Ursula K. Le Guin est un des tout grands auteurs des littératures de l'imaginaire. Cette Américaine de 81 ans a écrit des chefs-d'oeuvre, comme La main gauche de la nuit, Le nom du monde est forêt, L'autre côté du rêve, Les dépossédés. Son imaginaire s'ancre sur l'individu et les sociétés. Les sciences sociales, l'anthropologie sont ses vecteurs théoriques, mais ce sont les êtres qui la concernent. Et elle n'a pas son pareil pour mettre en scène des personnages, humains ou extraterrestres d'ailleurs, et des mondes qui sont à ce point crédibles qu'on se croirait dans un roman réaliste. Lavinia est un personnage de mythologie et de poésie. Elle apparaît dans L'Enéide de Virgile. Enée s'établissant dans le Latium prend la fille du roi Latinus pour épouse. C'est Lavinia. Trois vents pages dans Lavinia. Qui sont la voix de cette oubliée du poète romain. Et cette voix est réelle comme un rêve. Ou un poème.  Car davantage peut-être qu'un roman, c'est une longue ode que Le Guin écrit. Avec une maîtrise absolue du style, de la subtilité, de la fluidité de la prose. Et c'est un hymne à Lavinia, c'est-à-dire à la femme, forte et fragile, décidée et désemparée, pour qui l'on se bat et pour qui l'on conclut la paix.  Enée est un guerrier couturé, un bel homme, un bon mari, un héros venu de Troie pour établir les racines de l'empire romain, comme le veut l'histoire de Virgile. Mais c'est Lavinia qui le choisit, qui l'épouse, qui force son destin et permet ainsi la fondation de Rome. L'histoire de Rome est féministe. Comme l'histoire du monde, Ursula La Guin vous le dira. Superbe réflexion sur la place de la femme dans la société, sur la religion et les rites, sur le pouvoir, ce Lavinia est un ravissement. Un pur plaisir de lecture, que l'on savoure lentement.   Jean-Claude Vantroyen

Le Guin - Lavinia - Le Soir

Ursula K. Le Guin est un des tout grands auteurs des littératures de l'imaginaire. Cette Américaine de 81 ans a écrit des chefs-d'oeuvre, comme La main gauche de la nuit, Le nom du monde est forêt, L'autre côté du rêve, Les dépossédés.

Son imaginaire s'ancre sur l'individu et les sociétés. Les sciences sociales, l'anthropologie sont ses vecteurs théoriques, mais ce sont les êtres qui la concernent. Et elle n'a pas son pareil pour mettre en scène des personnages, humains ou extraterrestres d'ailleurs, et des mondes qui sont à ce point crédibles qu'on se croirait dans un roman réaliste.

Lavinia est un personnage de mythologie et de poésie. Elle apparaît dans L'Enéide de Virgile. Enée s'établissant dans le Latium prend la fille du roi Latinus pour épouse. C'est Lavinia. Trois vents pages dans Lavinia. Qui sont la voix de cette oubliée du poète romain. Et cette voix est réelle comme un rêve. Ou un poème. 

Car davantage peut-être qu'un roman, c'est une longue ode que Le Guin écrit. Avec une maîtrise absolue du style, de la subtilité, de la fluidité de la prose. Et c'est un hymne à Lavinia, c'est-à-dire à la femme, forte et fragile, décidée et désemparée, pour qui l'on se bat et pour qui l'on conclut la paix. 

Enée est un guerrier couturé, un bel homme, un bon mari, un héros venu de Troie pour établir les racines de l'empire romain, comme le veut l'histoire de Virgile. Mais c'est Lavinia qui le choisit, qui l'épouse, qui force son destin et permet ainsi la fondation de Rome. L'histoire de Rome est féministe. Comme l'histoire du monde, Ursula La Guin vous le dira.

Superbe réflexion sur la place de la femme dans la société, sur la religion et les rites, sur le pouvoir, ce Lavinia est un ravissement. Un pur plaisir de lecture, que l'on savoure lentement.

 

Jean-Claude Vantroyen

Publié le 1 août 2011

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