C'était juste une ligne, c'est maintenant un roman, une épopée, l'histoire d'une femme, de son royaume, son amour, ses envies, sa destinée.
Ursula K. Leguin décide de mettre en avant l'épouse d'Enée, Lavinia. Pourtant le poète ne lui aura consacré qu'une ligne, se serait-il trompé ? Au travers de l'écriture si caractéristique de l'autrice, nous voilà plongés dans cette époque qui croise l'épique, dans un royaume aux changements constant. Pris entre les Guerre, les Dieux et les Oracles, se forge le destin d'une femme.
L'autrice avec son talent arrive d'emblée à nous faire voyager dans cette époque très reculée de l'âge des Hommes. Celle où les feux de foyers étaient vénérés comme des Dieux, les poètes écoutés, le berceau de quelque chose de grand mais aussi de décadent va se mettre en place. Au travers de sa plume on se sent au centre de l'action, les descriptions sont toutes plus riches et complexes les unes que les autres.
Lavinia propose une Histoire, celle d'un destin commun, qui va devenir hors du commun, porté par des oracles, des tragédies et une Guerre, celle où les hommes tuent des hommes parce que des hommes ont été tués par des hommes. Mais ça n'est pas là que réside toute la force du roman entre le fer maculé de sang et les armures d'or, non.
C'est dans sa poésie, les rencontres avec le poète, l'émancipation de Lavinia, son parcours de filles, femme et Reine. Une épopée où toutes les plus grandes tragédies de la vie se rejoignent, se croisent et permettent à Lavinia de prendre vie, de s'épanouir et de mourir. Le récit d'une femme qui sans Ursula K. Leguin, aurait été condensé en une seule ligne.
Lavinia c'est la promesse d'une lecture épique, transporté dans un univers crédible. Vous êtes ce petit être omniscient qui voit tout, connaît tout, et qui regarde la ligne du temps s'écouler avec des grands yeux admiratifs, parce que si on connaissait Enée, Lavinia a aujourd'hui toute sa place dans cette terrible époque, où la poésie s'en était faîte conteuse, elle s'était juste trompée de point de vue.