Défaillances systèmes est à mettre dans les mains de tous les fans de science-fiction pleine d’action et de héros solitaires.

Les Chroniques de l'imaginaire
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Défaillances systèmes a reçu le prix Hugo du meilleur roman court en 2018, le prix Locus du meilleur roman court en 2018, le prix Alex, récompensant les dix meilleurs romans Young Adult de l'année, en 2018 et le prix Nebula du meilleur roman court en 2017.

AssaSynth est un hybride mi-robotique, mi-humain servant d’agent de sécurité pour une grande compagnie. Son contrat actuel est d’assurer la protection d’une équipe de scientifiques étudiant une planète non colonisée. Quel type de scientifiques, quelle planète ? Iel l’ignore. Iel aurait pu consulter les documents lui ayant été envoyés au début de la mission mais les réponses à ces questions ne lui font ni chaud ni froid. 

En réalité, AssaSynth ne souhaite que deux choses : limiter le plus possible les interactions avec les humains, quitte à se faire passer pour un être entièrement robotique dépourvu d’émotions, et regarder à la chaîne des épisodes de sa série préférée, « Apogée et déclin de la Lune sanctuaire ». Bien entendu, iel doit aussi cacher à ses clients qu’iel a piraté son propre module pour ne plus être obligé d’obéir à des ordres.

Ses ambitions sont mises à mal lorsque les scientifiques sont attaqués par une espèce non répertoriée. AssaSynth se rend alors vite compte que les rapports sur la planète ont été falsifiés, mettant en danger les personnes qu’il doit protéger et auxquelles iel commence malgré lui à s’attacher. Iel va devoir mettre tout en jeu pour les sauver, y compris sa vie et ses secrets.

Cette première des quatre novellas de la série Journal d’un AssaSynth adopte un rythme effréné. À peine a-t-on fait la connaissance de notre narrateur et héros qu’un monstre tente de dévorer l’un de ses protégés ! Les aventures s’enchaînent crescendo et on se laisse avec plaisir happer par toute cette action. Heureusement, on ne ressort pas essoufflé de sa lecture.

Les nombreuses réflexions d’AssaSynth offre un contrepoids bienvenu à ces nombreuses péripéties. Son caractère d’être asocial souhaitant juste regarder un autre épisode de sa série apporte une touche d’humour bienvenu au récit et pourra même susciter une certaine connivence avec le lecteur. Qui n’a jamais souhaité, en certaines occasions, souffler un peu dans son coin plutôt que de faire la conversation avec des inconnus ?

J'ai aussi beaucoup aimé la manière dont le héros se perçoit lui-même : pas comme une moitié d'humain ou une moitié de robot mais comme un être à part entière. Il n'est d'ailleurs pas non plus sexué, d'où l'usage fréquent du pronom « iel » dans les dialogues des autres personnages pour le ou la désigner. Cela ne m'a pas posé du tout de problème à la lecture et l'idée fonctionne d'ailleurs plutôt bien, ce roman étant aussi celui d'un être voulant vivre sa vie de son propre chef, en s'affranchissant des représentations que les autres peuvent avoir sur lui ou elle.

On pourra peut-être regretter que l’univers ne soit pas très détaillé mais il n’en a en réalité pas besoin. L’emphase n’est pas mise sur l’univers mais sur la vie d’AssaSynth. Si ce roman était un film, il s’approcherait bien plus d’un blockbuster truffé de scènes d’action – de type Total Recall, même si l’histoire est très différente – que d’un film plus contemplatif. Pour cette raison aussi, les personnages secondaires restent peu décrits à l’exception peut-être de la commanditaire de l’expédition, Mensah, principale interlocutrice d’Assasynth. Pour ma part, je trouve appréciable de lire de temps à autre de la science-fiction orientée sur l’aventure plutôt que sur la description d’autres univers, sociétés ou technologies.

Défaillances systèmes est à mettre dans les mains de tous les fans de science-fiction pleine d’action et de héros solitaires.

 Lucie


Publié le 7 mai 2019

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