Apprendre si par bonheur… est un beau texte de SF très lumineuse. Il interroge aussi le rapport de l’humain avec l’univers et l’inconnu. Par ailleurs, la conquête spatiale est ici abordée sous l’angle purement scientifique, neutre, sans a priori

Apprendre, si par bonheur - Zoé prend la plume
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Structuration de la novella

Le texte se présente d’abord comme un rapport, rédigé par la narratrice, membre de l’équipage. Le texte s’adresse à la Terre, comme une bouteille jetée à la mer : pour les terriens, le vaisseau est parti 50 ans plus tôt… Un « veuillez lire ceci » précède le texte, procédé romanesque bien connu pour rendre vrai(semblable) le récit.

4 textes composent la novella, correspondant aux 4 exoplanètes que l’équipage doit analyser : Aecor, Mirabilis, Opera et Votum. Le texte alterne voyage, analyses, et vie à bord. C’est bien rythmé, on ne s’ennuie pas du tout. Le lien avec la Terre demeure malgré tout au centre des préoccupations, et est un des enjeux de cette expédition. La fin du récit remet d’ailleurs la Terre au centre des préoccupations, et place le narrataire dans une position plus active que celle du simple lecteur. C’est très original, et ça m’a beaucoup plu.

D’autre part, l’intrigue est tournée autour de l’exploration et de l’analyse des planètes. « Nous n’avons rien trouvé que vous pourrez vendre. Nous n’avons rien trouvé d’utile. Nous n’avons trouvé aucune planète qu’on puisse coloniser facilement ou sans dilemme moral, si c’est un objectif important. Nous n’avons rien satisfait que la curiosité, rien gagné que du savoir ». Déconstruction totale des ressorts habituels de l’intrigue et de ses ingrédients bien connus.

Exploration des planètes

Apprendre si par bonheur… m’offre tout ce que j’aime : 4 scientifiques, armés de pipettes et divers joujoux technologiques, qui partent à la découverte de nouveaux mondes. Tout y passe : analyse des roches, recherche de molécules, d’eau, analyse des échantillons récoltés… J’ai beaucoup aimé la planète Mirabilis avec ses plantes vertes en tire-bouchons 

Il n’y a aucun a priori sur les planètes, qui se découvrent telles qu’elles sont. C’est la rencontre avec l’inconnu qui est rapportée ici. Et finalement, une belle leçon dont il faut se souvenir : rien n’est mauvais, dans l’univers. L’univers est, c’est tout.

Des personnages intéressants

Car dépossédés de leurs caractéristiques habituelles. Le résumé mentionne des trans, des asexuels… mais ce n’est pas le sujet de l’intrigue. Et en fait, cela n’a pas d’importance. En effet, les humains sont en retrait, les vrais protagonistes de ce texte sont les exoplanètes. Ma lecture s’en est du coup trouvée allégée, j’ai pu ainsi me concentrer sur autre chose que le traitement et les problématiques traditionnelles autour des personnages.

En bref…

Apprendre si par bonheur… est un beau texte de SF très lumineuse (de la SF positive, on dit). Il interroge aussi le rapport de l’humain avec l’univers et l’inconnu. Par ailleurs, la conquête spatiale est ici abordée sous l’angle purement scientifique, neutre, sans a priori. Enfin, le traitement des aspects romanesques traditionnels est vraiment original. Ça me donne envie de lire la trilogie Les voyageurs de l’autrice.

Publié le 2 juillet 2021

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