique assumé. Tout commed’ailleurs, il utilise avec malice les portraits des personnageshistoriques.Et puis, bien sûr – inévitablement – on songe à La Ligue des Gentlemen Extraordinaires,du non moins extraordinaire Alan Moore. Mêmes emprunts à la littératurepopulaire, mêmes clins d’œil à l’Histoire avec un grand H, le cousinageest indéniable. Au point que les esprits chagrins pourraient y voircomme une version yéyé d’un grand succès anglo-saxon.Heureusement, Colin et Lehman y amènent leurs propre foliesimaginatives, leurs propres cultures, et l’on sent la tentation quasimétaphysique qui point et augure d’une suite des plus prometteuses.Gess, quant à lui, a su trouver un juste milieu dans son graphisme,évitant de se laisser asservir par des référents visuels qui auraientrapidement pu devenir encombrants, sans non plus se laisser écartelerpar le mélange des genres. Il assure ainsi un beau travail de cohésiongraphique. Reste que cette Brigade Chimérique remplit soncontrat. Intrigante et originale, répondant aux vieilles obsessions deSerge Lehman sur ce rendez-vous manqué de la France avec les genres del’Imaginaire et entrant, de fait, dans cette métafiction qui plaît tantà Fabrice Colin, il n’est pas étonnant de voir ces deux-là prendre unplaisir manifeste à l’exercice. Plaisir pour l’instant partagé de notrecôté.

Gess, Lehman, Colin & Bessonneau - La Brigade Chimérique - ActuSF

Références assumées tout d’abord, notamment à ces auteurs dumerveilleux scientifique auxquels Serge Lehman est très attaché. Ainsile caméo remarqué du Dr Flohr et de son Homme élastique, emprunté à Jacques Spitz, ou l’utilisation habile du Passe-muraillede Marcel Aymé. Lehman et Colin inscrivent ainsi intelligemment leurhistoire dans un contexte historique à la fois décalé et parfaitementindentifiable.
 
Références graphiques, aussi. Le Nyctalope, ce super-héros imbu delui-même et qui semble jouer un jeu trouble, évoque immanquablement lesBD de Tardi, avec ses grosses lunettes, son melon et son grand manteau.Les apparitions furtives de Doc Savage ou de Superman (dans uneversion, il est vrai, un peu customisée) sont habilement orchestréespar Gess, qui se tire bien de ce métissage graphique assumé. Tout commed’ailleurs, il utilise avec malice les portraits des personnageshistoriques.

Et puis, bien sûr – inévitablement – on songe à La Ligue des Gentlemen Extraordinaires,du non moins extraordinaire Alan Moore. Mêmes emprunts à la littératurepopulaire, mêmes clins d’œil à l’Histoire avec un grand H, le cousinageest indéniable. Au point que les esprits chagrins pourraient y voircomme une version yéyé d’un grand succès anglo-saxon.
Heureusement, Colin et Lehman y amènent leurs propre foliesimaginatives, leurs propres cultures, et l’on sent la tentation quasimétaphysique qui point et augure d’une suite des plus prometteuses.

Gess, quant à lui, a su trouver un juste milieu dans son graphisme,évitant de se laisser asservir par des référents visuels qui auraientrapidement pu devenir encombrants, sans non plus se laisser écartelerpar le mélange des genres. Il assure ainsi
un beau travail de cohésiongraphique.

Reste que cette Brigade Chimérique remplit soncontrat. Intrigante et originale, répondant aux vieilles obsessions deSerge Lehman sur ce rendez-vous manqué de la France avec les genres del’Imaginaire et entrant, de fait, dans cette métafiction qui plaît tantà Fabrice Colin, il n’est pas étonnant de voir ces deux-là prendre unplaisir manifeste à l’exercice. Plaisir pour l’instant partagé de notrecôté.
Publié le 19 octobre 2009

à propos de la même œuvre