Résumé :   Le 17 octobre 1960 à 11 h 45 du matin, la DS présidentielle fut prise sous le feu d'une mitrail­leuse lourde dissimulée dans un camion à la Croix de Berny. Le Général décéda quelques instants plus tard sur ces dernières paroles : « On aurait dû passer par le Petit-Clamart. Quelle chienlit... » De Gaulle mort, pas de putsch des généraux, pas d'OAS, pas d'accords d'Évian, pas de réfé­rendum, et Alger reste française. De nos jours, à Alger, l'obsession d'un collec­tionneur de disques pour une pièce rare des années soixante le conduit à soulever un coin du voile qui occulte les mystères de cette guerre et de ses prolongements... Un roman polyphonique et jubilatoire sur lequel souffle le vent de l'histoire.   Mon avis :   D’habitude, par une sorte de convention tacite, je commence mes chroniques par un résumé succinct de l’ouvrage en question, en tâchant de situer le récit sans en dire trop. Résumer Rêves de Gloire, non content de s’avérer une tâche complexe, reviendrait à trahir sa richesse. Je vais plutôt commencer par vous livrer mes impressions.   Rêves de Gloire est un ouvrage impressionnant.   Rêves de Gloire n’est pas un ouvrage facile à prendre en main, dans tous les sens du terme, mais les récompenses seront à la hauteur de vos efforts. La quatrième de couverture a beau prévenir que nous sommes en présence d’un ouvrage polyphonique, la structure de la mise en page déroute au premier abord. Dans Rêves de Gloire, des gens vous parlent. Sauf que vous ne savez pas qui. Aucun nom de narrateur n’est indiqué. Et ces narrateurs sont non seulement multiples mais encore de différentes époques. Tous les éléments spatiaux-temporels, la chronologie des évènements, vous ne les apprendrez qu’indirectement, par le récit de ces narrateurs. Au fil des pages, nombreuses et non chapitrées, on finit par reconnaître la voix qui s’adresse à nous grâce aux accords ou en reconstituant le fil de l’histoire, morceaux par morceaux. Vous entendrez les voix des vautriens, cette jeunesse des années 60 à la recherche d’une autre manière de vivre, celle d’un collectionneur de vinyles dans une Alger contemporaine et indépendante, celle des fellaghas luttant pour l’indépendance de leur terre, celle des soldats la nuit de la proclamation de la Commune d’Alger et bien d’autres. Car l’Alger de Rêves de Gloire n’est pas la nôtre. Ville-monde fantasmée, indépendante de l’Algérie et de la France, elle est le personnage central du récit, celui autour duquel tous gravite. Le morceau de bravoure de Roland Wagner est d’apporter autant de poids à chacun de ses narrateurs et de rendre le tout passionnant. J’ai eu autant de plaisir à suivre l’intrigue principale qu’à suivre les digressions sur l’histoire du gymnase rock de l’algérois. Cette part digressive du roman est véritablement gigantesque mais c’est aussi en grande partie ce qui fait son charme. Cet univers uchronique recréé par Wagner a, j’en suis persuadé, recueilli tout ce qu’il aime. Et cet amour transparaît à chaque page : l’amour du disque, de la musique, d’Alger et la passion d’une époque d’espérance contre les carcans oppressants de la société. On plonge au cœur des quartiers d’Alger où toutes les nationalités se mêlent, l’histoire des groupes est décortiquée comme un dictionnaire musical pendant les bombes explosent dans la casbah, secouant le fragile équilibre issu de la guerre et de l’indépendance, on vibre quand le collectionneur nous entraîne dans ses recherches et ses découvertes, on partage l’enthousiasme des vautriens dans leur quête d’un société plus juste et plus libre : le talent de Roland Wagner est là, nous faire ressentir la vie de ses personnages, nous caler sur le rythme et le souffle de son Alger.   8.5/10   Un récit d’une incroyable richesse, foisonnant, une véritable ode à ce qui aurait pu être, qui a les défauts de ses qualités. Ce qui fait sa valeur fait aussi sa lourdeur : certains comme votre serviteur seront happés dans ce tourbillon, d’autres se perdront et renonceront. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent.   Winter Critic Blog

Wagner - Rêves de gloire - Critic blog
Résumé :
 
Le 17 octobre 1960 à 11 h 45 du matin, la DS présidentielle fut prise sous le feu d'une mitrail­leuse lourde dissimulée dans un camion à la Croix de Berny. Le Général décéda quelques instants plus tard sur ces dernières paroles : « On aurait dû passer par le Petit-Clamart. Quelle chienlit... » De Gaulle mort, pas de putsch des généraux, pas d'OAS, pas d'accords d'Évian, pas de réfé­rendum, et Alger reste française. De nos jours, à Alger, l'obsession d'un collec­tionneur de disques pour une pièce rare des années soixante le conduit à soulever un coin du voile qui occulte les mystères de cette guerre et de ses prolongements...
Un roman polyphonique et jubilatoire sur lequel souffle le vent de l'histoire.
 
Mon avis :
 
D’habitude, par une sorte de convention tacite, je commence mes chroniques par un résumé succinct de l’ouvrage en question, en tâchant de situer le récit sans en dire trop. Résumer Rêves de Gloire, non content de s’avérer une tâche complexe, reviendrait à trahir sa richesse. Je vais plutôt commencer par vous livrer mes impressions.
 
Rêves de Gloire est un ouvrage impressionnant.
 
Rêves de Gloire n’est pas un ouvrage facile à prendre en main, dans tous les sens du terme, mais les récompenses seront à la hauteur de vos efforts. La quatrième de couverture a beau prévenir que nous sommes en présence d’un ouvrage polyphonique, la structure de la mise en page déroute au premier abord. Dans Rêves de Gloire, des gens vous parlent. Sauf que vous ne savez pas qui. Aucun nom de narrateur n’est indiqué. Et ces narrateurs sont non seulement multiples mais encore de différentes époques. Tous les éléments spatiaux-temporels, la chronologie des évènements, vous ne les apprendrez qu’indirectement, par le récit de ces narrateurs. Au fil des pages, nombreuses et non chapitrées, on finit par reconnaître la voix qui s’adresse à nous grâce aux accords ou en reconstituant le fil de l’histoire, morceaux par morceaux. Vous entendrez les voix des vautriens, cette jeunesse des années 60 à la recherche d’une autre manière de vivre, celle d’un collectionneur de vinyles dans une Alger contemporaine et indépendante, celle des fellaghas luttant pour l’indépendance de leur terre, celle des soldats la nuit de la proclamation de la Commune d’Alger et bien d’autres. Car l’Alger de Rêves de Gloire n’est pas la nôtre. Ville-monde fantasmée, indépendante de l’Algérie et de la France, elle est le personnage central du récit, celui autour duquel tous gravite.
Le morceau de bravoure de Roland Wagner est d’apporter autant de poids à chacun de ses narrateurs et de rendre le tout passionnant. J’ai eu autant de plaisir à suivre l’intrigue principale qu’à suivre les digressions sur l’histoire du gymnase rock de l’algérois. Cette part digressive du roman est véritablement gigantesque mais c’est aussi en grande partie ce qui fait son charme. Cet univers uchronique recréé par Wagner a, j’en suis persuadé, recueilli tout ce qu’il aime. Et cet amour transparaît à chaque page : l’amour du disque, de la musique, d’Alger et la passion d’une époque d’espérance contre les carcans oppressants de la société.
On plonge au cœur des quartiers d’Alger où toutes les nationalités se mêlent, l’histoire des groupes est décortiquée comme un dictionnaire musical pendant les bombes explosent dans la casbah, secouant le fragile équilibre issu de la guerre et de l’indépendance, on vibre quand le collectionneur nous entraîne dans ses recherches et ses découvertes, on partage l’enthousiasme des vautriens dans leur quête d’un société plus juste et plus libre : le talent de Roland Wagner est là, nous faire ressentir la vie de ses personnages, nous caler sur le rythme et le souffle de son Alger.
 
8.5/10
 
Un récit d’une incroyable richesse, foisonnant, une véritable ode à ce qui aurait pu être, qui a les défauts de ses qualités. Ce qui fait sa valeur fait aussi sa lourdeur : certains comme votre serviteur seront happés dans ce tourbillon, d’autres se perdront et renonceront. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent.
 
Winter
Publié le 29 septembre 2011

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