On m’avait vendu Apprendre, si par bonheur comme un titre de SF positive avec une belle aventure simple mais bien menée, ce fut tout à fait le cas et j’ai eu un petit coup de coeur pour son autrice : Becky Chambers.
Celle-ci arrive chez nous avec cette novella chez l’Atalante en 2020 mais aussi quelques années plus tôt avec le premier tome d’une quadrilogie : l’Espace d’un an, qui est sorti en poche chez Le livre de Poche en 2020 aussi après avoir reçu le Prix Hugo.A chaque fois, je trouve que les résumés de ses titres ne paient pas de mine, mais si j’en juge par le plaisir que j’ai pris avec Apprendre, si par bonheur, c’est l’arbre qui cache la forêt ! Je suis donc tout à fait prête à poursuivre l’aventure à ses côtés.
Apprendre, si par bonheur est une courte novella d’un peu plus de 130 pages qui est du pur space opera comme j’aime. Nous suivons un équipage humain, envoyé dans l’espace pour une mission scientifique : étudier l’écosystème de plusieurs planètes triées sur le volet mais séparées par de longues distances qui les obligent à d’importantes périodes de stase. Cependant au fur et à mesure de leur mission, les contacts avec la Terre sont de plus en plus ténus et les découvertes de plus en plus surprenantes.
J’ai beaucoup aimé dans un premier temps découvrir la vie et l’ambiance à bord du vaisseau avec nos quatre scientifiques hommes et femmes. L’héroïne avec son caractère simple et carré à la fois nous permet de le faire tranquillement, sans esbroufe, et pourtant de manière assez sérieuse et précise. On s’imagine bien la vie à bord, les réveils après les stases, les changements physiques, les peurs liées à l’éloignement progressif de la Terre, les troubles liés à l’enfermement avec les mêmes personnes. La narration a beau être classique, elle est pure et crédible, rendant cela passionnant.
Il en va de même pour la caution scientifique de l’histoire. L’autrice n’en fait pas des caisses mais elle bâtit un récit totalement crédible car elle s’appuie sur des échanges avec des scientifiques qu’elle a rencontrés. Ainsi quand elle décrit les évolutions scientifiques des humains pour permettre de voyager sur de longues distances pendant longtemps et de se rendre sur des planètes très différentes de la nôtre, ça fonctionne. C’est à la fois complexe et compréhensif, rendant le récit passionnant et immersif.
J’ai beaucoup aimé suivre les missions de l’héroïne et de ses camarades. On les voit plonger de plus en plus dans leur mission avec les modifications mentales et physiques que cela implique. Le rapport au corps et au mental est très bien travaillé. Se réveiller à leur côté est toute une aventure, comme de débarquer sur une planète ou de l’étudier. Chacune est différente, chacune oblige à une adaptation différente et chacune à ses dangers. L’épisode de la planète avec seulement 4 petits îlots et ses créatures sangsues qui ne lâchent pas le bateau m’a vraiment filé les jetons !
Enfin, la dimension humaine du récit est assez incroyable. En peu de pages, l’autrice nous fait le récit, encore une fois crédible, d’un équipage pour qui la mission prime au début, au point de ne pas trop se préoccuper de ce qui se passe si loin d’eux, dans le temps aussi bien que dans l’espace, avant de se sentir rattraper par un sentiment, logique, de nostalgie de chez soi et de peur de ne pas rentrer quand les contacts s’atténuent. Le peu que l’on apprend sur ce qu’il se passe sur Terre est une belle dystopie glaçante qui donne une jolie profondeur au récit.
Ainsi, malgré le faible nombre de pages, l’autrice a réussi à imaginer un récit prenant avec de l’aventure et de la réflexion aussi bien humaine que scientifique. Le drame quand il a lieu n’est jamais exagéré mais juste humain, ce qui rend le récit totalement crédible. J’ai eu, en le lisant, le même sentiment que lors de mes visionnages de films comme Interstellar ou Seul sur Mars, ce qui est gage de qualité pour moi.
Comme annoncé, nous sommes vraiment dans une science-fiction positive et humaine, où l’individu est au coeur du récit pour nous offrir une aventure réaliste et futuriste. Rien n’est superflu dans cette nouvelle et ça donne vraiment envie de découvrir Becky Chambers sur un texte plus long.
Les Blablas de Tachan