Trois écrivains publient ces temps-ci romans et nouvelles dans le domaine de l’imaginaire. Ils l’assurent : un milieu local est né Deux romans publiés chez l’éditeur francophone majeur des littératures de l’imaginaire, L’Atalante, basé à Nantes, ainsi qu’un recueil de nouvelles remarqué : en quelques mois, trois jeunes auteurs ont donné un sérieux coup d’accélérateur à la science-fiction en Suisse romande. Ils ne sont pas seuls, ils assurent même qu’en rassemblant toutes les troupes de l’imaginaire local, on réunirait une vingtaine de têtes. Mais ces trois-là semblent incarner la soudaine vitalité d’un genre qui, jusqu’ici, ne paraissait pas avoir pris racine en terres romandes, sinon de manière sporadique. Déjà remarqué il y a deux ans avec son premier roman Cygnis, Vincent Gessler publie une fantasie futuriste, Mimosa. Aussi versée dans la bande dessinée, Laurence Suhner s’impose également chez L’Atalante avec Vestiges, premier volet d’une trilogie baptisée Quantika, exploration de planètes pas si lointaines, dans l’esprit au moins… Quant à Lucas Moreno, il propose Singulier Pluriel, un riche recueil de fictions aux univers multiples. Réunis par Le Temps, les trois auteurs, de la mi-trentaine à la mi-quarantaine, sont intarissables dans la description de ce que Lucas Moreno qualifie de « conjonction historique » : « En Suisse romande, des auteurs arrivent sur la scène, en visant une certaine exigence ; ce n’est plus du compte d’auteur. » Vincent Gessler renchérit : « Ce n’est pas seulement un moment transitoire, ou un hasard ; regardez le nombre croissant de publications. » Ce momentum marque la naissance d’un biotope. Notamment autour de la Maison d’Ailleurs, le musée yverdonnois aux multiples connexions. Naguère président du musée, François Rouiller, lui-même auteur et illustrateur lorsqu’il n’officie pas comme pharmacien, a chauffé l’éprouvette. Aussi auteur et anthologiste, Jean-François Thomas lui a donné une épaisseur historique et culturelle avec Défricheurs d’imaginaire, chez Campiche, balade dans l’histoire de l’imaginaire romand. Les trois nouveaux venus se singularisent par leur choix d’investir l’écriture, quitte à réduire leur train de vie. Vincent Gessler travaille à 60% dans l’administration de l’Université de Genève. « Papa au foyer », Lucas Moreno compte se consacrer à ses histoires, hormis quelques traductions. Laurence Suhner donne dans la rédaction scientifique, mais la suite de sa trilogie, entre autres projets, va désormais l’occuper « à un rythme serré ». Cet environnement de faiseurs de mondes s’est structuré il y a juste dix ans, lorsque Vincent Gessler s’inspirait de la pratique française pour instituer des rendez-vous de la science-fiction à Genève et Lausanne. Il raconte : « Auparavant, je pensais que les amateurs devaient être comme moi, cachés, à surveiller ce qui se passe via Internet… » « Jusque-là, j’étais dans mon coin », ajoute Laurence Suhner : « Puis j’ai constaté que des gens osaient ; alors, pourquoi pas moi ? » Lucas Moreno complète : « Cela a permis une émulation, plusieurs projets d’anthologies sont nés de cette discussion. Longtemps, notre vœux le plus fou était de finir une nouvelle, et qu’elle soit assez bonne… On n’osait pas franchir le pas du roman. » Il est en train de s’y lancer. Pourquoi la SF ? Il y a comme une évidence. Laurence Suhner le dit : « La fiction m’intéresse en lien avec la science. Je suis née en voulant écrire et faire de la BD, et j’ai toujours voulu raconter de la science-fiction ainsi que du fantastique. » Possibilité d’explorer les défis du présent par le biais de l’avenir, façonnage d’univers au service d’un propos, exploration des potentiels technologiques ; les motifs foisonnent. Dans les trois trajectoires, on note en outre un goût pour l’histoire « et les langues bizarres », sourit Vincent Gessler : lui-même a fait histoire médiévale, Laurence Suhner a trempé dans l’égyptologie et l’archéologie préhistorique, et Lucas Moreno s’est frotté à l’histoire des religions ainsi qu’au sanscrit. Couches séculaires bien réelles, qui alimentent les trois imaginaires. Le choix de la SF fait rencontrer des clichés, encore tenaces. À Laurence Suhner, qui s’esclaffe, on demande une fois si elle écrit « de la SF pour filles ». Lors d’une signature, à la question de savoir s’il aime la SF, Lucas Moreno entend dire d’un client : « Je suis plutôt littérature. » Ou, à Strasbourg, Vincent Gessler reçoit cette confidence : « J’ai aimé votre roman, car ce n’est pas de la SF »… Dès lors qu’une notoriété s’installe, les projets se multiplient. La conversation des trois écrivains s’enflamme lorsqu’ils énumèrent les pistes en vue, ou peut-être faisables, ou avortées ; adaptations au cinéma, en bande dessinée ou série TV ; perspective de BD originale ; ou jeu vidéo… Paroles télescopées, puis appel à la discrétion du journaliste : tout se discute encore, rien n’est sûr… Découverte d’un milieu, de filières, d’un business : « La BD est un monde dans lequel il est beaucoup plus difficile d’entrer » lance Vincent Gessler. Lucas Moreno a tenté en vain ; à présent, il transforme son projet en SF pour la jeunesse… Laurence Suhner, elle, planche sur une version illustrée de Vestiges. Et puis, à l’heure des réseaux multiples, il faut se faire connaître. Laurence Suhner a organisé une opération de hameçonnage par un riche site internet dédié à son univers, Quantika : « Quelqu’un l’a signalé sur Amazon, et cela a lancé les précommandes, les amateurs ajoutaient Vestiges à des listes similaires… » Vincent Gessler a émoustillé ses fidèles avec le site de Mimosa, jusqu’à les faire voter pour la couverture. Lucas Moreno veut « beaucoup tabler sur la présence en ligne, les blogs spécialisés. Je suis chez un petit éditeur, je dois penser à mon marketing. » Tout frais encore, le modeste milieu romand part à l’assaut des mondes.   Trois voix dessinent les voies de l’avenir : souvenirs incertains, étrangeté, « planet opera », des œuvres à découvrir. Vincent Gessler, Mimosa Tout part d’un souvenir comportant des mimosas, et une certaine violence. Agression initiale, ou réminiscence implantée ? Pour son enquête, Tessa, qui dirige une agence de renseignements, embarque quelques amis, dont Crocodile Bundee. Et ils croiseront un Luc Besson ou un Jésus. Car dans cette ville d’une Amérique du Sud du futur, chacun se donne une personnalité – sauf Tessa. Pis, elle perd la sienne : cette plongée autour d’une mystérieuse trace mentale amène un doute, Tessa aurait-elle été, d’une certaine manière, programmée, voire inventée ? L’investigation devient dangereuse pour elle et ses amis. La narration paraîtra parfois, peut-être, un brin touffue, comme trop immergée dans l’univers de l’auteur ; mais après l’élégant Cygnis et sa quête post-apocalyptique, Mimosa confirme les ressources de Vincent Guessler. Son roman démarre sur les chapeaux de roue, et le foisonnement de ce futurisme-là est communicatif. Le Genevois ne se refuse aucun extra, y compris des bonus inspirés de ceux des DVD, avec scène coupée, bêtisier et interview des personnages. Y compris un entretien avec Marguerite Yourcenar, que Vincent Gessler « admire », l’exubérance des fleurs. Lucas Moreno, Singulier Pluriel « Trouver les mots » est le titre d’une des nouvelles du recueil Singulier Pluriel. Un beau texte, sorte de chronique martienne pessimiste, dans laquelle le conteur d’une expédition partie explorer une nouvelle planète constate la déréliction ambiante. À une telle expédition, il faut un narrateur, le faiseur de mots et d’histoire – sauf que le mécanisme se grippe… Le titre même illustre la démarche de l’auteur, qui s’essaie à plusieurs registres sans y observer chaque tic, mais avec une approche déjà singulière. En discussion, il dit lui-même s’être cherché, et avoir opté pour une veine qu’il nomme – oui, trouver les mots… - « polar bizarroïde ». A l’image de Dellamorte Dellamore, autre grand texte du bouquet, mise en scène macabre et pourtant sentimentale du deuil d’un époux. Lucas Moreno cultive des images et des trames d’une étrangeté particulière, qui donnent à son premier ouvrage une teinte d’emblée personnelle.Il n’y a pas à chercher loin pour trouver le mot : un auteur à suivre. Laurence Suhner, Vestiges Gemma : une planète caparaçonnée de glaces, colonisée douze millénaires auparavant par une civilisation perdue. Les « Batisseurs » ont laissé un sanctuaire enfui sous la terre et, en orbite, un gigantesque vaisseau fantôme, le Grand Arc. Hantée par des rêves étranges, la microbiologiste Ambre Pasquier cherche à percer les secrets enfouis. Alliant brillamment archéologie et physique quantique, Laurence Suhner signe un premier roman impressionnant. Elle met en scène une multitude de personnages, fait entrer en résonance les espaces intérieurs et extérieurs, multiplie les points de vue, entre même dans la peau d’un extraterrestre. Palpitant de bout en bout, Vestiges tient ses promesses et suscite une admiration sans réserve. Nicolas Dufour et Antoine Duplan Le Temps

Gessler, Suhner - Le Temps

Trois écrivains publient ces temps-ci romans et nouvelles dans le domaine de l’imaginaire. Ils l’assurent : un milieu local est né

Deux romans publiés chez l’éditeur francophone majeur des littératures de l’imaginaire, L’Atalante, basé à Nantes, ainsi qu’un recueil de nouvelles remarqué : en quelques mois, trois jeunes auteurs ont donné un sérieux coup d’accélérateur à la science-fiction en Suisse romande. Ils ne sont pas seuls, ils assurent même qu’en rassemblant toutes les troupes de l’imaginaire local, on réunirait une vingtaine de têtes. Mais ces trois-là semblent incarner la soudaine vitalité d’un genre qui, jusqu’ici, ne paraissait pas avoir pris racine en terres romandes, sinon de manière sporadique. Déjà remarqué il y a deux ans avec son premier roman Cygnis, Vincent Gessler publie une fantasie futuriste, Mimosa. Aussi versée dans la bande dessinée, Laurence Suhner s’impose également chez L’Atalante avec Vestiges, premier volet d’une trilogie baptisée Quantika, exploration de planètes pas si lointaines, dans l’esprit au moins… Quant à Lucas Moreno, il propose Singulier Pluriel, un riche recueil de fictions aux univers multiples.

Réunis par Le Temps, les trois auteurs, de la mi-trentaine à la mi-quarantaine, sont intarissables dans la description de ce que Lucas Moreno qualifie de « conjonction historique » : « En Suisse romande, des auteurs arrivent sur la scène, en visant une certaine exigence ; ce n’est plus du compte d’auteur. » Vincent Gessler renchérit : « Ce n’est pas seulement un moment transitoire, ou un hasard ; regardez le nombre croissant de publications. »

Ce momentum marque la naissance d’un biotope. Notamment autour de la Maison d’Ailleurs, le musée yverdonnois aux multiples connexions. Naguère président du musée, François Rouiller, lui-même auteur et illustrateur lorsqu’il n’officie pas comme pharmacien, a chauffé l’éprouvette. Aussi auteur et anthologiste, Jean-François Thomas lui a donné une épaisseur historique et culturelle avec Défricheurs d’imaginaire, chez Campiche, balade dans l’histoire de l’imaginaire romand.

Les trois nouveaux venus se singularisent par leur choix d’investir l’écriture, quitte à réduire leur train de vie. Vincent Gessler travaille à 60% dans l’administration de l’Université de Genève. « Papa au foyer », Lucas Moreno compte se consacrer à ses histoires, hormis quelques traductions. Laurence Suhner donne dans la rédaction scientifique, mais la suite de sa trilogie, entre autres projets, va désormais l’occuper « à un rythme serré ».

Cet environnement de faiseurs de mondes s’est structuré il y a juste dix ans, lorsque Vincent Gessler s’inspirait de la pratique française pour instituer des rendez-vous de la science-fiction à Genève et Lausanne. Il raconte : « Auparavant, je pensais que les amateurs devaient être comme moi, cachés, à surveiller ce qui se passe via Internet… » « Jusque-là, j’étais dans mon coin », ajoute Laurence Suhner : « Puis j’ai constaté que des gens osaient ; alors, pourquoi pas moi ? » Lucas Moreno complète : « Cela a permis une émulation, plusieurs projets d’anthologies sont nés de cette discussion. Longtemps, notre vœux le plus fou était de finir une nouvelle, et qu’elle soit assez bonne… On n’osait pas franchir le pas du roman. » Il est en train de s’y lancer.

Pourquoi la SF ? Il y a comme une évidence. Laurence Suhner le dit : « La fiction m’intéresse en lien avec la science. Je suis née en voulant écrire et faire de la BD, et j’ai toujours voulu raconter de la science-fiction ainsi que du fantastique. » Possibilité d’explorer les défis du présent par le biais de l’avenir, façonnage d’univers au service d’un propos, exploration des potentiels technologiques ; les motifs foisonnent. Dans les trois trajectoires, on note en outre un goût pour l’histoire « et les langues bizarres », sourit Vincent Gessler : lui-même a fait histoire médiévale, Laurence Suhner a trempé dans l’égyptologie et l’archéologie préhistorique, et Lucas Moreno s’est frotté à l’histoire des religions ainsi qu’au sanscrit. Couches séculaires bien réelles, qui alimentent les trois imaginaires.

Le choix de la SF fait rencontrer des clichés, encore tenaces. À Laurence Suhner, qui s’esclaffe, on demande une fois si elle écrit « de la SF pour filles ». Lors d’une signature, à la question de savoir s’il aime la SF, Lucas Moreno entend dire d’un client : « Je suis plutôt littérature. » Ou, à Strasbourg, Vincent Gessler reçoit cette confidence : « J’ai aimé votre roman, car ce n’est pas de la SF »…

Dès lors qu’une notoriété s’installe, les projets se multiplient. La conversation des trois écrivains s’enflamme lorsqu’ils énumèrent les pistes en vue, ou peut-être faisables, ou avortées ; adaptations au cinéma, en bande dessinée ou série TV ; perspective de BD originale ; ou jeu vidéo… Paroles télescopées, puis appel à la discrétion du journaliste : tout se discute encore, rien n’est sûr… Découverte d’un milieu, de filières, d’un business : « La BD est un monde dans lequel il est beaucoup plus difficile d’entrer » lance Vincent Gessler. Lucas Moreno a tenté en vain ; à présent, il transforme son projet en SF pour la jeunesse… Laurence Suhner, elle, planche sur une version illustrée de Vestiges.

Et puis, à l’heure des réseaux multiples, il faut se faire connaître. Laurence Suhner a organisé une opération de hameçonnage par un riche site internet dédié à son univers, Quantika : « Quelqu’un l’a signalé sur Amazon, et cela a lancé les précommandes, les amateurs ajoutaient Vestiges à des listes similaires… » Vincent Gessler a émoustillé ses fidèles avec le site de Mimosa, jusqu’à les faire voter pour la couverture. Lucas Moreno veut « beaucoup tabler sur la présence en ligne, les blogs spécialisés. Je suis chez un petit éditeur, je dois penser à mon marketing. » Tout frais encore, le modeste milieu romand part à l’assaut des mondes.

 

Trois voix dessinent les voies de l’avenir : souvenirs incertains, étrangeté, « planet opera », des œuvres à découvrir.

Vincent Gessler, Mimosa

Tout part d’un souvenir comportant des mimosas, et une certaine violence. Agression initiale, ou réminiscence implantée ? Pour son enquête, Tessa, qui dirige une agence de renseignements, embarque quelques amis, dont Crocodile Bundee. Et ils croiseront un Luc Besson ou un Jésus. Car dans cette ville d’une Amérique du Sud du futur, chacun se donne une personnalité – sauf Tessa. Pis, elle perd la sienne : cette plongée autour d’une mystérieuse trace mentale amène un doute, Tessa aurait-elle été, d’une certaine manière, programmée, voire inventée ? L’investigation devient dangereuse pour elle et ses amis. La narration paraîtra parfois, peut-être, un brin touffue, comme trop immergée dans l’univers de l’auteur ; mais après l’élégant Cygnis et sa quête post-apocalyptique, Mimosa confirme les ressources de Vincent Guessler. Son roman démarre sur les chapeaux de roue, et le foisonnement de ce futurisme-là est communicatif. Le Genevois ne se refuse aucun extra, y compris des bonus inspirés de ceux des DVD, avec scène coupée, bêtisier et interview des personnages. Y compris un entretien avec Marguerite Yourcenar, que Vincent Gessler « admire », l’exubérance des fleurs.

Lucas Moreno, Singulier Pluriel

« Trouver les mots » est le titre d’une des nouvelles du recueil Singulier Pluriel. Un beau texte, sorte de chronique martienne pessimiste, dans laquelle le conteur d’une expédition partie explorer une nouvelle planète constate la déréliction ambiante. À une telle expédition, il faut un narrateur, le faiseur de mots et d’histoire – sauf que le mécanisme se grippe… Le titre même illustre la démarche de l’auteur, qui s’essaie à plusieurs registres sans y observer chaque tic, mais avec une approche déjà singulière. En discussion, il dit lui-même s’être cherché, et avoir opté pour une veine qu’il nomme – oui, trouver les mots… - « polar bizarroïde ». A l’image de Dellamorte Dellamore, autre grand texte du bouquet, mise en scène macabre et pourtant sentimentale du deuil d’un époux. Lucas Moreno cultive des images et des trames d’une étrangeté particulière, qui donnent à son premier ouvrage une teinte d’emblée personnelle.Il n’y a pas à chercher loin pour trouver le mot : un auteur à suivre.

Laurence Suhner, Vestiges

Gemma : une planète caparaçonnée de glaces, colonisée douze millénaires auparavant par une civilisation perdue. Les « Batisseurs » ont laissé un sanctuaire enfui sous la terre et, en orbite, un gigantesque vaisseau fantôme, le Grand Arc. Hantée par des rêves étranges, la microbiologiste Ambre Pasquier cherche à percer les secrets enfouis. Alliant brillamment archéologie et physique quantique, Laurence Suhner signe un premier roman impressionnant. Elle met en scène une multitude de personnages, fait entrer en résonance les espaces intérieurs et extérieurs, multiplie les points de vue, entre même dans la peau d’un extraterrestre. Palpitant de bout en bout, Vestiges tient ses promesses et suscite une admiration sans réserve.

Nicolas Dufour et Antoine Duplan
Le Temps

Publié le 31 juillet 2012

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