Dans son récit, Becky Chambers va nous questionner sur l’humanité, sur notre rapport à la nature et sur d’autres sujets sans dénaturer l’essentiel qui est l’histoire. Cela commence par une vision sur la société telle qu’elle est devenue.
Nous découvrons déjà que la sexualité n’est plus un sujet à cette époque (en tout cas, c’est l’impression que cela donne), avec un moine qui est non binaire. Cette non-binarité n’est pas affichée, n’est pas mise comme un élément structurant du récit : elle est sur tout… Et ne se modélise que par l’utilisation du pronom iel…
Mais la question est aussi notre rapport à l’environnement, comme nous le découvrirons tout au long du récit et de l’aventure de Dex. La nature a repris ses droits et l’humanité se contente des passages qui lui sont accordés, des passages qui sont existants, évitant de se rendre plus avant dans la forêt. Pour autant, tout n’est pas réglé et certains travers, certaines questions demeurent dont le rapport au végétal comme le soulignera Omphale.
– Est-ce typique des gens ? Vous excuser auprès des créatures que vous tuez ?
– Oui.
– Ah !” Le robot trouvait ça intéressant. Il regarda l’assiettée de légumes. “Quand vous avez demandé pardon à ces plantes, c’était individuellement ou collectivement ?
– Nous… nous ne demandons pas pardon aux plantes.
Reste que la question principale de ce premier opus, à confirmer peut-être dans le suivant, est cette forme d’insatisfaction qui semble inhérente à l’humanité : Dex a tout ce qui lui ait nécessaire et pour autant, il n’arrive pas à s’en contenter. C’est la raison qui va le pousser d’abord à changer de voie, puis à se lancer sur la route. Sa rencontre avec Omphale va lui permettre de se questionner sur ce travers, avec un robot qui va chercher à comprendre de quoi les gens ont besoin. Une réponse qui semble bien difficile à donner et reste un mystère.
Becky Chambers nous propose ici une ballade intelligente et surtout positive, ce qui fait définitivement du bien dans nos périodes bien tristes.
Fantastinet