« Vita Nostra » est un roman surprenant, qui se plaît à pousser ses protagonistes dans leurs retranchements, en bousculant leurs perceptions et les nôtres par la même occasion, un voyage atypique et incertain, ponctué de scènes saisissantes, jusqu’aux confins de ce que le langage permet à l’esprit d’appréhender.

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Quel curieux roman d’apprentissage que celui-ci, où la jeune Sacha, animée pourtant de la soif d’apprendre, n’a droit à aucun faux-pas, par peur de ce qui pourrait alors arriver à ceux qu’elle aime ! Il nous vient d’Ukraine, est écrit à quatre mains et les auteurs, Marina et Sergueï Diatchenko, ne nous servent rien qui sente le déjà-lu.
L’Institut des Technologies Spéciales se situe dans une petite ville de province difficile à repérer sur une carte. A peine arrivés, les premières années n’ont pas manqué de repérer quelques anomalies physiques guère rassurantes dans le comportement des deuxièmes années. Les conditions de vie dans l’établissement sont modestes, avec des chambres pour trois aux lits en fer et un chauffage capricieux. On y dispense des matières classiques et un enseignement dit de spécialité, qui déstabilise Sacha et ses camarades autant que le lecteur, puisqu’il s’agit dans un premier temps de lire et mémoriser des textes ressemblant à du charabia. Mais finalement, si on ne considère que lui, on pourrait dire qu’il s’agit plutôt d’un roman de « désapprentissage »…

Un tel environnement ne favorise pas le développement des relations entre les étudiants, concentrés sur ce qu’on exige individuellement d’eux, mais des liens se créent pourtant et il faut tâcher de les intégrer à son propre processus de transformation : ce n’est pas pour rien que « Vita Nostra » est le premier volet d’un triptyque (où chaque tome est indépendant, si j’ai bien compris) dénommé « Les Métamorphoses ».
Comme Sacha, le lecteur marche sur le fil du rasoir, à la fois curieux et effrayé face à ses bouleversements intimes, aux manifestations parfois spectaculaires, et inquiet de ce qu’il va trouver au terme de ce périple angoissant, avec cet examen en fin de troisième année d’étude dont la teneur reste inconnue.

« Vita Nostra » est un roman surprenant, qui se plaît à pousser ses protagonistes dans leurs retranchements, en bousculant leurs perceptions et les nôtres par la même occasion, un voyage atypique et incertain, ponctué de scènes saisissantes, jusqu’aux confins de ce que le langage permet à l’esprit d’appréhender.

Publié le 29 juin 2020

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