Becky Chambers est surtout connue pour ses textes hopepunk/feelgood, service à thé compris, et je suis à peu près certain que vous ne l’attendiez pas dans ces recommandations de lecture où l’on parle surtout de boulons et d’équations. Et pourtant ! Becky Chambers a écrit Apprendre, si par bonheur… court roman publié en 2020 chez L’Atalante. Apprendre, si par bonheur… se présente comme une lettre, un message envoyé à destination de la Terre par une astronaute partie depuis longtemps en mission d’exploration à 14 années-lumières de sa planète d’origine. Ariadne O’Neill ne sait pas à qui elle l’écrit, elle ne sait pas si quelqu’un la lira, mais elle doit l’écrire, pour elle et pour les trois autres astronautes qui sont avec elle. Ils ont voyagé en sommeil artificiel pendant 28 ans, pour explorer pendant une dizaine d’années quatre planètes situées dans la zone habitable de leur étoile et donc potentiellement porteuses de vie. C’est le récit de cette exploration en quatre chapitres, pour chaque planète visitée, que fait Becky Chambers, alors que les mauvaises nouvelles de la Terre, en proie aux dévastations climatiques et aux guerres qui en découlent, continuent de leur parvenir avec 14 ans de retard. Jusqu’à ce qu’elles ne parviennent plus. Apprendre, si par bonheur… est une émouvante ode à la recherche scientifique et à l’exploration, malgré tout. Et dans le contexte de cette histoire « malgré tout » signifie « malgré la fin du monde ». Ce n’est pas du tout un livre joyeux, il est au contraire assez déprimant mais très beau.