Entretien Roland C. Wagner, écrivain de science-fiction.   - La science-fiction est une littérature populaire, souvent méconnue et mal comprise. Plutôt que de la définir, pouvez-vous me dire ce qu'est la littérature populaire pour vous ? - Il me semble que la science-fiction n'est pas seulement une littérature " populaire ", mais qu'elle couvre au contraire tout le champ littéaire. C'est un domaine de possibilités infinies que l'auteur peut choisir de traiter à sa guise, sous la forme qu'il aura choisie. Je suis tenté d'employé plutôt l'expression littérature " de genres " Dans mon esprit, la littérature populaire est associée à... disons une certaine manière de produire des livres. La dimension économique est un aspect fondamental de la chose. Elle favorise la production de certains types de textes et, de fait, l'apparition des genres : polar, espionnage, sentimental, science-fiction, etc. Mais les genres eux-mêmes échappent en partie au modèle commercial qui les a vus naître.      - Votre dernier roman, Rêves de Gloire, imagine ce qu'aurait été l'histoire de l'Algérie si De Gaulle avait été assassiné en 1960. Vous êtes né en 1960 à Bab El Oued. Un rapport avec le choix de votre sujet ? - Disons que j'avais déjà une bonne documentation sous la main. Et puis je connais un peu le pays, surtout Alger. C'était tentant  : il existait des centaines d'uchronies sur la Deuxième guerre mondiale ou la bataille de Waterloo, mais aucune sur la guerre d'Algérie. Alors, bon : j'ai commencé à y réfléchir. Ca se passait il y a une vingtaine d'années, je ne me souviens plus très bien des détails. L'idée de la partition est venue bien plus tard, en tout cas. C'était la plus séduistante sur la plan dramatique. La théorie d'Huntington concernant le choc des civilisations revient assez souvent, en ce moment, notamment pour dire qu'elle intéresse les auteurs de science-fiction. Vous la trouvez juste, vous, cette théorie ? J'ai toujours pensé que c'était de la foutaise et les faits me confortent de plus en plus dans mon opinion.   - Que représente un auteur comme Norman Spinrad pour vous qui le connaissez, le traduisez, et l'avez aussi lu avant que nous-même n'écriviez, j'imagine ? - C'est sans doute l'un des écrivains qui m'a le plus influencé, avec John Brunner et Michel Jeury pour ne citer qu'eux. Une grande intelligence, une énergie considérable, une puissance littéraire impressionnante et un flair peu commun pour les sujets qui fâchent. Pour moi il fait partie de ce que les USA ont de meilleur.   Ouest France Le Lieu Unique en pleine science-fiction 

Wagner - Rêves de Gloire - Ouest France
Entretien Roland C. Wagner, écrivain de science-fiction.
 
- La science-fiction est une littérature populaire, souvent méconnue et mal comprise. Plutôt que de la définir, pouvez-vous me dire ce qu'est la littérature populaire pour vous ?
- Il me semble que la science-fiction n'est pas seulement une littérature " populaire ", mais qu'elle couvre au contraire tout le champ littéaire. C'est un domaine de possibilités infinies que l'auteur peut choisir de traiter à sa guise, sous la forme qu'il aura choisie. Je suis tenté d'employé plutôt l'expression littérature " de genres " Dans mon esprit, la littérature populaire est associée à... disons une certaine manière de produire des livres. La dimension économique est un aspect fondamental de la chose. Elle favorise la production de certains types de textes et, de fait, l'apparition des genres : polar, espionnage, sentimental, science-fiction, etc. Mais les genres eux-mêmes échappent en partie au modèle commercial qui les a vus naître.   
 
- Votre dernier roman, Rêves de Gloire, imagine ce qu'aurait été l'histoire de l'Algérie si De Gaulle avait été assassiné en 1960. Vous êtes né en 1960 à Bab El Oued. Un rapport avec le choix de votre sujet ?
- Disons que j'avais déjà une bonne documentation sous la main. Et puis je connais un peu le pays, surtout Alger. C'était tentant  : il existait des centaines d'uchronies sur la Deuxième guerre mondiale ou la bataille de Waterloo, mais aucune sur la guerre d'Algérie. Alors, bon : j'ai commencé à y réfléchir. Ca se passait il y a une vingtaine d'années, je ne me souviens plus très bien des détails. L'idée de la partition est venue bien plus tard, en tout cas. C'était la plus séduistante sur la plan dramatique. La théorie d'Huntington concernant le choc des civilisations revient assez souvent, en ce moment, notamment pour dire qu'elle intéresse les auteurs de science-fiction. Vous la trouvez juste, vous, cette théorie ? J'ai toujours pensé que c'était de la foutaise et les faits me confortent de plus en plus dans mon opinion.
 
- Que représente un auteur comme Norman Spinrad pour vous qui le connaissez, le traduisez, et l'avez aussi lu avant que nous-même n'écriviez, j'imagine ?
- C'est sans doute l'un des écrivains qui m'a le plus influencé, avec John Brunner et Michel Jeury pour ne citer qu'eux. Une grande intelligence, une énergie considérable, une puissance littéraire impressionnante et un flair peu commun pour les sujets qui fâchent. Pour moi il fait partie de ce que les USA ont de meilleur.
 
Ouest France
Le Lieu Unique en pleine science-fiction 
Publié le 1 août 2011

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