Bref vous l’aurez compris j’ai eu un gros coup de cœur pour ce court et intense roman et cette confession intime et féministe !

Méduse - Collectif Polar
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La Méduse de ce conte moderne est une jeune fille que l’on qualifie de monstruosité. C’est une gamine regrettait de toute part. Ses parents, ses sœurs personne ne sait l’aimer. Pire, elle dérange.

Dotée d’une anomalie aux yeux, notre jeune héroïne est rejetée dès son enfance. Elle reçoit de ses proches le surnom de Méduse. Car à l’instar de la gorgone de la mythologie, il parait que sa difformité est telle que son simple regard pétrifie.

On ne veut plus la voir, il faut qu’elle disparaisse à jamais des regards de sa propre famille qui décide de la faire enfermer à l’Athenaeum, un institut pour les jeunes filles avec des malformations.

Or, cet établissement n’a rien d’une école ou d’un sanatorium non, c’est un bordel haut de gamme, si je puis m’exprimer ainsi. À l’Athémaeum, la directrice est une femme austère et froide, elle soumet ses pensionnaires aux désirs cruels de notables du coin.

La seule échappatoire de notre jeune fille, jeune femme en devenir est la bibliothèque. C’est là qu’elle peut enfin découvrir le monde.

Et peu à peu la vilaine chenille devient un vrai papillon, elle déploie ses ailes ou plutôt elle ouvre les yeux. Elle prend conscience du pouvoir de ceux-ci. Ainsi va-t-elle les utiliser pour échapper à sa condition.

J’ai eu beaucoup de mal à poser des mots sur ce conte cruel. Je crois qu’il m’a profondément mise en colère car profondément bouleversée.

Il faut dire que ce Méduse, au-delà du mythe réinventé, est une œuvre aussi sombre que violente !

Il y est question de l’avilissement des femmes ; simple objet de désirs les plus vils.

Il y est question du corps de la femme et du rapport que l’on a à celui-ci.

Méduse est forcément complexée, elle à qui on a dit et répété depuis sa plus tendre enfance (enfin tendre, rien n’est moins sûr) qu’elle est un monstre, une horreur pire une abomination.

On est ici aussi dans ce que l’on pourrait appeler un conte initiatique, la métamorphose d’une jeune fille repliée sur elle-même en jeune femme bien plus sûre d’elle.  Méduse que l’on a, déconsidérée, abâtardissée, soumise aux perversions des hommes, fait acte de cognition et elle acquiert la conscience de la fascination qu’elle inspire et du pouvoir qu’il est possible d’en tirer !

Il y est question de pouvoir, de mesquineries et de méchancetés, de domination et ascendances. Bref de tous les sentiments qui régissent l’être humain. Et là notre autrice est balaise pour décrire la psyché humaine. Aussi bien celle des hommes ou celles des femmes qui ici ne sont pas tendres entre elles.

Je vous le disais, Méduse est un roman intense et brutal !

Et ce qui est encore plus surprenant c’est la poésie qui se dégage de ce livre.

Il faut dire que l’écriture de Martine Desjardins est envoûtante. Sa plume est sombre et acérée et surtout particulièrement méticuleuse.

Elle nous offre un conte gothique incroyablement efficace et particulièrement actuel qui je l’avoue m’a mis KO. Et ce n’est, croyez-moi, pas donné à tout le monde !

Bref vous l’aurez compris j’ai eu un gros coup de cœur pour ce court et intense roman et cette confession intime et féministe !

Publié le 8 décembre 2023

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