Avouons-le tout de suite : la mythologie ne m’a jamais passionné. Je connais Homère par le biais d’Ulysse 31 et jusqu’à peu je pensais que l’Enéide était un alcaloïde. Alors la lecture du résumé de Lavinia ne m'a guère excité. Heureusement, juste en dessous était marqué Ursula K. Le Guin, nom rassurant qui m’a convaincu d’entamer la lecture. Bien m'en a pris : ce livre est une perle.Mais reprenons au début : l’Enéide, œuvre poétique colossale et inachevée écrite par le poète latin Virgile entre 29 et 19 avant JC, déroule les aventures du troyen Enée, de sa fuite de Troie jusqu’à son arrivée dans le Latium et son union avec Lavinia, fille du roi Latinus. C’est à cette dernière que s’intéresse Ursula Le Guin : alors que ce personnage est à peine évoqué dans l’Enéide, elle devient la narratrice du roman. Dès lors, le point de vue change radicalement : le récit démarre à la dernière partie du poème de Virgile et continue après la mort d’Enée. Les guerres et les batailles passent au second plan, supplantées par les intrigues familiales, la diplomatie et la soumission aux oracles et prophéties. Car Lavinia, tout comme son père, place ceux-ci devant tout le reste, jusqu’à leur obéir totalement, quitte à déclencher une guerre. Et si elle peut apparaître comme une femme soumise, cela donne un éclat d’autant plus grand à ses quelques révoltes, face à sa mère ou à Ascagne, le premier fils d’Enée.Là se situe la réussite du roman : ce personnage au premier abord effacé, victime des événements et des prédictions, se révèle d’une grande complexité, mêlant une force de caractère peu commune et une vision du futur limpide fournie par les oracles à des doutes et des remises en cause régulières. Loin de l’image d’écrivain froid de ses débuts, Ursula Le Guin nous livre avec Lavinia l’un de ses meilleurs livres, portrait d’une femme hors du commun échappée de son poème antique, livre récompensé du prix Locus du meilleur roman de fantasy en 2009. Ajoutons que la culture classique de l’auteur (Le Guin a étudié en France et a rédigé une thèse sur la poésie de Ronsard, lui-même fortement inspiré par Virgile) donne une crédibilité et un réalisme unique à l’univers de Lavinia et vous comprendrez que vous n’avez plus aucune excuse pour passer à coté de ce chef-d’œuvre.

Le Guin - Lavinia - Noosfere

Avouons-le tout de suite : la mythologie ne m’a jamais passionné. Je connais Homère par le biais d’Ulysse 31 et jusqu’à peu je pensais que l’Enéide était un alcaloïde. Alors la lecture du résumé de Lavinia ne m'a guère excité. Heureusement, juste en dessous était marqué Ursula K. Le Guin, nom rassurant qui m’a convaincu d’entamer la lecture. Bien m'en a pris : ce livre est une perle.

Mais reprenons au début : l’Enéide, œuvre poétique colossale et inachevée écrite par le poète latin Virgile entre 29 et 19 avant JC, déroule les aventures du troyen Enée, de sa fuite de Troie jusqu’à son arrivée dans le Latium et son union avec Lavinia, fille du roi Latinus. C’est à cette dernière que s’intéresse Ursula Le Guin : alors que ce personnage est à peine évoqué dans l’Enéide, elle devient la narratrice du roman. Dès lors, le point de vue change radicalement : le récit démarre à la dernière partie du poème de Virgile et continue après la mort d’Enée. Les guerres et les batailles passent au second plan, supplantées par les intrigues familiales, la diplomatie et la soumission aux oracles et prophéties. Car Lavinia, tout comme son père, place ceux-ci devant tout le reste, jusqu’à leur obéir totalement, quitte à déclencher une guerre. Et si elle peut apparaître comme une femme soumise, cela donne un éclat d’autant plus grand à ses quelques révoltes, face à sa mère ou à Ascagne, le premier fils d’Enée.

Là se situe la réussite du roman : ce personnage au premier abord effacé, victime des événements et des prédictions, se révèle d’une grande complexité, mêlant une force de caractère peu commune et une vision du futur limpide fournie par les oracles à des doutes et des remises en cause régulières. Loin de l’image d’écrivain froid de ses débuts, Ursula Le Guin nous livre avec Lavinia l’un de ses meilleurs livres, portrait d’une femme hors du commun échappée de son poème antique, livre récompensé du prix Locus du meilleur roman de fantasy en 2009. Ajoutons que la culture classique de l’auteur (Le Guin a étudié en France et a rédigé une thèse sur la poésie de Ronsard, lui-même fortement inspiré par Virgile) donne une crédibilité et un réalisme unique à l’univers de Lavinia et vous comprendrez que vous n’avez plus aucune excuse pour passer à coté de ce chef-d’œuvre.

Publié le 18 février 2011

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