Lorsque deux enfants disparaissent dans
un village du Premier Royaume, bien peu sont ceux qui mesurent l’ampleur
des événements qui viennent de se mettre en branle. Et le Sergent
Orville n’est pas de ceux là. Le voilà pourtant promu
Capitaine-Ambassadeur-Militaire, un des plus hauts grades des 7
Royaumes, chargé de suivre les ravisseurs sur la voie des crêtes.
Dans les coulisses du pouvoir, les intrigues se multiplient, les
équilibres changent et le destin des individus comme des Royaumes
eux-mêmes est sur le point d’être bouleversé.
L’approche choisie par Régis Goddyn, qui signe ici son premier roman, est vraiment intéressante. L’intrigue démarre par un acte a priori banal, aux conséquences limitées, mais qui s’avère très curieux dans le détail, qu’il s’agisse de la généalogie des enfants ou des compétences des ravisseurs. Très vite, cet événement se révèle important et devient surtout le déclencheur d’une multitude d’intrigues, réveillant des peurs, changeant l’équilibre des pouvoirs.
(...)
Magie, religion, politique et équilibre des forces
La magie est présente dans ce début de
saga, de façon discrète. Il y est question de sang bleu et de capacités
spéciales, de longévité exceptionnelle… éléments à relier semble-t-il au
passé lointain des Royaumes qui est assez peu dévoilé pour l’instant.
Régis Goddyn apporte suffisamment d’éléments pour susciter l’intérêt et
permettre au lecteur d’avoir l’intuition de l’importance de certains
personnages ou groupes de personnages.
Cette magie liée au sang est indissociable de la politique et de la
religion. Ces systèmes dépendent de décisions prises il y a longtemps,
qui expliquent les rapports entre les différentes puissances au départ
de la série. Le kidnapping va les amener à commencer à bouger, souvent
pour leur propre compte, régulièrement en secret et parfois en désaccord
avec d’autres membres de leur propre groupe. Tous ces mouvements de
pouvoirs sont complexes, mieux vaut être concentré lors de sa lecture
sous peine d’être un peu dans le flou encore à la fin du volume quant
aux équilibres entre les différentes forces et protagonistes.
Ces aspects montent en puissance au fil du texte, des scènes très sombres ponctuent le récit, d’autant plus présentes vers la fin du volume et qui laissent présager d’heures, voire d’années, sombres pour les 7 Royaumes et les personnages plus particulièrement suivis.
Un personnalité d’écriture très entraînant...
La mission d’Orville est relativement monotone et prend des semaines. Pourtant, les descriptions apportent une grand richesse et contribuent à bien immerger le lecteur dans ce Premier Royaume. Régis Goddyn prend le temps d’installer son univers, ses personnages et son intrigue, sans tout dévoiler d’un coup, en suivant logiquement le quotidien de certains éléments clés. Aucun d’entre eux n’a une vision vraiment globale et à long terme de ce qui se trame.
L’écriture est très fine, les décors solides, les protagonistes bien vivants, qu’ils soient sympathiques et touchants – comme Orville et Rosa – ou détestables, ambigus, dirigés par leur intérêt personnel ou attachés aux lois et à certaines valeurs collectives. Ce qui aurait pu s’avérer lourd et ennuyeux donne au contraire une personnalité unique au récit et embarque le lecteur à condition que celui-ci se laisse porter et accorde à l’auteur le droit de ne pas inscrire son livre dans un schéma connu par avance. (...) ce Livre Premier est très convaincant tel quel.
Si l’univers est assez classique en apparence, la qualité de l’écriture, le rythme très personnel et la richesse descriptive donnent un ton unique à ce Livre Premier. (...) Pourtant, ce premier volume est réellement enthousiasmant, même si l’auteur doit encore faire ses preuves avec la suite, pour confirmer ces bonnes impressions. Celle-ci paraît déjà au mois d’août, un rythme bien choisi pour une saga dont le nombre de volumes peut faire peur à la base. Un grand début de saga française, à découvrir sans tarder.