Mon premier coup de cœur de 2024 avec Lavinia !
C'est une réédition (2023) d'Ursula Le Guin, dans une super traduction de Marie Surgers. Le livre a été récompensé en 2009 du Locas Award et c'est plus que mérité !
Je vous dis tout de suite que c'est un 5/5.
Je ne sais pas vous, mais moi, la mythologie, je la connais surtout du côté des Grecs, des batailles, des prises de tête entre les dieux divers et variés. Alors quand on se place du côté des Latins en Italie, que les dieux sont restés loin derrière avec l'Énéide et la Guerre de Troie, on a quelque chose avec une autre et nouvelle saveur.
On suit Lavinia, la fille du roi Latinus. Malgré leur titre, leur vie reste simple, dans un cocon de nature, de la forêt au Tibre, et les dieux qu'on honore sont ceux du foyer et des moissons. Mars est craint, et à son retour chaque année, la guerre vient et menace la paix du roi. Et elle est loin d'être glorieuse : les Héros, Énée lui-même, en sont fatigués. En slide 3 et 4, la suite de ces événements morbides exposés par son "poète" à Lavinia, qui ne comprend pas pourquoi elle motive tant les hommes, dans un passage puissant.
Quelle poésie dans ce texte, quel rythme tranquille, avec une narration toujours en tension, quelle envie de revenir à une vie moins citadine, aussi. La narration est a posteriori par Lavinia, qui s'interroge sur sa place et ses pouvoirs dans son monde en tant que femme, fille de roi, épouse de roi, mère de roi, proche de son peuple et de ses dieux vers qui elle aime se tourner, jusqu'au jour où elle rencontre son "poète" qui lui livre des secrets sur son futur.
Pas vraiment de chapitres, mais des passages de longueurs changeantes pour rythmer visuellement la présentation du texte. Et pour couronner le tout, détail que j'adore dans mes lectures, une petite postface (5) qui revient sur l'écriture et les sources utilisées.
Ça se lit petit à petit en se plongeant dans l'ambiance, et se relit, je pense, quand on a à nouveau besoin de poésie, de nature et de vie.