Une couverture sublime, une impression à l’encre qui personnalise l’intérieur et une dédicace bien agréable réalisée au Salon du livre de Paris.
Le format est sympa, le 4e de couverture est intéressant et apporte une base suffisante pour savoir où on pose les pieds, sans en dire trop.
Tout commence avec une disparition, s’enchaîne avec de mystérieuses pièces, et l’intrigue happe page après page.
L’auteur nous immerge dans le récit avec brio, c’est délectable.
J’ai déjà à ce moment-là une certitude : ce roman va être riche en événements ainsi qu’en notions du passé. J’ai aisément partagé leur vécu, c’est clair, précis, suffisant, ni trop ni pas assez. Je viens de rencontrer les personnages, mais j’ai déjà l’impression de les connaître.
Régis Goddyn aime les détails. Il ne se contente pas de dire qu’un vicomte n’a plus de sous, non, il le fait de manière plus recherchée, parle de la diminution des travaux au fil des ans, du peu de sous dépensé pour des ouvriers, etc. C’est que du bonheur.
Au fil des pages on apprend beaucoup, tout en demeurant dans le flou. Le présent se mélange aisément avec le passé. Le mystère est partout et quand il me semble obtenir une réponse, une autre question arrive. Les comptes rendus d’Orville, écrit tout au long de sa recherche, sont des moments très agréables qui entrecoupent la lecture. Les combats sont réalistes, très visuels et le mystère est encore et toujours présent.
Même quand Théod plonge le lecteur dans le passé en racontant la vie des sangs bleus et tout ce qu’ils ont fait pour que survivent au mieux les descendants, il y a toujours de la tension. À chaque surprise des événements importants en découlent. Il y a aussi un très beau moment de prise de conscience des capacités d’Orville et de l’importance des couleurs. Un mélange de vengeance et de désirs est aussi présent. La naissance du 8e royaume est sublimement amenée. Et quel blason ! J’ai aussi apprécié le revirement de situation avec les Gardiens et leur savoir.
Les 7 rois ne me sont plus inconnus, mais je suis certaine que je vais encore découvrir de nombreux événements et personnages, comme la jeune fille aussi surprenante qu’Orville.
Avis : Le roman est passionnant et s’est lu en deux soirées. C’est définitivement un livre à conseiller !
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Régis, peux-tu présenter en quelques mots la série « Le Sang des 7 Rois » ?
Le sang des 7 rois est une heptalogie en littérature de l’imaginaire avec une dominante fantasy très marquée au début de l’histoire.
En commençant le tome 1 savais-tu avec précision la fin de l’histoire ou s’est-elle construite au fil des romans ?
Je suis un auteur scripturant, c’est à dire que je ne connais pas l’histoire à l’avance. J’ai inventé des dizaines de fins qui devenaient artificielles ou impossibles à mesure que l’écriture avançait. Je pense que j’ai entrevu la fin à la moitié du tome 7, et que je l’ai fixée avec certitude une cinquantaine de pages avant de l’écrire.
Y a-t-il eu une évolution dans ton écriture entre le 1er et le 7e tome ?
Je pense, oui. Je pense qu’à force de travailler avec l’éditrice qui suit mon travail, l’écriture s’améliore, s’assouplit et se condense au fil des tomes. Cela dit, je n’ai pas changé ma manière d’écrire, elle est spontanée et chaque auteur a son rythme propre, sa foulée.
Maintenant que le dernier tome est terminé, quel est ton ressenti après ces 7 livres ?
Je suis un tourneur de pages, et je n’ai aucune nostalgie. Ces années furent denses, passionnantes, et d’une certaine manière ont contribué à me façonner. Je suis maintenant sur d’autres projets. Cela dit, quand je vois mes romans dans mon bureau dans la bibliothèque, j’ai un peu de mal à y croire tout de même. Que de chemin parcouru…
J’ai lu qu’il t’avait fallu un peu plus de trois ans pour réaliser ces sept livres, plus de 860 000 mots et une fin réécrite trois fois. Y a-t-il un tome qui t’a fait suer plus que les autres ?
Non, car le Sang des 7 rois est un seul roman. Je ne peux pas les dissocier. Ceux qui m’ont lu comprendront aisément, car l’action est continue de la première page du tome 1 à la dernière du tome 7. Le tout a été le fait d’un seul mouvement.
As-tu aussi compté le nombre des personnages dans cette longue histoire ?
Non, je ne les ai pas comptés. Il y en a pas mal, mais c’est surtout dû à la multiplication des fils narratifs. Il faudrait effectivement les compter et diviser le nombre de pages par le nombre de personnages, je suis certain qu’il n’y en a pas tant que cela, au prorata. C’est seulement un assez gros livre, avec beaucoup d’actions parallèles ou croisées, et donc pas mal d’acteurs sur la scène.
Les commentaires de tes 4 bêta-lecteurs t’ont-ils poussé à réaliser de grands changements dans tes romans ?
Non. Cela aurait pu se produire, mais les changements sont restés mineurs. Ce qui ne veut pas dire que ce n’était pas important. En fait, dans un livre, tout est important, du souffle d’ensemble aux détails. C’est l’harmonie générale qui fait la qualité de l’histoire.
Quel contact entretiens-tu avec les lecteurs ?
Je pense que j’ai besoin d’eux, ça fait partie intégrante de l’expérience d’auteur. Il y a aussi autour du facebook une petite communauté de mordus de ce roman avec lesquels je discute par voie numérique. Parmi eux, il y en a certainement que je ne verrai jamais, mais c’est chaleureux et sympathique. Ça fait du bien, en fin de soirée d’écriture, d’aller sur les réseaux sociaux et de discuter un peu. Cela rompt la solitude de l’auteur de fond, et cela encourage à poursuivre.
Tu encres la première page de ton roman lors des salons. As-tu réalisé le tampon ou est-ce une création de ton illustrateur ?
J’ai dessiné et gravé ce tampon. J’ai une affinité avec la gravure en relief, qui donne des images simples et puissantes. Au début, je voulais en graver une différente par tome, je ne l’ai finalement pas fait. Il faut dire, à ma décharge, que je n’ai pas chômé depuis 2013…
Pour fêter ces 7 tomes, une boîte a été prévue pour assembler les livres. J’ai aussi lu que tu avais offert une linographie lors d’une dédicace. Pourrais-tu nous montrer ce que cela donne ?
La linogravure est juste ce tampon que j’ai imprimé sur ton livre à Paris. Cela dit, quand je l’imprime dans les livres, il s’agit d’une estampe originale signée de la main du graveur, on fait pire comme cadeau de bienvenue dans un livre. J’en imprime vite fait un exemple dans un tome 7 pour répondre à ta demande.
Quel est le salon qui t’a le plus plu ?
Les salons sont tous très différents, et il faut les aimer pour ce qu’ils sont. Les Imaginales, c’est le rendez-vous des passionnés d’imaginaires. Les Utopiales, c’est un autre monde, plus « carré », très organisé. La dimension « festival de cinéma » ajoute beaucoup à la manifestation. J’adore le salon du Mans (la 25ème heure du livre). Je ne sais pas pourquoi, mais je m’y sens bien. J’ai découvert cette année le salon de Paris et je n’étais pas sûr de mon coup. En 2012, j’y étais venu et, pour avoir croisé tant d’auteurs derrière leur table devant lesquelles personne ne s’arrêtait, je craignais un peu de rentrer bredouille. En quelques heures j’avais vendu tous les tomes 1. Montreuil est très sympa, malgré l’échelle de la manifestation. Etonnants Voyageurs à Saint Malo est également un lieu magique, et je me réjouis d’y retourner cette année. Il y a d’autres salons plus petits qui restent de vraies expériences enrichissantes (Ploërmel, les Essarts, Albert…). En fait, je pense que les festivals sont des lieux de rencontre. Je ne peux pas toujours accepter les invitations, mais en fait, j’adore ça.
Comment arrive-t-on à gérer sa vie d’auteur et sa vie privée avec sept livres en trois ans ? Est-ce facile de tenir le rythme de ce marathon ou as-tu dû faire des sacrifices pour y parvenir ? J’ai vu que même en vacances au camping tu écrivais. Il n’y a jamais de vacances alors ?
Et vous, vous parvenez à arrêter d’écrire ? L’écriture est une activité obsédante et concilier l’ensemble de ses activités quand on est écrivain est un défi permanent. Le secret, s’il y en a un, c’est la régularité. Je travaille essentiellement le soir, de 22H à 1H, et dans la journée dès que personne ne me surveille. En moyenne, cela fait 3H30 par jour, chaque jour de l’année. Je compte l’écriture, les relectures, les corrections… l’ensemble des activités d’écriture.
En gros, l’écriture prend la place de tous les autres loisirs : lecture, télévision, cinéma, piscine, week-ends à la mer (qui deviennent les salons)… Je me suis astreint sur ce projet à une véritable vie d’ascète, mais chacun dans ce forum spécialisé sait le temps que prend l’écriture, et sait qu’il y a un prix à payer ; ces choses-là ne se font pas toutes seules.
Tu as été nominé à 8 reprises pour des prix. Comment vit-on cela ?
Pour être honnête et en ce qui me concerne, pas très bien. Bien sûr, c’est agréable d’être nommé, et cela met votre travail en lumière ; d’avoir eu autant de fois mon livre mis à l’honneur a été un véritable tremplin. Je ne fais donc pas le difficile, mais sur le plan émotionnel, ce sont autant de facteurs de stress et de déclencheurs de migraines.
Arrives-tu encore à lire les romans des autres ? Si oui, lesquels ?
J’ai lu Quantika récemment, de Laurence Suhner, et j’ai des dizaines de livres entamés. Ma PAL atteindra bientôt le plafond… Depuis que j’écris, je lis surtout mes propres livres, des dizaines de fois pour qu’ils soient les moins mauvais possible. Je lis donc en permanence, mais dans cette matière malléable qu’est mon propre texte. Je pense que je vais tenter d’écrire moins vite, maintenant que je ne suis plus dans le feu roulant du Sang des 7 Rois, et de retrouver une marge pour d’autres activités. Tout cela est à reconstruire.
Quels sont tes autres projets et ton actualité ? Et quel est le titre (même provisoire) de ton prochain roman fantasy ?
L’actualité, c’est la saison de printemps, avec les festivals et salons, les signatures, et c’est tout de même la sortie du tome 7. Entre temps, eh bien… j’écris. Je suis sur un nouveau roman commencé à la fin de l’année dernière, et qui devrait s’appeler « Le portail des terres grises ». J’ai retrouvé de la liberté dans l’écriture de ce livre : pas d’éditeur, pas de date de sortie, pas de contraintes de série… Un souffle d’air pur dont je profite, cela ne durera pas.
Un grand merci pour ce partage et ta disponibilité. Je suis certaine que nous serons nombreux à suivre avec beaucoup de curiosité ton parcours. Bonne continuation !
KSANGIL