Il y a plusieurs siècles, les robots de Panga ont accédé à la conscience. Ils ont lâché leurs outils et sont partis dans la forêt. Nul ne les a revus et ils sont devenus des mythes pour l’humanité, qui s’est reconstruite après avoir frôlé la catastrophe.
Dex est moine, mais sa vie n’est pas satisfaisante. Une part d’iel aspire à découvrir autre chose, à trouver un but à son existence. Iel devient donc moine de thé itinérant, et va de village en village. Sa fonction est essentielle au bien-être des autres : elle consiste à écouter ses interlocuteurs, puis à comprendre ce qui leur fera du bien, pour leur préparer le thé adapté.
Un jour, Dex croise le chemin d’un robot qui, fidèle à une très ancienne promesse, est venu chercher la réponse à une question : « De quoi les gens ont-ils besoin ? ». Il repartira vers les siens lorsqu’il aura trouvé la réponse. Le problème, c’est que cette dernière dépend grandement de la personne à qui on la pose ! S’ensuit une joute verbale entre ces deux êtres que tout sépare, et qui ont bien du mal à se comprendre.
C’est l’occasion pour le lecteur de réfléchir à la condition humaine, et, plus prosaïquement, à notre mode de vie, à notre consommation, à notre manière d’aborder le monde. L’originalité de l’univers proposé, avec des robots qui ont juste « disparu » et des humains qui ont reconstruit une société apaisée, le concept des « recyclés sauvages » (nous vous laissons découvrir de quoi il s’agit) sont intelligents et forts.
La plume de Becky Chambers est superbe ; ne soyez pas rebutés par l’écriture inclusive (le personnage de Dex est non binaire) bien présente, elle coule très naturellement au bout de quelques pages et ne gêne en rien la lecture – je précise que j’avais une petite appréhension, c’est le premier roman que nous lisons qui utilise de façon aussi tranchée cette écriture.
Entre quête initiatique, de Dex comme d’Omphale le robot, réflexion philosophique et voyage en quête de sens, ce court roman est un pur bonheur de lecture ! Empreint de calme, de sérénité, d’humour et d’optimisme, sans jamais être mièvre. Une belle utopie, qui incite à réfléchir à l’essentiel…
Sylvie Gagnère