C’est avec un petit frisson de plaisir anticipé que je suis allée retrouver ma copine Chastity au café de Carla, histoire de me réveiller. Je me réjouissais à l’idée de la suivre au Blaue Nacht pour boire quelques bières avec toute la bande.

« Joe, qui vous a brisé les os ?
— La vie.
»

C’est avec un petit frisson de plaisir anticipé que je suis allée retrouver ma copine Chastity au café de Carla, histoire de me réveiller. Je me réjouissais à l’idée de la suivre au Blaue Nacht pour boire quelques bières avec toute la bande. J’avais raison : Chastity Riley, la proc que ses supérieurs, ayant moyennement apprécié l’exploit qui avait clos son enquête précédente, ont reléguée dans un superbe petit placard, n’a rien perdu de son allant et de sa verve. Maintenant chargée de l’aide aux victimes, elle soudoie à la bière et à la clope un Autrichien peu loquace.

Elle est têtue, Chas, et surtout, sous son cynisme ironique, elle a un petit cœur, elle s’inquiète des gens et elle aime son quartier, Sankt Pauli, son équipe de foot et ceux qui y vivent ou qui y traînent. Beaucoup de bières, et pas mal de clopes, après, voilà Chastity en route pour Leipzig, puis Dresde et la Tchéquie, en compagnie d’un flic des Stup beau comme un chef Sioux. Il a une descente impressionnante, lui aussi, sinon c’est moins drôle. Et puis après la petite incursion vers l’Est, ses vallées à rhumatismes, ses mélèzes morts, ses labos de crystal meth, la bière et la vodka, ce sont des biens de première nécessité.

Faller est à la retraite, mais il n’a pas jeté l’éponge, Rocco est au taquet dans la cuisine du café de Carla, mais ça va bien se terminer, Calabretta est au trente-sixième dessous, mais tout le monde est à ses côtés, Klatsche a trois macchabées dans sa cave, mais on va arranger ça. Il semble que depuis Quartier rouge, il s’est passé bien des choses, et c’est normal, puisque nous en sommes au sixième livre de la série. Ça, c’est un peu frustrant, même si les souvenirs en kaléidoscope des personnages remplissent quelques blancs. On voudrait bien remplir les autres, comprendre pourquoi et comment la petite clique de déjantés joliment esquintés en est arrivée là. Et on est un peu comme Riley, pour qui Hambourg n’était qu’une étape, et qui s’est tellement attachée à la ville qu’elle est toujours là quelque chose comme dix ans plus tard.

Alors, l’Atalante, c’est prévu ? Je suis sûre que Claudine Layre serait ravie, elle qui s’est glissée avec sobriété et vivacité dans le style enlevé et la langue imagée de Simone Buchholz et de Chastity ! Là, deux jours après que j’ai lu le bouquin, il y a une Currywurst qui flotte devant mes yeux et on dirait bien que ça sent la mer à la maison.

P.-S. : mention spéciale pour les guillemets de dialogue.

Anne Bouclier

Publié le 9 mars 2021

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