Djéli CLARK déjoue effectivement tous les codes habituels du genre avec un contexte historique connu: le Sud des Etats-Unis dans les années 20 sur fond de racisme, du Klan, de la prohibition,
L’héroïne a la peau sombre détient une épée invisible, un pouvoir venu du fond des âges, des violences durant la longue période du trafic d’esclaves en Afrique. Elle est associée à une ancienne militaire qui a fait ses classes de mort durant la première guerre mondiale.
Toutes deux appartiennent à une congrégation où se retrouvent d’anciennes esclaves noires, dont certaines sont l’héritière de la magie de leurs ancêtres. Qui parlent des langues anciennes dont le gullah. Et qui pratique la danse du Ring Shout.
Leur cible, les Ku Kluxs,
… c’est que les figures de ces bonshommes elles bougent. Je pèse mes mots : elles ne restent pas immobiles pour un sous… Le premier Ku Klux tombe à quatre pattes, les paumes à plat et les jambes repliées, tant bien qu’il s’appuie sur les orteils. D’un long coup de langue, il lèche la carcasse du chien, se barbouillant les lèvres et le menton de sang… Puis, aussi vif que l’éclair, il ouvre grand la bouche, plante les dents dans la charogne et arrache de gros morceaux de viande de chien, qu’il gobe tout rond…
Cette guerre, sans merci, se déroule sous les yeux « aveugles » et méprisant de blancs bien-pensants !
Ce qu’ignore Maryse, c’est qu’elle a été repérée par ces mêmes Ku Kluxs dans des circonstances dramatiques qu’elle tente d’oublier. Repéré par celui, leur chef de file, qui semble tout connaître de Maryse… Et qui va tenter de la convaincre pour une alliance permettant à une entité, la Grande Cyclope, d’asseoir sa suprématie sur notre monde.
Eternelle lutte du bien et du mal ! Quel rôle y joue le film de W. Griffith Naissance d’une Nation. Et le personnage énigmatique du Dr Bisset…
Un court roman dense ; à la fois frénétique dans l’action, rempli de références culturelles américaines. Où le fantastique naît à chaque page. Qui va vous entraîner dans la ronde du Ring Shout. Avec ces mélopées envoutantes, son rythme martelé et scandé par une voix unique : celle des opprimés, du peuple afro-américain ! Et des Grands Anciens, bien éloigné de l’imagination fiévreuse d’un Lovecraft. Mais encore vivace dans ces voix venues du fond des âges, de l’Afrique d’origine !
Je vous recommande Ring Shout ; en fait les 3 volumes de P. Djéli CLARK arrivés jusque chez nous, aux éditions de l’Atalante. Un conteur de grand talent. Et encore une mention spéciale à Mathilde Montier pour sa traduction si fidèle à l’esprit de l’auteur….
Les Chroniques d'Arrakis