Petite, c'était uneaffabulatrice. Collégienne, elle aura un béguin pour la physique. Etudiante,elle devient archéologue, partagée entre l'Egypte et la préhistoire. Adulte,elle crée les clones de quelques célé-rités, avant de se faire remarquer commedessinatrice de BD. Aujourd'hui, elle est romancière de science-fiction. Onn'oublie rien? Ah oui, la musique classique indienne, dont elle joue en tantque percussionniste ... La Genevoise Laurence Suhner est un millefeuille commeGemma, la planète de Vestiges, premier tome, triomphalement mis sur orbite parl'éditeur français L'Atalante, d'une trilogie aux thèmes fascinants et auxramifications luxuriantes, Quantika. Gemma, donc: hauts plateaux glacés,sillonnés par des engins motorisés, cachant des ruines et des souvenirs dejungle dans le sous-sol. Autour de ce corps céleste colonisé par les Terriensorbite un artéfact géant en forme d'arc, laissé par une civilisation radicalementautre et terriblement élusive. Valais, Algarve, PolynésieOn cueille Laurence alors qu'elle descend du froid: «J'aipassé les quatre derniers hivers en Valais, à 1800 mètres, avec les montagnestout près. Ça m'a aidée à décrire l'environnement de cette planète.» Vestiges abeau carburer aux technologies futuristes et voyager à 40% de la vitesse de lalumière, le meilleur endroit pour l'écrire reste un chalet. «J'adore la mer,j'y trouve des idées, mais je ne peux pas écrire lorsque j'y suis.»Quantika doit pourtant son existence à la plage («J'étais enAlgarve, ça four-millait dans mon esprit») et comprend une dimension marine.Même si pour la voir se déployer, il faudra attendre le troisième tome, «qui sedéroule sur une planète océan évoquant la Polynésie». "Planète océan"La petite fille aux têtes réduites Revenons aux sources dela vocation.Première étape: les bobards ... «Mon père voyageait beaucouppour son travail. Il revenait d'Amérique du Sud et me rappor-tait des caïmansempaillés ou des fausses têtes réduites. Moi, j'allais à l'école avec un sacplein de ces têtes et j'inventais le mythe. Ou alors, il me rapportait desparures amér-indiennes et je racontais que j'étais issue d'une tribu, que moncheval était là-bas qui m'attendait ... » Et puis? «Quand j'ai com-mencé àécrire et à dessiner, ça s'est arrêté. Je rêvais de m'installer en Amazonie,d'une vie totalement en dehors de l'ordinaire. C'est pour ça que j'ai choisi lascience-fic-tion. Là, je m'éclate, j'ai tous les droits ... » A 8 ans, Laurencecrée sa première BD. A 11, elle commence à écrire des nou-velles. «Ii y avaitdes ruines de civilisations éteintes, des châteaux, des adolescents face aumystère. Et souvent, ça se terminait avec des extraterrestres.» Avant d'enfaire son métier, elle bifurquera çà et là. Physique: «Je l'ai redécouverte aucollège, c'était une révélation quasi mystique.» Archéologie: «J'adoraistraduire une langue ancienne, la plus compliquée possible.» Design: «Me sentantobligée de faire quelque chose d'utile, j'ai étudié le design industriel aprèsl'uni. Mais ce n'était pas ma voie, ça manquait d'un côté narratif. Pour finir,j'ai travaillé comme designer dans le labo d'images de synthèse Miralab. Jecréais des clones de personnages existants, comme Martina Hingis ou PeteSampras, pour des réalités virtuelles. A côté, je dessinais ... » Le dessin:comment surgit-il dans cette vie déjà si remplie? «Ma mère était dessinatrice de mode, elle a toujours mis des crayons dans mes mains.» Peuencline à perdre du temps, Laurence publie à 16 ans son premier album de BD,mêlant (pourquoi pas?) reggae et science-fiction. D'autres suivront, avec deshistoires de réalités paral-lèles et magie noire, amulettes antiques etparadoxes temporels. Un éditeur parisien la propulse sur la scèneinternationale en 2002, lui confiant une nouvelle collection consacrée à AgathaChristie. Le destin frappe au bras droit Premier album de la série, Le secretde Chim-neys sera diffusé de l'Inde au Royaume-Uni. Il n'y aura pas de suite.«Les séquelles d'un vieil accident de voiture m'ont rattrapée, et mon brasdroit était hors service pour dessi-ner. J'ai fait des séances de dédicaces,mais j'avais de plus en plus de peine à signer.» QJ.l.e faire? «J'ai profité decette circonstance de la vie et je suis passée au roman.» Dans Vestiges, onretrouve tout ce que Laurence aime, de la musique indienne aux métissagesculturels O'héroïne, prénom-mée Ambre, est Indo-Franco-lranienne), en passantpar une mémoire à retrouver, de la mousse quantique («C'est le côté hardscience du truc»), ainsi que des cerveaux dont la biologie radicalementdifférente permet de bâtir une civilisation hyperavan-cée sur des bases nonrationnelles. Meil-leure que la nôtre? «Oh, non ... »

Suhner - Vestiges - Edelweiss

Petite, c'était uneaffabulatrice. Collégienne, elle aura un béguin pour la physique. Etudiante,elle devient archéologue, partagée entre l'Egypte et la préhistoire. Adulte,elle crée les clones de quelques célé-rités, avant de se faire remarquer commedessinatrice de BD. Aujourd'hui, elle est romancière de science-fiction. Onn'oublie rien? Ah oui, la musique classique indienne, dont elle joue en tantque percussionniste ... La Genevoise Laurence Suhner est un millefeuille commeGemma, la planète de Vestiges, premier tome, triomphalement mis sur orbite parl'éditeur français L'Atalante, d'une trilogie aux thèmes fascinants et auxramifications luxuriantes, Quantika. Gemma, donc: hauts plateaux glacés,sillonnés par des engins motorisés, cachant des ruines et des souvenirs dejungle dans le sous-sol. Autour de ce corps céleste colonisé par les Terriensorbite un artéfact géant en forme d'arc, laissé par une civilisation radicalementautre et terriblement élusive.

 

Valais, Algarve, Polynésie

On cueille Laurence alors qu'elle descend du froid: «J'aipassé les quatre derniers hivers en Valais, à 1800 mètres, avec les montagnestout près. Ça m'a aidée à décrire l'environnement de cette planète.» Vestiges abeau carburer aux technologies futuristes et voyager à 40% de la vitesse de lalumière, le meilleur endroit pour l'écrire reste un chalet. «J'adore la mer,j'y trouve des idées, mais je ne peux pas écrire lorsque j'y suis.»

Quantika doit pourtant son existence à la plage («J'étais enAlgarve, ça four-millait dans mon esprit») et comprend une dimension marine.Même si pour la voir se déployer, il faudra attendre le troisième tome, «qui sedéroule sur une planète océan évoquant la Polynésie». "Planète océan"

La petite fille aux têtes réduites

Revenons aux sources dela vocation.

Première étape: les bobards ... «Mon père voyageait beaucouppour son travail. Il revenait d'Amérique du Sud et me rappor-tait des caïmansempaillés ou des fausses têtes réduites. Moi, j'allais à l'école avec un sacplein de ces têtes et j'inventais le mythe. Ou alors, il me rapportait desparures amér-indiennes et je racontais que j'étais issue d'une tribu, que moncheval était là-bas qui m'attendait ... » Et puis? «Quand j'ai com-mencé àécrire et à dessiner, ça s'est arrêté. Je rêvais de m'installer en Amazonie,d'une vie totalement en dehors de l'ordinaire. C'est pour ça que j'ai choisi lascience-fic-tion. Là, je m'éclate, j'ai tous les droits ... » A 8 ans, Laurencecrée sa première BD. A 11, elle commence à écrire des nou-velles. «Ii y avaitdes ruines de civilisations éteintes, des châteaux, des adolescents face aumystère. Et souvent, ça se terminait avec des extraterrestres.» Avant d'enfaire son métier, elle bifurquera çà et là. Physique: «Je l'ai redécouverte aucollège, c'était une révélation quasi mystique.» Archéologie: «J'adoraistraduire une langue ancienne, la plus compliquée possible.» Design: «Me sentantobligée de faire quelque chose d'utile, j'ai étudié le design industriel aprèsl'uni. Mais ce n'était pas ma voie, ça manquait d'un côté narratif. Pour finir,j'ai travaillé comme designer dans le labo d'images de synthèse Miralab. Jecréais des clones de personnages existants, comme Martina Hingis ou PeteSampras, pour des réalités virtuelles. A côté, je dessinais ... » Le dessin:comment surgit-il dans cette vie déjà si remplie? «Ma mère était dessinatrice de mode, elle a toujours mis des crayons dans mes mains.» Peuencline à perdre du temps, Laurence publie à 16 ans son premier album de BD,mêlant (pourquoi pas?) reggae et science-fiction. D'autres suivront, avec deshistoires de réalités paral-lèles et magie noire, amulettes antiques etparadoxes temporels. Un éditeur parisien la propulse sur la scèneinternationale en 2002, lui confiant une nouvelle collection consacrée à AgathaChristie. Le destin frappe au bras droit Premier album de la série, Le secretde Chim-neys sera diffusé de l'Inde au Royaume-Uni. Il n'y aura pas de suite.«Les séquelles d'un vieil accident de voiture m'ont rattrapée, et mon brasdroit était hors service pour dessi-ner. J'ai fait des séances de dédicaces,mais j'avais de plus en plus de peine à signer.» QJ.l.e faire? «J'ai profité decette circonstance de la vie et je suis passée au roman.» Dans Vestiges, onretrouve tout ce que Laurence aime, de la musique indienne aux métissagesculturels O'héroïne, prénom-mée Ambre, est Indo-Franco-lranienne), en passantpar une mémoire à retrouver, de la mousse quantique («C'est le côté hardscience du truc»), ainsi que des cerveaux dont la biologie radicalementdifférente permet de bâtir une civilisation hyperavan-cée sur des bases nonrationnelles. Meil-leure que la nôtre? «Oh, non ... »

Publié le 28 juin 2012

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