Tout est dit dans cette quatrième de couverture, alors le principal risque pour Jean-Marc Ligny est que l’éditeur soit allé trop loin dans son descriptif. Mais l’auteur a une expérience de l’écriture qui lui permet de surmonter cet obstacle. Ce roman est composé en quatre parties de tailles égales. La première s’intitule Un soir en Europe, car c’est uniquement en Europe que débute cette histoire. Du sud au nord, l’auteur nous fait découvrir la vie des personnages décrits plus haut. Malgré leur nombre, il ne se disperse pas et nous donne quelques clés de ce monde postapocalyptique. En dehors de l’hostilité croissante du climat qui génère naturellement un stress hydrique et alimentaire sur les humains, les survivants ont peur d’autres humains qu’ils se nomment Boutefeux, ces pillards qui détruisent tout par le feu après leur passage et que l’addiction aux drogues bien plus redoutables encore, ou Mangemorts, ceux qui n’apprécient rien tant que la chair de leurs contemporains. Malgré la belle bibliographie dans laquelle l’auteur s’est plongé et malgré les précieux conseils qui ont pu lui être prodigués par des spécialistes, je reste dubitatif par rapport à quelques points de cohérence qui m’échappent en ce début de récit. Ainsi, en quoi l’homme qui est de moins en moins adapté à ce monde peut-il encore être au sommet de la chaîne alimentaire ? Sans blague, il est surprenant qu’une autre espèce animale n’ait pas pris le relais, même si l’on aperçoit quelques possibilités. Ensuite, il y a ces enclaves. Admettons que les hommes décident de se replier sur eux-mêmes et fassent de leurs illusions la réalité qu’ils décident de vivre. Admettons donc qu’ils acceptent de se bâtir une prison où ils vont volontairement vivre leur utopie. Il reste néanmoins la question de l’existence même de ces enclaves, car si le réchauffement climatique a été plus rapide que les prévisions, comment ont pu être édifiés ces dômes aussi rapidement alors que le réflexe humain que son cerveau reptilien lui souffle en premier est la fuite et non l’organisation de son extinction. Autant de mystères, qu’on espère voir éclaircis dans la deuxième partie, Connexions. Ici, après avoir campé l’ordinaire des personnages, nous assistons à l’événement qui va changer définitivement cette nouvelle vie et les décider à faire d’autres choix. Que cela soit la dégradation des relations dans leur communauté, la faim qui devient de plus en plus prégnante ou les pillards qui approchent, tous vont faire un choix radical qui va nous orienter vers de nouvelles aventures qui trouveront leur apothéose dans Des projets malgré tout et Au bout de la route, respectivement les troisième et quatrième parties de cet ouvrage. Il ne fait aucun doute dans ce type de roman où plusieurs personnages agissent en parallèle que nombre d’entre eux vont se croiser, se combattre ou s’allier. Il n’en reste pas moins que ce récit, par la profondeur que Jean-Marc Ligny accorde à ses personnages, devient une passionnante aventure humaine. Le style de l’auteur nous emporte dans une mise en perspective assez crédible de ce que pourrait être la vie d’hommes, de femmes et d’enfants, seuls ou au sein de communautés diverses, traversant un dérèglement climatique où l’homme n’a plus son mot à dire. Il reste une chose commune à tous ces personnages. On aurait pu les croire résignés, mais tant que la vie est là, il reste de l’espoir. Pour certains, il se traduira par le désir de trouver un hypothétique sanctuaire, pour d’autres ce sera le désir de se réaliser au sein de son groupe et pour d’autres encore simplement survivre un jour de plus. Un beau roman servi par une illustration remarquable de Raphaël Desfossé qui nous présente un arbre certainement mort dans un monde définitivement asséché, qui se reflète cependant au travers du titre dans un mode vert porteur d’espérances. La trame narrative en alternance de personnages au fil des chapitres est classique – et donc irréprochable – et les retournements de situation sont suffisants pour tenir le lecteur en haleine sans être trop nombreux ou tortueux pour le perdre. Le juste équilibre est donc assuré pour cette lecture intéressante qui présente un futur possible, qui est certainement encore évitable pour peu que l’humanité le veuille vraiment, à moins qu’elle ne continue d’étendre son empreinte jusqu’à l’extinction. Chris

Ligny - Exodes - Mythologica

Tout est dit dans cette quatrième de couverture, alors le principal risque pour Jean-Marc Ligny est que l’éditeur soit allé trop loin dans son descriptif. Mais l’auteur a une expérience de l’écriture qui lui permet de surmonter cet obstacle. Ce roman est composé en quatre parties de tailles égales. La première s’intitule Un soir en Europe, car c’est uniquement en Europe que débute cette histoire. Du sud au nord, l’auteur nous fait découvrir la vie des personnages décrits plus haut. Malgré leur nombre, il ne se disperse pas et nous donne quelques clés de ce monde postapocalyptique. En dehors de l’hostilité croissante du climat qui génère naturellement un stress hydrique et alimentaire sur les humains, les survivants ont peur d’autres humains qu’ils se nomment Boutefeux, ces pillards qui détruisent tout par le feu après leur passage et que l’addiction aux drogues bien plus redoutables encore, ou Mangemorts, ceux qui n’apprécient rien tant que la chair de leurs contemporains.

Malgré la belle bibliographie dans laquelle l’auteur s’est plongé et malgré les précieux conseils qui ont pu lui être prodigués par des spécialistes, je reste dubitatif par rapport à quelques points de cohérence qui m’échappent en ce début de récit. Ainsi, en quoi l’homme qui est de moins en moins adapté à ce monde peut-il encore être au sommet de la chaîne alimentaire ? Sans blague, il est surprenant qu’une autre espèce animale n’ait pas pris le relais, même si l’on aperçoit quelques possibilités. Ensuite, il y a ces enclaves. Admettons que les hommes décident de se replier sur eux-mêmes et fassent de leurs illusions la réalité qu’ils décident de vivre. Admettons donc qu’ils acceptent de se bâtir une prison où ils vont volontairement vivre leur utopie. Il reste néanmoins la question de l’existence même de ces enclaves, car si le réchauffement climatique a été plus rapide que les prévisions, comment ont pu être édifiés ces dômes aussi rapidement alors que le réflexe humain que son cerveau reptilien lui souffle en premier est la fuite et non l’organisation de son extinction.

Autant de mystères, qu’on espère voir éclaircis dans la deuxième partie, Connexions. Ici, après avoir campé l’ordinaire des personnages, nous assistons à l’événement qui va changer définitivement cette nouvelle vie et les décider à faire d’autres choix. Que cela soit la dégradation des relations dans leur communauté, la faim qui devient de plus en plus prégnante ou les pillards qui approchent, tous vont faire un choix radical qui va nous orienter vers de nouvelles aventures qui trouveront leur apothéose dans Des projets malgré tout et Au bout de la route, respectivement les troisième et quatrième parties de cet ouvrage. Il ne fait aucun doute dans ce type de roman où plusieurs personnages agissent en parallèle que nombre d’entre eux vont se croiser, se combattre ou s’allier. Il n’en reste pas moins que ce récit, par la profondeur que Jean-Marc Ligny accorde à ses personnages, devient une passionnante aventure humaine.

Le style de l’auteur nous emporte dans une mise en perspective assez crédible de ce que pourrait être la vie d’hommes, de femmes et d’enfants, seuls ou au sein de communautés diverses, traversant un dérèglement climatique où l’homme n’a plus son mot à dire. Il reste une chose commune à tous ces personnages. On aurait pu les croire résignés, mais tant que la vie est là, il reste de l’espoir. Pour certains, il se traduira par le désir de trouver un hypothétique sanctuaire, pour d’autres ce sera le désir de se réaliser au sein de son groupe et pour d’autres encore simplement survivre un jour de plus. Un beau roman servi par une illustration remarquable de Raphaël Desfossé qui nous présente un arbre certainement mort dans un monde définitivement asséché, qui se reflète cependant au travers du titre dans un mode vert porteur d’espérances. La trame narrative en alternance de personnages au fil des chapitres est classique – et donc irréprochable – et les retournements de situation sont suffisants pour tenir le lecteur en haleine sans être trop nombreux ou tortueux pour le perdre. Le juste équilibre est donc assuré pour cette lecture intéressante qui présente un futur possible, qui est certainement encore évitable pour peu que l’humanité le veuille vraiment, à moins qu’elle ne continue d’étendre son empreinte jusqu’à l’extinction.

Chris

Publié le 16 août 2012

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