Ce roman très sombre conte l’histoire de Méduse, jeune fille rejetée aux yeux difformes, considérée comme monstrueuse dès sa naissance. Chassée et haïe même par sa famille, elle n’a, par peur et honte, elle-même jamais vu quelles immondices lui valent tant de malheur et d’insultes. Mais on lui rabâche chaque jour, chaque minute, qu’elle doit se cacher, baisser la tête, derrière un voile de cheveux, surtout ne rien montrer. Le roman montre le poids du regard des autres, la violence et la cruauté dont l’humain est capable de faire preuve.
Méduse est amenée dans l’institut l’Atheneum peuplé de jeunes filles difformes, sous la tutelle de 13 vieux pervers, les « bienfaiteurs » qui en profitent pour les utiliser pour leurs « jeux ». Un Institut lugubre et cruel, où les jeunes enfants sont totalement délaissées, ne reçoivent aucun apprentissage, aucune éducation, où on leur refuse même l’accès à la bibliothèque.
Ce texte fait aussi le récit de l’apprentissage de Méduse, qui découvre doucement que ces yeux curieux ont aussi quelques vertus et avantages. Face à la violence, la douleur, la soumission, elle fait face, et apprend.
Bien sûr, le texte s’inspire et fait tout de même référence à la mythologie. Méduse elle-même est fascinée par ces animaux qui lui ont valu ce sobriquet si ancré qu’elle en a oublié son vrai nom, et s’interroge sur la figure de la méduse mythologique.
Le roman est déroutant, clairement. Dérangeant aussi, souvent. Mais l’écriture est finalement tout à fait envoûtante. Un fait probablement facilité par une narration à la première personne mais aussi par un rythme parfaitement maîtrisé. L’écriture est hyper efficace, directe, soignée , qui va droit au but. Les tournures de phrase, les métaphores ou les manières de faire référence aux yeux de Méduse sont captivantes. Les chapitres courts s’enchaînent. Les cruautés subies par Méduse s’accumulent, sans cesse.
L’ambiance du roman est particulière et ne plaira pas à tout le monde. J’ai moi même du mal a dire si j’ai adoré ou détesté, mais quoi qu’il en soit il ne laisse pas indifférent. C’est un récit fort, engagé, qui marque, et induit un paquet d’émotions. Un roman à lire.
J’aimerais aussi ajouter que le choix de la couverture créée par Marcela Bolivar me paraît vraiment génial, tant elle intrigue et fascine, à l’image du récit que nous propose Martine Desjardins.