Cela faisait un bon moment que je voulais lire ce roman. Un certain blogueur suisse me l’avait très bien vendu aux dernières Utopiales, et la flopée de chroniques toutes plus enthousiastes les unes que les autres qui ont suivi ont achevé de me convaincre. Un emprunt numérique en bibliothèque plus tard, inutile de tergiverser : je suis moi aussi tombée sous son charme.
Vita Nostra suit les pas de Sacha, une adolescente russe qui s’apprête à rentrer à l’université. En vacances avec sa mère, elle rencontre un homme qui lui demande de réaliser des choses étranges, sous peine de voir sa famille frappée par la catastrophe. Terrifiée à cette idée, elle lui obéit, et finit par accepter d’aller faire des études dans un mystérieux institut universitaire au milieu de nulle part.
Quand on présente un roman comme Vita Nostra, la tentation est grande de tisser des liens avec Harry Potter, tous deux exploitant l’archétype du roman de pensionnat. Mais la comparaison s’arrête vite : Vita Nostra est un roman d’apprentissage qui ne s’embarrasse pas de conflits et de prophéties, et si on peut voir dans l’apprentissage de Sacha une forme de magie, le mot n’est jamais prononcé dans le roman (sauf une fois dans un contexte pas du tout scolaire) et chacun pourra y aller de son interprétation personnelle.
Ce que j’ai aimé dans ce roman pour commencer, c’est qu’il est captivant : dès les premières pages, on a l’impression d’être acculée dos au mur avec l’héroïne, et de ne rien pouvoir faire d’autre que d’affronter les épreuves avec elle. On se demande sans cesse dans quoi on met les pieds, jusqu’où ça va aller et si on (l’héroïne et le lecteur) en ressortira indemne.
Moi qui lis assez peu en ce moment, j’ai bouclé ma lecture en trois jours, et franchement je ne l’aurais pas lâché une minute si mon emploi du temps me l’avait permis. Je pense d’ailleurs que j’ai été d’une humeur exécrable ce week-end-là parce que ce bouquin me bouffait de l’intérieur. Mais ne prenez pas cela comme une critique, au contraire, c’est une sensation agréable à sa façon tant cela m’arrive rarement ces derniers temps.
La deuxième chose que j’ai apprécié dans ce roman, c’est son héroïne, Sacha. C’est un très joli portrait d’adulte en devenir, bourrée de contradictions et conflits intérieurs, à la fois très attachée à sa mère et soucieuse de prendre son indépendance. C’est un personnage que j’ai trouvé hyper attachant et avec lequel j’ai immédiatement accroché (des fois que l’histoire ne suffise pas !).
Enfin, j’ai beaucoup aimé Vita Nostra pour ses mystères. Ces derniers temps, j’ai souvent été frustrée par des histoires que je ne comprenais pas. Vita Nostra est une histoire qui ne fournit pratiquement aucune explication claire, mais pourtant c’est excellent. Pourquoi ? Parce que la narration fonctionne extrêmement bien, au point qu’on se laisse entraîner sans se poser de questions dans des séquences à vous retourner le cerveau, dans une veine qui ne peut être expérimentée que par la lecture.
En expliquant peu, le roman laisse la porte ouverte à de nombreuses interprétations. C’est d’ailleurs très intéressant de comparer les points de vue : je n’ai lu pratiquement que des avis enthousiastes, mais chacun avait sa propre interprétation du livre.
Pour ma part, j’ai vu dans ce roman une excellente façon de parler du passage à l'âge adulte, mais aussi une formidable métaphore de ce qui doit se passer dans la tête des enfants lorsqu'ils grandissent et doivent faire coïncider leurs actes avec des règles qu'ils ne comprennent pas. Alors qu’on traverse une période un peu difficile avec ma fille qui est en pleine acquisition du langage, cela me donne un petit aperçu de ce qui doit se passer à l’intérieur de sa tête.
Captivant, ultra addictif et d’une étrangeté qui laissera soin à chacun de faire sa propre interprétation, Vita Nostra est un très beau roman qui n’a eu aucun mal à me charmer et qui mérite largement tous ses lauriers (Prix Imaginales et GPI de cette année). J’espère vous avoir donné envie de le découvrir, et qu’il saura vous aussi vous enchanter.