Un roman qu'il faut lire, d'urgence, en espérant que des décideurs lisent la bibliographie qui l'accompagne, et y ajoutent foi.

Les Chroniques de l'Imaginaire

A Davos, tout va bien. Au moins dans l'enclave... mais qui se soucie des outers, de toute façon ?! Bien sûr, les orages sont terriblement violents, et il y a longtemps qu'on a oublié l'existence de la neige, mais il y a tous les conforts modernes et le dehors est... dehors. Une autre planète.

Dans les îles Lofoten, pour Olaf Eriksson le marin pêcheur et sa femme Risten, ça ne va pas si mal, même s'il y a de moins en moins de poisson et qu'il a de plus en plus mauvaise mine. Jusqu'à la disparition de leur fils.

A Saint-Polgues aussi, ça peut aller, surtout quand, comme Mélanie, on vit à l'écart du village, où ne restent plus guère que les vieux, en soignant les animaux blessés, et en essayant de faire venir un potager.

En Lombardie comme en Vénétie, c'est difficile de survivre quand on est une femme seule avec deux enfants, dont un malade. Quant à l'Andalousie envahie de moustiques et écrasée de chaleur, on comprend que Fernando la quitte en y laissant son père abruti par l'alcool et sa mère confite en dévotion.

Ce roman est trop bien fait pour être confortable à lire, d'autant qu'on s'attache à ces personnages qui sont tous crédibles, touchants, condamnés. Dans un futur à moyen terme où le climat s'est réchauffé, où les mers ont monté, noyant certains pays, en rendant d'autres inhabitables, passé les Guerres de l'Immigration, au nom évocateur mais dont on ne saura rien de plus, les humains continuent à essayer de se déplacer, de s'exiler, dans l'espoir qu'il reste de l'herbe ailleurs. La fin est à cet égard particulièrement cruelle.

La bibliographie qu'a utilisée l'auteur, et qu'il cite en fin de volume, est impressionnante, mais a été utilisée à très bon escient, au sens où on ne la sent pas en lisant. L'écriture est efficace, sans effets superflus, et l'auteur montre, presque sèchement, ce qui convient parfaitement au thème, les différentes façons dont les humains réagissent à l'insupportable, que ce soit sur le plan personnel ou social, la dictature raciste ou la création de "bulles" apparaissant logiquement comme des "solutions", avec leur égoïsme à courte vue où nous pouvons bien nous reconnaître.

C'est noir, désespéré et désespérant, malheureusement très crédible, bien plus convaincant à mon avis qu'AquaTM et de bien plus grande envergure. En somme, un roman qu'il faut lire, d'urgence, en espérant que des décideurs lisent la bibliographie qui l'accompagne, et y ajoutent foi. C'est sans doute beaucoup demander, hélas.

Mureliane
Les Chroniques de l'Imaginaire

Publié le 8 août 2012

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