Une science-fiction poétique dans un bel univers. Ce qui frappe dès le début de la lecture de Cygnis, c’est le style poétique de Vincent Gessler. Assez inattendu pour un roman de science-fiction, il surprend agréablement, mais peut dérouter car ce lyrisme est au départ légèrement exagéré et manque de simplicité. Toutefois, le lecteur s’habitue bien rapidement et l’écriture coule ensuite avec plus d’aisance et de naturel. L’utilisation d’images de beauté pour décrire un monde rude est un choix original et très bien utilisé par l’auteur. Il crée une ambiance forte, soutenue par un rythme de narration lent qui invite à la contemplation aux côtés de Syn et laisse le temps de s’imprégner des nombreuses sensations provoquées par l’environnement silencieux et sauvage, aux vastes vallées à la végétation rase, aux forêts et collines qui abritent des dangers redoutables, le froid mordant de l’hiver engourdissant le corps et parfois l’esprit.Une œuvre complète à la construction maîtrisée. Dans le futur de Vincent Gessler, la nature a repris ses droits et l’humanité n’est plus représentée que par quelques groupes isolés à la technologie primitive, hormis quelques artéfacts d’une époque oubliée. Comment en est-on arrivé là ? Le roman se dévoile au fur et à mesure du voyage du trappeur, apportant à la fois les réponses concernant l’espèce humaine et celles concernant le héros, mystérieux lui aussi. L’œuvre met en avant l’Humanité dans son ensemble, et prend tout son sens une fois la dernière page tournée, la fin révélant l’ampleur de l’univers développé au fil des pages.Le récit est très bien construit, la longueur du roman étant appropriée pour son côté contemplatif qui pourrait sans doute lasser sur la longueur. L’équilibre est bon entre les moments passifs et l’action et le monde créé est d’une grande profondeur et aurait le potentiel d’être réinvesti dans d’autres romans, comme le confirme le final relativement ouvert.Des protagonistes attachants et mystérieux. Syn et Ack, son loup, sont des personnages sympathiques et mystérieux. Un protagoniste solitaire est l’observateur idéal pour pénétrer dans ce monde avec un peu de recul, car le trappeur observe ce qui l’entoure comme s’il y était aussi familier qu’étranger. Les autres protagonistes sont également attachants, fragiles créatures de chair et de sentiments en milieu hostile. Des histoires d’amour arrivent de manière un peu précipitée, dénotant d’un léger manque de subtilité mais possédant leur intérêt au regard de l’ensemble de l’histoire et restant cohérent avec la rudesse et la précarité du quotidien sur cette Terre post-apocalyptique, qui favorise la vie “dans l’instant”.La présence de robots est énigmatique, comme le bourdonnement que ressent Syn à leur proximité. Ils constituent l’ancrage technologique dans un univers très “fantasy” de par ses décors et ses problématiques sociales (guerre entre les clans, survie précaire…). Même leurs interventions relèvent d’un poésie certaine, traduite dans leurs actions ou leurs pensées pour celles qui sont connues.Cygnis est un premier roman très réussi, à cheval entre le merveilleux et la science-fiction, apportant une originalité certaine au genre et révélant incontestablement un talent. Les futures productions de Vincent Gessler sont patiemment attendues.

Gessler - Cygnis - Imaginelf

Une science-fiction poétique dans un bel univers. Ce qui frappe dès le début de la lecture de Cygnis, c’est le style poétique de Vincent Gessler. Assez inattendu pour un roman de science-fiction, il surprend agréablement, mais peut dérouter car ce lyrisme est au départ légèrement exagéré et manque de simplicité. Toutefois, le lecteur s’habitue bien rapidement et l’écriture coule ensuite avec plus d’aisance et de naturel.

L’utilisation d’images de beauté pour décrire un monde rude est un choix original et très bien utilisé par l’auteur. Il crée une ambiance forte, soutenue par un rythme de narration lent qui invite à la contemplation aux côtés de Syn et laisse le temps de s’imprégner des nombreuses sensations provoquées par l’environnement silencieux et sauvage, aux vastes vallées à la végétation rase, aux forêts et collines qui abritent des dangers redoutables, le froid mordant de l’hiver engourdissant le corps et parfois l’esprit.

Une œuvre complète à la construction maîtrisée. Dans le futur de Vincent Gessler, la nature a repris ses droits et l’humanité n’est plus représentée que par quelques groupes isolés à la technologie primitive, hormis quelques artéfacts d’une époque oubliée. Comment en est-on arrivé là ? Le roman se dévoile au fur et à mesure du voyage du trappeur, apportant à la fois les réponses concernant l’espèce humaine et celles concernant le héros, mystérieux lui aussi.

L’œuvre met en avant l’Humanité dans son ensemble, et prend tout son sens une fois la dernière page tournée, la fin révélant l’ampleur de l’univers développé au fil des pages.Le récit est très bien construit, la longueur du roman étant appropriée pour son côté contemplatif qui pourrait sans doute lasser sur la longueur. L’équilibre est bon entre les moments passifs et l’action et le monde créé est d’une grande profondeur et aurait le potentiel d’être réinvesti dans d’autres romans, comme le confirme le final relativement ouvert.

Des protagonistes attachants et mystérieux. Syn et Ack, son loup, sont des personnages sympathiques et mystérieux. Un protagoniste solitaire est l’observateur idéal pour pénétrer dans ce monde avec un peu de recul, car le trappeur observe ce qui l’entoure comme s’il y était aussi familier qu’étranger. Les autres protagonistes sont également attachants, fragiles créatures de chair et de sentiments en milieu hostile. Des histoires d’amour arrivent de manière un peu précipitée, dénotant d’un léger manque de subtilité mais possédant leur intérêt au regard de l’ensemble de l’histoire et restant cohérent avec la rudesse et la précarité du quotidien sur cette Terre post-apocalyptique, qui favorise la vie “dans l’instant”.La présence de robots est énigmatique, comme le bourdonnement que ressent Syn à leur proximité. Ils constituent l’ancrage technologique dans un univers très “fantasy” de par ses décors et ses problématiques sociales (guerre entre les clans, survie précaire…). Même leurs interventions relèvent d’un poésie certaine, traduite dans leurs actions ou leurs pensées pour celles qui sont connues.

Cygnis est un premier roman très réussi, à cheval entre le merveilleux et la science-fiction, apportant une originalité certaine au genre et révélant incontestablement un talent. Les futures productions de Vincent Gessler sont patiemment attendues.

Publié le 11 octobre 2010

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