Un auteur à découvrir : Wagner fortissimo   Au rayon science-fiction, à la lettre W, le très vendeur Bernard Weber se taille la part du lion. Avec un peu de chance, une poignée de livres signés Roland C. Wagner auront réussi à se faufiler. Une paille en comparaison de l'oeuvre aussi prolifique qu'inspirée de cet écrivain. Dans son antre de Cognac, où il réside depuis une dizaine d'années, il mitonne des récits à l'imagination débridée. Pas de monstres visqueux et de batailles au sabre laser. Non, chez Wagner, on assiste à des compétitions cérébrales à côté desquelles les échecs sont un jeu d'enfant (" Le Chant du Cosmos "), des enquêtes menées par un détective décalé héritier d'Eugène Sue et Léo Mallet (" Les Futurs Mystères de Paris "), une farce jubilatoire sur le mythe des petits hommes verts (" LGM "), ou une biographie fantasmée d'un maître du genre, Lowecraft (" HPL ").   A l'occasion, parce qu'il est fin connaisseur, et parce qu'il faut bien vivre, il traduit Norman Spinrad ("Il est parmi nous", sorti en 2009) ou la saga galactique de Stephen Baxter, aux côtés de sa compagne Sylvie Denis, ancienne prof d'anglais dans un lycée de Cognac et également auteur de " S-F ". Son dernier-né, " Rêves de gloire ", un pavé de près de 700 pages, constitue la pierre angulaire de ses thèmes fétiches. Roland C. Wagner a mis plusieurs années à accoucher de cette uchronie, un genre qui se plaît à revisiter l'histoire en déviant son cours. Cela situe l'ambition du propos : le général de Gaulle est mort en 1960 dans un attentat, et Alger est restée française. L'intrigue passe par Biarritz, qui accueille une sorte de Woodstock halluciné, et se déploie dans une Algérie dont Roland C. Wagner, qui y est né, bouscule l'âme torturée. Le fil rouge est dessiné par la quête d'un dique extrêmement rare, fatal à ses propriétaires. L'auteur laisse libre cours à sa passion pour les vinyles et le punk psychédélique. La narration est segmentée entre de multiples personnages, fugaces ou récurrents. Un procédé déroutant, mais maîtrisé, avec une audace qui confirme définitivement l'écrivain parmi les grands d'un genre parfois sous-estimé.   Philippe Ménard Sud Ouest 

Wagner - Rêves de gloire - Sud Ouest
Un auteur à découvrir : Wagner fortissimo
 
Au rayon science-fiction, à la lettre W, le très vendeur Bernard Weber se taille la part du lion. Avec un peu de chance, une poignée de livres signés Roland C. Wagner auront réussi à se faufiler. Une paille en comparaison de l'oeuvre aussi prolifique qu'inspirée de cet écrivain. Dans son antre de Cognac, où il réside depuis une dizaine d'années, il mitonne des récits à l'imagination débridée. Pas de monstres visqueux et de batailles au sabre laser. Non, chez Wagner, on assiste à des compétitions cérébrales à côté desquelles les échecs sont un jeu d'enfant (" Le Chant du Cosmos "), des enquêtes menées par un détective décalé héritier d'Eugène Sue et Léo Mallet (" Les Futurs Mystères de Paris "), une farce jubilatoire sur le mythe des petits hommes verts (" LGM "), ou une biographie fantasmée d'un maître du genre, Lowecraft (" HPL ").
 
A l'occasion, parce qu'il est fin connaisseur, et parce qu'il faut bien vivre, il traduit Norman Spinrad ("Il est parmi nous", sorti en 2009) ou la saga galactique de Stephen Baxter, aux côtés de sa compagne Sylvie Denis, ancienne prof d'anglais dans un lycée de Cognac et également auteur de " S-F ". Son dernier-né, " Rêves de gloire ", un pavé de près de 700 pages, constitue la pierre angulaire de ses thèmes fétiches. Roland C. Wagner a mis plusieurs années à accoucher de cette uchronie, un genre qui se plaît à revisiter l'histoire en déviant son cours. Cela situe l'ambition du propos : le général de Gaulle est mort en 1960 dans un attentat, et Alger est restée française. L'intrigue passe par Biarritz, qui accueille une sorte de Woodstock halluciné, et se déploie dans une Algérie dont Roland C. Wagner, qui y est né, bouscule l'âme torturée. Le fil rouge est dessiné par la quête d'un dique extrêmement rare, fatal à ses propriétaires. L'auteur laisse libre cours à sa passion pour les vinyles et le punk psychédélique. La narration est segmentée entre de multiples personnages, fugaces ou récurrents. Un procédé déroutant, mais maîtrisé, avec une audace qui confirme définitivement l'écrivain parmi les grands d'un genre parfois sous-estimé.
 
Philippe Ménard
Sud Ouest 
Publié le 5 août 2011

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