Sur un fond de science-fiction, Becky Chambers dresse une fresque d’humanité. Douceur, tolérance, bienveillance. Je recommande !

L'Espace d'un an - Navigratice de l'imaginaire
Article Original

L’Espace d’un an est un space opera, mais à l’inverse de beaucoup de titres répondant à ce sous-genre de la science-fiction, point de conquête grandiloquente des planètes composant l’union galactique. Les humains, se sont exilés dans l’espace il y a fort longtemps, et y ont découvert une multitude d’autres espèces, et tous cohabitent plutôt paisiblement. Pensez un peu à un setup à la Doctor Who, mais avec moins de conflits inter-espèces (bien que ces derniers puissent encore être présents). Dans ce premier tome de la quadrilogie, l’histoire qui nous est contée démarre simultanément avec le nouveau chapitre de Rosemary, l’une des protagonistes, humaine originaire de Mars. Cette dernière s’engage sur le Voyageur, un vaisseau tunnelier qui sillonne l’espace afin d’établir des tunnels entre les recoins de la galaxie.

Tranche(s) de vie

L’Espace d’un an est définitivement un roman centré sur ses personnages et non pas sur l’intrigue, qui n’est que très peu présente. L’équipe du Voyageur est une composée de membres issus de tous les coins de la galaxie et d’espèces différentes. Le roman se concentre dans un premier temps sur l’intégration de Rosemary au sein de l’équipage. Becky Chambers, au fil des discussions et de relations qui se forment, présente Sissix, Jenks, Ashby, Kizzy et d’autres, dans les tribulations de leur quotidien et des évènements formateurs qu’ils ont vécu. Si cette construction peut paraître inintéressante ou rigide, en silo, c’est tout le contraire. Les liens qui unissent ces histoires, ces vies sont touchants. De plus, l’autrice assure son wordbuilding d’une main de maître, ne laissant pas la place à l’ennui ou le désintérêt.

Apprentissage(s)

Ainsi, on apprendra que les structures familiales des Aandrisks sont assez différentes de celles que nous les humains connaissons. Que les Sianats ne fonctionnent qu’en paire, jusqu’à leur déclin. On rencontre Lovey, une IA qui souhaiterait tellement avoir un corps physique, bien que cela soit interdit.

Ce roman est le récit d’une famille hétéroclite. Une fresque tendre et délicate des liens qui unissent l’équipage, de l’importance de la tolérance et de l’ouverture. Les personnages naviguent dans leurs apprentissages, personnels, mais aussi de l’autres. Langues, coutumes, civilisations. Quoi qu’il en soit, d’où que l’on vienne, dans l’étendue infinie de la galaxie, tous se ressemble quand même un peu.

Comment est-ce possible ? Comment la vie, apparemment si diverse, a-t-elle pu suivre les mêmes chemins dans toute la Galaxie – pas seulement au cours de notre ère, mais sans cesse ? 

L’Espace d’un an est un roman résolument positif et bienveillant. C’est une douceur qui se savoure, et qui fait un bien fou dans ce monde de brutes. Et je crois que c’est dont j’avais cruellement besoin en ce moment, et qui fait que j’ai un coup de cœur, tendre et ténu pour cette lecture. Pas un de ces coups de cœurs éclatants, mais un que je porte, légèrement, nimbé dans mon cœur.

Sur un fond de science-fiction, Becky Chambers dresse une fresque d’humanité. Douceur, tolérance, bienveillance. Je recommande !

Elwyn

Publié le 10 juin 2022

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