Comment attirer le lecteur avec de la fantasy française ? En la publiant chez L’Atalante, éditeur exigeant s’il en est, et en la dotant d’une couverture originale. Ajoutez à cela qu’il s’agit d’un premier roman et me voilà tentée. Et au final ravie de ma lecture car ce premier tome (sur sept…) possède bien des qualités... Il serait bien dommage pour les futurs lecteurs de résumer la totalité de ce premier tome car le mystère autour des différents personnages, de leur véritable nature et de leurs motivations est bien entretenu et se révèle être un des ressorts de lecture. Rien n’est donné d’avance, ni explicité, le lecteur doit faire son chemin, tirer ses conclusions, ce que j’apprécie particulièrement. Tout commence dans le Premier Royaume, sur les terres du vicomte de Hautterre, autant dire un trou paumé d’un ennui mortel, le bout du monde. Pourtant, c’est là que deux enfants sont enlevés dans des conditions extrêmement étranges et qui semblent déclencher des conséquences démesurées. Le sergent Orville est envoyé avec une troupe à la poursuite des fuyards. Il est investi pour ça des pleins pouvoirs de capitaine-ambassadeur-militaire. Il ne doit perdre leurs traces sous aucun prétexte, ni dévoiler sa présence. Le périple d’Orville dure plusieurs mois et le mènera à prendre la tête d’un archipel hostile auquel il s’emploie à redonner vie. Très progressivement, le lecteur en apprend plus sur les royaumes et leur histoire. La lignée royale a ce que nous appelons communément le sang bleu. Sauf qu’ici, c’est au sens propre que cette expression s’applique : dans les veines des membres de la famille royale et de ses descendants coule un sang différent. Or, depuis des siècles, le sang des nobles s’est dilué dans celui du peuple à force de viols et de droit de cuissage : parmi la population des royaumes certains ont aussi le sang bleu. Ils ont été persécutés grâce aux théocrates, prêtres du culte du Suprême, qui tiennent des registres généalogiques. Les sang bleu sont dotés de capacités décuplées : longévité (ils peuvent vivre plusieurs siècles), force et vitesse, certains deviennent mages. Une autre caste, celle des Gardiens est chargée de veiller sur le pouvoir. Son rôle n’est pas très clair, on ne sait pas à qui elle obéit ni quels sont ses desseins. Ce n’est que pour mieux surprendre le lecteur à la fin de ce premier tome. Des personnages troubles, des complots fomentés dans l’ombre, une histoire distillée au compte-goutte pour mieux entretenir le mystère, voilà quelques-uns des éléments qui concourent à la réussite de ce premier tome. Orville en est le personnage central, on le croit et il se croit fort alors qu’il est manipulé. Mais il possède des atouts que lui-même ignore. Il sort cependant parfois du champ pour laisser place au roi, aux gardiens, aux théocrates qui tous intriguent en douce. A la moitié du volume, on croise aussi Rosa, fille d’une sang bleu du peuple morte sur le bûcher. Rosa a été sauvée par un théocrate qui a reconnu la rougeur de son sang, pourtant la jeune fille possède des pouvoirs qui s’apparentent à ceux des résurgents, héritiers non officiels de la lignée royale. Richesse et complexité sont donc les atouts majeurs de ce premier tome. (...) A l’évidence, Régis Goddyn maîtrise les codes romanesques et soigne ambiance et personnages, loin des stéréotypes du genre. Il dote chacun d’entre eux d’une personnalité dense aux intérêts complexes, les faisant évoluer dans un monde rustre et austère. J’ai apprécié la part active que le lecteur doit prendre à la lecture. Et me suis rendu compte à la fin que ce volume est doté d’un utile index des noms de personnages. En revanche, il ne vaut mieux lire le glossaire qu’à la fin car il en dévoile beaucoup sur les fonctions de chacun. Orville et son île, Rosa et ses pouvoirs, le putsch des Gardiens… voilà que j’attends déjà la suite… Sandrine Brugot Maillard (26/02/2013)

Goddyn - Le Sang des 7 rois - Mes imaginaires

Comment attirer le lecteur avec de la fantasy française ? En la publiant chez L’Atalante, éditeur exigeant s’il en est, et en la dotant d’une couverture originale. Ajoutez à cela qu’il s’agit d’un premier roman et me voilà tentée. Et au final ravie de ma lecture car ce premier tome (sur sept…) possède bien des qualités...

Il serait bien dommage pour les futurs lecteurs de résumer la totalité de ce premier tome car le mystère autour des différents personnages, de leur véritable nature et de leurs motivations est bien entretenu et se révèle être un des ressorts de lecture. Rien n’est donné d’avance, ni explicité, le lecteur doit faire son chemin, tirer ses conclusions, ce que j’apprécie particulièrement.

Tout commence dans le Premier Royaume, sur les terres du vicomte de Hautterre, autant dire un trou paumé d’un ennui mortel, le bout du monde. Pourtant, c’est là que deux enfants sont enlevés dans des conditions extrêmement étranges et qui semblent déclencher des conséquences démesurées. Le sergent Orville est envoyé avec une troupe à la poursuite des fuyards. Il est investi pour ça des pleins pouvoirs de capitaine-ambassadeur-militaire. Il ne doit perdre leurs traces sous aucun prétexte, ni dévoiler sa présence. Le périple d’Orville dure plusieurs mois et le mènera à prendre la tête d’un archipel hostile auquel il s’emploie à redonner vie.

Très progressivement, le lecteur en apprend plus sur les royaumes et leur histoire. La lignée royale a ce que nous appelons communément le sang bleu. Sauf qu’ici, c’est au sens propre que cette expression s’applique : dans les veines des membres de la famille royale et de ses descendants coule un sang différent. Or, depuis des siècles, le sang des nobles s’est dilué dans celui du peuple à force de viols et de droit de cuissage : parmi la population des royaumes certains ont aussi le sang bleu. Ils ont été persécutés grâce aux théocrates, prêtres du culte du Suprême, qui tiennent des registres généalogiques. Les sang bleu sont dotés de capacités décuplées : longévité (ils peuvent vivre plusieurs siècles), force et vitesse, certains deviennent mages. Une autre caste, celle des Gardiens est chargée de veiller sur le pouvoir. Son rôle n’est pas très clair, on ne sait pas à qui elle obéit ni quels sont ses desseins. Ce n’est que pour mieux surprendre le lecteur à la fin de ce premier tome.

Des personnages troubles, des complots fomentés dans l’ombre, une histoire distillée au compte-goutte pour mieux entretenir le mystère, voilà quelques-uns des éléments qui concourent à la réussite de ce premier tome. Orville en est le personnage central, on le croit et il se croit fort alors qu’il est manipulé. Mais il possède des atouts que lui-même ignore. Il sort cependant parfois du champ pour laisser place au roi, aux gardiens, aux théocrates qui tous intriguent en douce. A la moitié du volume, on croise aussi Rosa, fille d’une sang bleu du peuple morte sur le bûcher. Rosa a été sauvée par un théocrate qui a reconnu la rougeur de son sang, pourtant la jeune fille possède des pouvoirs qui s’apparentent à ceux des résurgents, héritiers non officiels de la lignée royale.

Richesse et complexité sont donc les atouts majeurs de ce premier tome.

(...)

A l’évidence, Régis Goddyn maîtrise les codes romanesques et soigne ambiance et personnages, loin des stéréotypes du genre. Il dote chacun d’entre eux d’une personnalité dense aux intérêts complexes, les faisant évoluer dans un monde rustre et austère. J’ai apprécié la part active que le lecteur doit prendre à la lecture. Et me suis rendu compte à la fin que ce volume est doté d’un utile index des noms de personnages. En revanche, il ne vaut mieux lire le glossaire qu’à la fin car il en dévoile beaucoup sur les fonctions de chacun.

Orville et son île, Rosa et ses pouvoirs, le putsch des Gardiens… voilà que j’attends déjà la suite…

Sandrine Brugot Maillard (26/02/2013)

Publié le 26 février 2013

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