Dans mon entreprise de lecture des finalistes du prix Rosny, j'ai terminé il y a peu Exodes, de Jean-Marc Ligny. Le début fut raide. Sans doute l'influence des classiques avec lesquels je passe la journée (en ce moment, Sévigné et Nabokov pour l'agreg, moult extraits de tragédie et Bédier pour la rentrée), mais j'ai peiné ces derniers temps à entrer dans des romans de genre. Cerveau trop stimulé ou plus assez disponible, je n'en sais rien, mais Exodes... Début raide, donc, car je lis le soir avec une âme d'enfant qui attend l'histoire avec laquelle s'endormir. Or, nous voilà exactement dans le genre de récit multiple qui fait fuir le sommeil : une anticipation si riche et crédible qu'elle prend aux tripes dès les premiers chapitres. Le cadre ? Un futur plus ou moins proche Celui qu'on ne saurait dater précisément, mais qui a tout de vrai, réchauffement climatique, pollution, humanité qui part à vau l'eau où, bien entendu et plus que jamais, les nantis s'en sortent avec la vie belle tandis que le bas peuple survit comme il peut. Les personnages sont multiples et tous en errance, à des degrés divers. Pandora, l'adolescence à la jeunesse dorée se perd dans les affres de sa génération, tandis que son père continue des recherches pour un homme meilleur sans grande conviction et que sa mère traite les dossiers des crève-la-faim qui aimeraient entrer sous leur dôme, sans grand espoir de sauver qui que ce soit. Au-dehors, sous un soleil brûlant, le monde est dévasté et la loi du plus fort domine. Paula caresse pourtant l'espoir de trouver un médecin pour soigner l'un de ses fils malade. Fernando fuit une mère bigote, Mercedes, qui espère sauver au moins son âme. Dans le nord qui fait rêver les sudistes, Olaf et Risten voient les extrémismes s'imposer aux Lofoten et aspire à un monde autre... oui, les personnages sont nombreux, et s'ils semblent l'être trop au début, c'est qu'on attend un roman plus classique. Mais là n'est pas l'objet d'Exodes : c'est bien une histoire de l'humanité en générale qui se dessine, et une histoire aussi terrifiante que juste. Et voilà donc un roman que j'ai adoré autant que je le déteste. Oui, ce roman est détestable, car il renvoie à une réalité violente, douloureuse et profondément prévisible, et en plus il le fait efficacement à travers la galerie de portraits que nous suivons. Le tout s'achève par la bibliographie qui achève la démonstration, concluant sur ce qui attend l'homme, malgré les touches d'espoir ténues qui colorent parfois les individus. Journal semi-littéraire

Ligny - Exodes - Journal semi-littéraire

Dans mon entreprise de lecture des finalistes du prix Rosny, j'ai terminé il y a peu Exodes, de Jean-Marc Ligny.

Le début fut raide. Sans doute l'influence des classiques avec lesquels je passe la journée (en ce moment, Sévigné et Nabokov pour l'agreg, moult extraits de tragédie et Bédier pour la rentrée), mais j'ai peiné ces derniers temps à entrer dans des romans de genre. Cerveau trop stimulé ou plus assez disponible, je n'en sais rien, mais Exodes...

Début raide, donc, car je lis le soir avec une âme d'enfant qui attend l'histoire avec laquelle s'endormir. Or, nous voilà exactement dans le genre de récit multiple qui fait fuir le sommeil : une anticipation si riche et crédible qu'elle prend aux tripes dès les premiers chapitres. Le cadre ? Un futur plus ou moins proche Celui qu'on ne saurait dater précisément, mais qui a tout de vrai, réchauffement climatique, pollution, humanité qui part à vau l'eau où, bien entendu et plus que jamais, les nantis s'en sortent avec la vie belle tandis que le bas peuple survit comme il peut.

Les personnages sont multiples et tous en errance, à des degrés divers. Pandora, l'adolescence à la jeunesse dorée se perd dans les affres de sa génération, tandis que son père continue des recherches pour un homme meilleur sans grande conviction et que sa mère traite les dossiers des crève-la-faim qui aimeraient entrer sous leur dôme, sans grand espoir de sauver qui que ce soit. Au-dehors, sous un soleil brûlant, le monde est dévasté et la loi du plus fort domine. Paula caresse pourtant l'espoir de trouver un médecin pour soigner l'un de ses fils malade. Fernando fuit une mère bigote, Mercedes, qui espère sauver au moins son âme. Dans le nord qui fait rêver les sudistes, Olaf et Risten voient les extrémismes s'imposer aux Lofoten et aspire à un monde autre... oui, les personnages sont nombreux, et s'ils semblent l'être trop au début, c'est qu'on attend un roman plus classique. Mais là n'est pas l'objet d'Exodes : c'est bien une histoire de l'humanité en générale qui se dessine, et une histoire aussi terrifiante que juste.

Et voilà donc un roman que j'ai adoré autant que je le déteste. Oui, ce roman est détestable, car il renvoie à une réalité violente, douloureuse et profondément prévisible, et en plus il le fait efficacement à travers la galerie de portraits que nous suivons. Le tout s'achève par la bibliographie qui achève la démonstration, concluant sur ce qui attend l'homme, malgré les touches d'espoir ténues qui colorent parfois les individus.

Journal semi-littéraire

Publié le 19 août 2013

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