Il y a des livres, comme ça, qu’on voit et qu’on veut. « Do not judge a book by its cover », oui oui je sais tout ça, mais je me suis laissé prendre au jeu, rondement mené par Yoz et son univers visuel sombre et vaporeux. Et ma foi, j’en reprendrais bien une louche. Il s’agit d’un premier roman. Passage difficile à quiconque est habitué au développement d’intrigues sous forme de nouvelles. Décrire un univers est une chose, savoir imbriquer et développer les intrigues sur la longueur pour un rendu suffisamment immersif et profond en est une autre. Ici, le roman est court – certes – trop court – peut-être. J’y reviendrai. Cygnis nous embarque dans un monde post-apocalyptique. Ici, les humains hibernent en hiver. A leur réveil, ils luttent à la fois contre leurs semblables et contre les robots. Les machines ont construit leur propre civilisation sur les ruines de la nôtre. Je n’en dirai pas plus. Oh non, je ne crains pas de gâcher la suite – simplement, je pense que moins on en dit sur ces petites trouvailles qui jonchent un roman, plus la surprise de découvrir les petits détails est agréable. Et des trouvailles, il y en a, tant dans certains aspects sociologiques que dans les descriptions et les fresques, dépeintes avec grand soin. Des surprises, des paysages, on se laisse porter par l’écriture de Vincent Gessler qui rend justice à son imagination. Cygnis est rythmé. Le tout début du roman nous plonge dans un printemps aux figures de style cinématographiques. Travelling, fondus au noir, rapides et saccadés. A se demander si tous les chapitres seront aussi courts, mais la sauce prend. Les parties s’allongent doucement à mesure que la vie s’éveille, mettant alternativement en lumière les différents protagonistes. (Aparté : j’ai entendu, de-ci de-là, parler de « roman atmosphérique », « d’œuvre naturaliste d’une lenteur extrême » ? Nenni, l’action est omniprésente, j’avoue ne pas bien saisir ces remarques. Cette remarque n’engage que ma subjectivité, cela dit, mais si Cygnis est lent, alors je n’ai jamais lu de roman d’action.) J’ai passé un excellent moment à la lecture de Cygnis. Pourquoi deux étoiles, et pas trois, dans ce cas ? Parce qu’une petite chose me chiffonne. De ces détails qui restent sourds, au second plan, mais palpables. Le style ? Non, il est élégant et adroit. L’originalité de l’univers ? Certes, des mondes comme celui-ci ont déjà été décrits, mais celui-ci a une vraie personnalité, à mi-chemin entre le végétal et le métal. Alors quoi ? J’ai mis du temps à trouver. Je crois que Vincent Gessler manque encore d’expérience. Celle qui rend les univers profonds, prenants, qui les grave dans la mémoire, comme s’ils faisaient partie intégrante de notre quotidien. Dans ce monde pourtant dangereux, dans des situations aussi complexes, les personnages restent prévisibles, un poil trop lisses pour qu’on s’y attache réellement. L’intrigue, elle, tient debout sans problème, se développe intelligemment mais se termine un peu trop rapidement à mon goût (mais là dessus, j’ai dit que je me taisais). Malgré tout, Cygnis est le point de départ d’un univers cohérent et travaillé (je dis ça parce que j’ai un faible pour les sagas, depuis « Elevation » de David Brin en douze volumes), et déjà un souvenir à part au milieu de toutes mes lectures. Une belle écriture au service d’une intrigue (sur)prenante, voilà le vrai potentiel de l’après-Cygnis. Pas de bol, un premier essai comme celui-ci place la barre haut. Un auteur à suivre de très près, si vous voulez mon avis. Sélénite  Mizzenmast  

Gessler - Cygnis - mizzenmast

Il y a des livres, comme ça, qu’on voit et qu’on veut. « Do not judge a book by its cover », oui oui je sais tout ça, mais je me suis laissé prendre au jeu, rondement mené par Yoz et son univers visuel sombre et vaporeux. Et ma foi, j’en reprendrais bien une louche.

Il s’agit d’un premier roman. Passage difficile à quiconque est habitué au développement d’intrigues sous forme de nouvelles. Décrire un univers est une chose, savoir imbriquer et développer les intrigues sur la longueur pour un rendu suffisamment immersif et profond en est une autre. Ici, le roman est court – certes – trop court – peut-être. J’y reviendrai.

Cygnis nous embarque dans un monde post-apocalyptique. Ici, les humains hibernent en hiver. A leur réveil, ils luttent à la fois contre leurs semblables et contre les robots. Les machines ont construit leur propre civilisation sur les ruines de la nôtre. Je n’en dirai pas plus. Oh non, je ne crains pas de gâcher la suite – simplement, je pense que moins on en dit sur ces petites trouvailles qui jonchent un roman, plus la surprise de découvrir les petits détails est agréable. Et des trouvailles, il y en a, tant dans certains aspects sociologiques que dans les descriptions et les fresques, dépeintes avec grand soin. Des surprises, des paysages, on se laisse porter par l’écriture de Vincent Gessler qui rend justice à son imagination.

Cygnis est rythmé. Le tout début du roman nous plonge dans un printemps aux figures de style cinématographiques. Travelling, fondus au noir, rapides et saccadés. A se demander si tous les chapitres seront aussi courts, mais la sauce prend. Les parties s’allongent doucement à mesure que la vie s’éveille, mettant alternativement en lumière les différents protagonistes.

(Aparté : j’ai entendu, de-ci de-là, parler de « roman atmosphérique », « d’œuvre naturaliste d’une lenteur extrême » ? Nenni, l’action est omniprésente, j’avoue ne pas bien saisir ces remarques. Cette remarque n’engage que ma subjectivité, cela dit, mais si Cygnis est lent, alors je n’ai jamais lu de roman d’action.)

J’ai passé un excellent moment à la lecture de Cygnis. Pourquoi deux étoiles, et pas trois, dans ce cas ? Parce qu’une petite chose me chiffonne. De ces détails qui restent sourds, au second plan, mais palpables. Le style ? Non, il est élégant et adroit. L’originalité de l’univers ? Certes, des mondes comme celui-ci ont déjà été décrits, mais celui-ci a une vraie personnalité, à mi-chemin entre le végétal et le métal.

Alors quoi ? J’ai mis du temps à trouver. Je crois que Vincent Gessler manque encore d’expérience. Celle qui rend les univers profonds, prenants, qui les grave dans la mémoire, comme s’ils faisaient partie intégrante de notre quotidien. Dans ce monde pourtant dangereux, dans des situations aussi complexes, les personnages restent prévisibles, un poil trop lisses pour qu’on s’y attache réellement. L’intrigue, elle, tient debout sans problème, se développe intelligemment mais se termine un peu trop rapidement à mon goût (mais là dessus, j’ai dit que je me taisais).

Malgré tout, Cygnis est le point de départ d’un univers cohérent et travaillé (je dis ça parce que j’ai un faible pour les sagas, depuis « Elevation » de David Brin en douze volumes), et déjà un souvenir à part au milieu de toutes mes lectures. Une belle écriture au service d’une intrigue (sur)prenante, voilà le vrai potentiel de l’après-Cygnis.

Pas de bol, un premier essai comme celui-ci place la barre haut. Un auteur à suivre de très près, si vous voulez mon avis.

Sélénite  Mizzenmast

 

Publié le 8 juin 2010

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