Comment passer à côté de ce roman, récompensé à de multiples reprises en 2007, à l’heure de la conférence de Copenhague ? La première partie du roman est particulièrement effrayante. En suivant ceux qui deviendront les protagonistes de cette histoire, l’auteur emmène son lecteur pour un voyage autour du monde sous des tempêtes d’eau en Hollande, dans des déserts morts en Afrique, sous une tornade aux Etats-Unis, dans des camps de réfugiés (ou de survie) en Allemagne. C’est à chaque étape un véritable choc, les hommes sont livrés à eux-mêmes, luttant pour leur survie quand certains privilégiés se mettent à l’abri dans des enclaves protégées, l’écart de richesses n’ayant jamais été aussi important et la maladie ou l’insécurité jamais aussi présentes. Le récit se concentre par la suite sur cette petite nappe phréatique au Burkina Faso, pays parmi les plus pauvres, oublié depuis longtemps du reste du monde. La lutte s’engage entre une grande entreprise américaine qui revendique les droits d’exploitation et le gouvernement Burkinabé qui trouve de l’aide auprès d’une ONG qui envoie du matériel de forage. Chacun s’estime dans son bon droit et les coups bas ne tardent pas à pleuvoir. A tout cela se mêle un peu de magie, la connaissance ancestrale africaine, le Bangré, s’opposant au Mal Absolu, d’abord difficilement identifiable. Parfois le lecteur pourra se demander ce que vient faire cette touche de fantastique dans ce monde rattrapé par une réalité plus dure et palpable que jamais. Cependant, cet élément permet de faire le lien entre deux peuples, deux conceptions, deux forces, pour mener logiquement vers une fin un peu pâle par rapport au début du livre, mais honnête pour l’intrigue. La force d’AQUA™ réside dans la crédibilité de ce monde presque apocalyptique. Le réchauffement global, la remontée en Europe de maladies africaines comme le paludisme, la prise de conscience tardive des entreprises qui ne travaillent à une solution que quand elle peut être rentable, en oubliant les plus démunis, le détachement à la réalité suite à un enfermement sur soi, le malaise des populations à subir des pressions climatiques et sociales. Bref, ce monde semble atrocement réel et si la dégradation des climats est bien exponentielle, cette vision à vingt ans de notre futur pourrait bien ne plus être « vulgaire » fiction. Malgré des passages un peu plus faibles, comme la fin, AQUA™ est une lecture indispensable, pour l’environnement qu’elle dépeint ainsi que pour les hommes qu’elle met en scène. Désabusés, défaitistes, démissionnaires, égoïstes, drogués ou au contraire battants, plein d’espoir, amoureux, solidaires, aucune facette de l’humanité n’est épargnée et les héros ne sont pas exempts de sentiments de doute et de renoncement. Plus qu’un récit d’aventure, AQUA™ est le récit de l’humanité, un cri d’alerte avant qu’il ne soit trop tard. A moins qu’il ne s’agisse d’un triste constat sur ce qui attend le monde ces prochaines années. Left, imaginelf.com, 14 decembre 2009.

Ligny - AquaTM - Imaginelf

   Comment passer à côté de ce roman, récompensé à de multiples reprises en 2007, à l’heure de la conférence de Copenhague ? La première partie du roman est particulièrement effrayante. En suivant ceux qui deviendront les protagonistes de cette histoire, l’auteur emmène son lecteur pour un voyage autour du monde sous des tempêtes d’eau en Hollande, dans des déserts morts en Afrique, sous une tornade aux Etats-Unis, dans des camps de réfugiés (ou de survie) en Allemagne. C’est à chaque étape un véritable choc, les hommes sont livrés à eux-mêmes, luttant pour leur survie quand certains privilégiés se mettent à l’abri dans des enclaves protégées, l’écart de richesses n’ayant jamais été aussi important et la maladie ou l’insécurité jamais aussi présentes. Le récit se concentre par la suite sur cette petite nappe phréatique au Burkina Faso, pays parmi les plus pauvres, oublié depuis longtemps du reste du monde. La lutte s’engage entre une grande entreprise américaine qui revendique les droits d’exploitation et le gouvernement Burkinabé qui trouve de l’aide auprès d’une ONG qui envoie du matériel de forage. Chacun s’estime dans son bon droit et les coups bas ne tardent pas à pleuvoir. A tout cela se mêle un peu de magie, la connaissance ancestrale africaine, le Bangré, s’opposant au Mal Absolu, d’abord difficilement identifiable. Parfois le lecteur pourra se demander ce que vient faire cette touche de fantastique dans ce monde rattrapé par une réalité plus dure et palpable que jamais. Cependant, cet élément permet de faire le lien entre deux peuples, deux conceptions, deux forces, pour mener logiquement vers une fin un peu pâle par rapport au début du livre, mais honnête pour l’intrigue. La force d’AQUA™ réside dans la crédibilité de ce monde presque apocalyptique. Le réchauffement global, la remontée en Europe de maladies africaines comme le paludisme, la prise de conscience tardive des entreprises qui ne travaillent à une solution que quand elle peut être rentable, en oubliant les plus démunis, le détachement à la réalité suite à un enfermement sur soi, le malaise des populations à subir des pressions climatiques et sociales. Bref, ce monde semble atrocement réel et si la dégradation des climats est bien exponentielle, cette vision à vingt ans de notre futur pourrait bien ne plus être « vulgaire » fiction. Malgré des passages un peu plus faibles, comme la fin, AQUA™ est une lecture indispensable, pour l’environnement qu’elle dépeint ainsi que pour les hommes qu’elle met en scène. Désabusés, défaitistes, démissionnaires, égoïstes, drogués ou au contraire battants, plein d’espoir, amoureux, solidaires, aucune facette de l’humanité n’est épargnée et les héros ne sont pas exempts de sentiments de doute et de renoncement. Plus qu’un récit d’aventure, AQUA™ est le récit de l’humanité, un cri d’alerte avant qu’il ne soit trop tard. A moins qu’il ne s’agisse d’un triste constat sur ce qui attend le monde ces prochaines années.

Left, imaginelf.com, 14 decembre 2009.

Publié le 1 février 2010

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