Tout comme Cygnis, le premier roman de Vincent Gessler, Mimosa nous entraîne dans le futur de l’humanité.
Ici, il n’est point question de survie dans un avenir post-apocalyptique et sauvage. L’histoire de Mimosa est un amalgame de cyberpunk, de pop culture et de musiques cultes. Dans cet après, qui a connu la crise climatique et l’effondrement géopolitique, la viande de soja côtoie les interfaces neuronales.
Vous rêviez de voir Crocodile Dundee conduire un side-car dans des favelas moites, avant d’affronter des néo-nazis français ? Alors en route pour Santa Anna.
La mode à Santa Anna, c’est de devenir le sosie d’une célébrité, fictive ou réelle. Ici, Sean Astin est policier, Lambert Wilson un assassin redoutable et James Brown travaille comme fleuriste. Tout le monde est une imitation. Sauf Tessa. Tessa dirige une agence de détectives, la Two Guns Company & Associates.
La traque du tueur aux mimosas va la mener, elle et ses compagnons, Ed Harris, un expert hacker et Rod Ansell, alias Crocodile Dundee, sur la piste d’un complot mêlant tous les gangs de la ville. Entre deux brochettes de soja, la petite bande va devoir affronter un sosie d’Hitler, repousser l’attaque d’un mecha titanesque en plein cœur des égouts, voir Jésus mourir une nouvelle fois et coopérer avec un assassin dont la mémoire est effacée après chaque contrat.
Mais une autre quête se dessine, les mimosas font petit à petit remonter de lointains souvenirs dans l’esprit de Tessa. Qui est-elle vraiment ? Pourquoi a-t-elle l’impression de connaître Pardón, le tueur légendaire ? Et d’où lui viennent ses capacités de combat extraordinaires, qui semblent piloter son corps lorsqu’elle est en danger ?
En filigrane de son enquête policière, Mimosa nous plonge dans une autre quête, plus intimiste, celle de l’identité.
Pas étonnant que Mimosa partage tant de points communs avec le cinéma de science-fiction du 20ème siècle, lorsqu’on sait que son auteur est aussi scénariste. En le lisant j’imaginais les rues tortueuses de Blade Runner, les technologies folles de Total Recall et l’arsenal militaire d’un Judge Dread.
J’y ai revu ce futur ni tout à fait joyeux, ni totalement désespéré, que l’on retrouve dans les productions des années 80.
Le parallèle avec le 7ème art continue même après la dernière page, lorsque Vincent Gessler se permet un making of, des scènes ratées et les interviews de ses personnages. Une mise en abyme qui vient casser encore un peu plus les codes du genre.
Même les icônes choisies, copies ou originaux, fleurent bon les vêtements fluos et les enseignes au néon : Jim Morrison, l’inspecteur Harry, Nine inch Nails, Eurythmics, The Prodigy, Jean-Claude Van Damme…
Mimosa est un roman qui se regarde autant qu’il s’écoute. Qui se révèle, couche après couche. Comme ses personnages qui se mettent petit à petit à nu. Sa ville dans laquelle on s’enfonce, ses secrets que l’on perce à jour. Cette histoire qui débute comme un roman noir cyberpunk et qui bascule dans une aventure qui se permet toutes les fantaisies, sans jamais tomber dans le ridicule.
Vincent Gessler a compris quelque chose de très important : dans son propre roman, on peut tout se permettre. Il s’affranchit ainsi des carcans du genre et en plus de brasser large (clonage, augmentation de l'espérance de vie, IA sentiente, organes synthétiques et membres bioniques…) s’autorise des digressions musicales et politiques. Faisant de Mimosa une œuvre unique, à part, tout en permettant à ses personnages de souffler et d’apparaître, sous leurs masques de copies de célébrités, terriblement humains et faillibles.
Mimosa, un roman hors-norme, à découvrir aux Éditions L’Atalante.