Afin de rendre hommage aux poètes ainsi qu’à la figure éponyme de ce roman, Ursula K. Le Guin nous livre le récit de vie de Lavinia, à travers le temps, en lui donnant enfin l’occasion de raconter elle-même son histoire.
Un très beau texte, qui dresse le portrait d’une femme touchante et réaliste, qu’on prend de plus en plus plaisir à suivre, à mesure qu’on l’observe se battre pour ses convictions et pour ce qui lui est cher. Malgré une position sociale, pas toujours évidente à tenir, elle ne se laisse pas démonter et fait montre d’une certaine intelligence quand il s’agit de se sortir d’un mauvais pas.
Ce bel hommage est ici servi par une narration à la fois audacieuse et intéressante ; à plusieurs reprises, on va avoir droit à une mise en abîme de la figure du poète, celui-là même qui évoque Lavinia dans l'Énéide, sans lui rendre forcément justice. On sent ici une volonté de “réparer cette erreur” en permettant un lien entre la narratrice et celui qui lui a donné vie d’une certaine façon, en aidant la première à mieux comprendre sa destinée pour en devenir l’actrice principale. Tout cela accompagné par quelques sauts temporels, qui ne perdent pas le lecteur et ne nuisent pas à la fluidité générale de l'œuvre. [...]