Le roman se veut être une variation classieuse (en atteste les noms de chapitre en latin) et bien écrite du récit post-apo : on est pas très loin de L'été-machine de Crowley dans cette perte totale des origines, qui ne sont même pas parvenues à devenir des mythes. Et au niveau stylistique, c'est également très réussi, notamment cette exposition, empesée sans lourdeur si je puis dire, où l'on émerge lentement à la conscience de l'environnement en même temps que Syn hiberne puis se réveille. Réussi, mais avec de curieux ratés par moments, des dérapages incontrôlés, comme ce personnage qui va répliquer à un moment donné "C'est clair !" ou encore ces expressions toutes faites, trop faciles et qui surtout détonnent par rapport à l'exigence technique générale. La structure générale du texte n'a rien de complexe, avec point de vue principal puis un deuxième juste ponctuel (l'ami de Syn), une écriture qui se fluidifie intelligemment au moment de faire avancer l'intrigue et d'accélérer l'action. Mais ce qui transforme cet honnête roman en bel ouvrage, c'est une petite gourmandise textuelle qui consiste à faire intervenir, sporadiquement, un troisième point de vue dont on ne découvrira la nature qu'à la fin, mais dont on devine très vite qu'il est une entité robotique ou numérique : au niveau de la mise en page, cela se traduit par un alignement du texte à droite, et au niveau stylistique, par une empreinte poétique surprenante et très belle. Il y a, globalement, de très beaux passages, je pense notamment à cette découverte d'une cathédrale (dont la description suggère Notre-Dame de Paris ?) et à tous les questionnements qu'elle suscite. Le mystique est curieusement absent de ce futur baroque. Le mythe, la légende, sont en train de se créer, sous nos yeux, par des hommes tout neufs qui pourtant vivent sur les acquis du passé, dont ils ne connaissent pas l'origine. On ne peut jamais être tout à fait pionniers, semble nous dire Gessler.

Gessler - Cygnis - Le Massacre

Le roman se veut être une variation classieuse (en atteste les noms de chapitre en latin) et bien écrite du récit post-apo : on est pas très loin de L'été-machine de Crowley dans cette perte totale des origines, qui ne sont même pas parvenues à devenir des mythes. Et au niveau stylistique, c'est également très réussi, notamment cette exposition, empesée sans lourdeur si je puis dire, où l'on émerge lentement à la conscience de l'environnement en même temps que Syn hiberne puis se réveille.

Réussi, mais avec de curieux ratés par moments, des dérapages incontrôlés, comme ce personnage qui va répliquer à un moment donné "C'est clair !" ou encore ces expressions toutes faites, trop faciles et qui surtout détonnent par rapport à l'exigence technique générale. La structure générale du texte n'a rien de complexe, avec point de vue principal puis un deuxième juste ponctuel (l'ami de Syn), une écriture qui se fluidifie intelligemment au moment de faire avancer l'intrigue et d'accélérer l'action.

Mais ce qui transforme cet honnête roman en bel ouvrage, c'est une petite gourmandise textuelle qui consiste à faire intervenir, sporadiquement, un troisième point de vue dont on ne découvrira la nature qu'à la fin, mais dont on devine très vite qu'il est une entité robotique ou numérique : au niveau de la mise en page, cela se traduit par un alignement du texte à droite, et au niveau stylistique, par une empreinte poétique surprenante et très belle. Il y a, globalement, de très beaux passages, je pense notamment à cette découverte d'une cathédrale (dont la description suggère Notre-Dame de Paris ?) et à tous les questionnements qu'elle suscite.

Le mystique est curieusement absent de ce futur baroque. Le mythe, la légende, sont en train de se créer, sous nos yeux, par des hommes tout neufs qui pourtant vivent sur les acquis du passé, dont ils ne connaissent pas l'origine. On ne peut jamais être tout à fait pionniers, semble nous dire Gessler.

Publié le 27 mai 2010

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