R.C.Wagner est un écrivain de science-fiction, un vrai.   Capable de tomber un " Anticipation " du Fleuve Noir en quinze jours - dont il est l'auteur du dernier numéro, le 2001 au titre de " L'odyssée de l'espèce ", défendant la notion du transparent chez " L'Atalante " sous de magnifiques couvertures de Philippe Caza, Roland s'enferme plusieurs années pour réaliser son " rêve ".   " Rêves de gloire " est né. Nous nous sommes un peu bagarrés pour l'avoir en avant-première à imaJn'ère 2011, mais le " combat " en valait la peine. Un gros volume de près de 800 pages à la couverture psychédélique. Gourmand, j'en récupérai un magnifiquement dédicacé et le lu... Une première fois. Je le laissai pour une fantaisie moorcockienne de Fabrice Colin et le repris, une seconde fois. Et pourquoi donc ?   Un petit pitch tout d'abord. 1961, le Général de Gaulle décède des suites d'un attentat à La Croix de Berny (en vrai il est passé par le petit Clamart ce qui l'a sauvé). Le futur s'en trouve bouleversé. Oui, il s'agit d'une uchronie pensée il y a six ans par Roland hors du phénomène de mode actuel.   Le livre commence vers notre époque et une partie de l'Algérie est restée française. En fait de nombreuses autres choses se trouvent modifiées par le décès du grand homme, y compris de l'insoupçonnable. Roland C. Wagner au travers de nombreux personnages nous ouvre ce nouveau " présent " aux anecdotes jubilatoires. Le parcours du " héros ", collectionneur et commerçant de vynils rares est semé de clins d'oeil à des mouvements et groupes musicaux de pure invention mêlés à ceux de " notre monde ". Le message sous-jacent paraît clair quand au départ des populations françaises du Maghreb. Avec un étonnant respect de (presque) toutes les factions, y comprs, et j'en ai été surpris, des militaires. Mais je restais sur ma faim, un sentiment de non-abouti de lecture. Désorienté par l'alternance surprenante des personnages et des époques et la partition large du texte, alerté par le titre à double sens (La gloire est aussi une drogue), je m'étais laissé entrainé par la lecture du " conte " sans en trouver la clé. Le piège majeur de l'uchronie est de formuler le postulat de base et d'en décliner les combinaisons probables en un catalogue (souvent) réussi. L'exercice reste malin. Roland C. Wagner ne joue pas à ce jeu simple. Il faut dépasser le simple stade de l'exercice uchronique, se plonger dans le roman comme dans une oeuvre classique et se laisser porter par la vague jusqu'à l'immersion qui vient naturellement. Et là tout se met en place, la musique devient symphonie. L'immense culture musicale de Roland se délecte sur des projections tellement réalistes qu'elles en deviennent vraies. Nous évoluons socialement et historiquement avec ses personnages dans ce nouveau monde. Nous avons la sensation de passer du stade de lecteur à celui d'acteur.    Enfin, un écrivain qui ne prend pas ses lecteurs pour des niais incultes (il partage cette qualité avec J. Heliot) et qui relève le défi de les amener sur un terrain à défricher eux-mêmes. Oui, " Rêves de gloire " n'est pas une lecture simple mais la récompense est à la hauteur de l'effort. Il y a du génie dans les " Rêves de gloire ", cinq décades d'histoires, d'Histoire, de culture familiale que Roland partage d'une manière franche, tendre et violente.   Merci, Monsieur Wagner.   Jean-Hugues Villacampa Tête en l'ère 

Wagner - Rêves de gloire - La tête en l'ère
R.C.Wagner est un écrivain de science-fiction, un vrai.
 
Capable de tomber un " Anticipation " du Fleuve Noir en quinze jours - dont il est l'auteur du dernier numéro, le 2001 au titre de " L'odyssée de l'espèce ", défendant la notion du transparent chez " L'Atalante " sous de magnifiques couvertures de Philippe Caza, Roland s'enferme plusieurs années pour réaliser son " rêve ".
 
" Rêves de gloire " est né. Nous nous sommes un peu bagarrés pour l'avoir en avant-première à imaJn'ère 2011, mais le " combat " en valait la peine. Un gros volume de près de 800 pages à la couverture psychédélique. Gourmand, j'en récupérai un magnifiquement dédicacé et le lu... Une première fois. Je le laissai pour une fantaisie moorcockienne de Fabrice Colin et le repris, une seconde fois. Et pourquoi donc ?
 
Un petit pitch tout d'abord. 1961, le Général de Gaulle décède des suites d'un attentat à La Croix de Berny (en vrai il est passé par le petit Clamart ce qui l'a sauvé). Le futur s'en trouve bouleversé. Oui, il s'agit d'une uchronie pensée il y a six ans par Roland hors du phénomène de mode actuel.
 
Le livre commence vers notre époque et une partie de l'Algérie est restée française. En fait de nombreuses autres choses se trouvent modifiées par le décès du grand homme, y compris de l'insoupçonnable. Roland C. Wagner au travers de nombreux personnages nous ouvre ce nouveau " présent " aux anecdotes jubilatoires. Le parcours du " héros ", collectionneur et commerçant de vynils rares est semé de clins d'oeil à des mouvements et groupes musicaux de pure invention mêlés à ceux de " notre monde ". Le message sous-jacent paraît clair quand au départ des populations françaises du Maghreb. Avec un étonnant respect de (presque) toutes les factions, y comprs, et j'en ai été surpris, des militaires.
Mais je restais sur ma faim, un sentiment de non-abouti de lecture. Désorienté par l'alternance surprenante des personnages et des époques et la partition large du texte, alerté par le titre à double sens (La gloire est aussi une drogue), je m'étais laissé entrainé par la lecture du " conte " sans en trouver la clé.
Le piège majeur de l'uchronie est de formuler le postulat de base et d'en décliner les combinaisons probables en un catalogue (souvent) réussi. L'exercice reste malin. Roland C. Wagner ne joue pas à ce jeu simple. Il faut dépasser le simple stade de l'exercice uchronique, se plonger dans le roman comme dans une oeuvre classique et se laisser porter par la vague jusqu'à l'immersion qui vient naturellement. Et là tout se met en place, la musique devient symphonie. L'immense culture musicale de Roland se délecte sur des projections tellement réalistes qu'elles en deviennent vraies. Nous évoluons socialement et historiquement avec ses personnages dans ce nouveau monde. Nous avons la sensation de passer du stade de lecteur à celui d'acteur. 
 
Enfin, un écrivain qui ne prend pas ses lecteurs pour des niais incultes (il partage cette qualité avec J. Heliot) et qui relève le défi de les amener sur un terrain à défricher eux-mêmes. Oui, " Rêves de gloire " n'est pas une lecture simple mais la récompense est à la hauteur de l'effort.
Il y a du génie dans les " Rêves de gloire ", cinq décades d'histoires, d'Histoire, de culture familiale que Roland partage d'une manière franche, tendre et violente.
 
Merci, Monsieur Wagner.
 
Jean-Hugues Villacampa
Publié le 9 août 2011

à propos de la même œuvre