Elle a un vraiment talent pour nous rendre attachant cet équipage hétéroclite, sans compter que les éléments sur les relations inter-espèces, l’éthique, la socialisation, les différences culturelles sont très bien traitées et originales. Le récit transpire la bienveillance et fait vraiment du bien à lire. Je vous le conseille si vous avez un coup de mou.

L'Espace d'un an - La Geekosophe
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Un roman largement précédé de sa réputation ! L’espace d’un an de Becky Chambers n’a rien d’un space opera militaire : l’autrice se concentre sur les relations complexes qui lient l’équipage d’un vaisseau tunnelier. Un équipage composé de membres variés issus de différents peuples. Le roman a même été récompensé par le prix Julia Verlanger en 2017.

Un roman positif et chaleureux

Un récit ponctué de tranches de vie

L’espace d’un an n’est pas composé de grands événements : aucune galaxie n’est à sauver, pas de peuples en danger, pas de grandes batailles flamboyantes. Becky Chambers nous transporte à bord d’un vaisseau tunnelier, qui se charge de construire des passages entre différentes zones de l’espace. Nous suivons donc la vie d’un équipage composite mais très lié malgré leurs différences et leur grande diversité. Des humains techs nés dans l’espace, d’un navigateur à la personnalité double, du cuistot/médecin survivant d’une guerre destructrice… Chacun a droit à une partie qui lui est consacrée et permet d’approfondir aussi bien l’univers que sa connaissance des éléments qui composent le voyageur.

En effet, l’autrice choisit de mettre en avant les aspects relationnels qui parsèment le récit, notamment à travers le poids du passé. Les péripéties qui ont lieu permettent d’explorer le passé de chaque membre. Même Corbin, le responsable des algues, acariâtre parmi des membres plus tolérants. Kizzy, la tech énergique et talentueuse, mais aussi Sissix, membre d’une race alien au comportement bien différent des humains. Les tranches de vie partagent tout à fait, avec émotion et pudeur, les difficultés et victoires de chacun des équipiers, et permet de mettre en exergue un grand nombre de questions qui touchent aussi bien à la psychologie qu’à la sociologie.

Acceptation de la différence et de soi

L’espace d’un an centre tout son récit autour des concepts d’acceptation et de bienveillance. Chaque personnage a autant de qualités que de défauts, mais également des philosophies de vie très différentes. Par exemple, il éclate un désaccord important entre Sissix, la pilote d’une race à plumes, et Ashby, le pilote humain, à propos de comment gérer la décision difficile d’un autre membre de l’équipage. décision qui a un fort impact sur sa durée de vie. Ashby va donc prendre une décision très humain, le choix de cet équipier lui est personnel. Sissix, pour qui les liens familiaux et amicaux sont essentiels, considère que ledit membre n’a pas fait le bon choix. Si le conflit est bien là, il n’aboutit pas pour autant à une dispute sur le long terme. Ainsi, beaucoup de structures familiales divergent et créent des incompréhensions, mais les membres de l’équipage semblent assez bienveillants pour ne pas considérer l’autre comme malveillant par nature.

De la même façon, il est très intéressant de voir la façon dont Sissix doit s’adapter à la vie parmi un équipage composé de différentes races. On découvre ainsi que parmi son peuple, les rapports physiques sont bien plus intimes. Il lui est donc compliqué de s’adapter à un univers où les démonstrations d’affection sont moins fréquentes. L’équipage sera également confrontée à d’autres races aux comportements variés, plus ou moins compréhensibles pour des humains. Mais le récit s’affirme comme très bienveillant dans sa considération des autres et de leur mode de fonctionnement. Le récit pourrait paraître parfois un peu niais aux plus cyniques d’entre vous. Mais l’autrice ne lésine pas non plus sur les violences comme les guerres inter-espèces ou intra-espèces même, la plus touchante étant l’histoire dramatique du Docteur Miam.

Un roman rassurant

Oubliez les batailles rangées typiques du space op militaire ! Becky Chambers nous propose ici une série de tranches de vie d’un vaisseau tunnelier. Elle a un vraiment talent pour nous rendre attachant cet équipage hétéroclite, sans compter que les éléments sur les relations inter-espèces, l’éthique, la socialisation, les différences culturelles sont très bien traitées et originales. Le récit transpire la bienveillance et fait vraiment du bien à lire. Je vous le conseille si vous avez un coup de mou.

Note : 17/20

La Geekosophe

Publié le 27 juillet 2021

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