« Oui, je sais, ce n'est pas bien de fouiller les journaux des autres. Mais là, n'hésitez pas, vous allez adorer ! »

Après les romans bien costauds et les nouvelles au coin du feu, je vous invite cette semaine à découvrir une novella très fun. Préparez-vous, il va y avoir des explosions, des cyborgs, des bestioles patibulaires et autres joyeusetés dignes d'un film de Michael Bay. Faut dire que la vie d'un AssaSynth, c'est loin d'être de tout repos !

Vous avez bien goûté aux joies d'un voyage tranquille dans l'espace avec la dernière chronique SF ? Pour la nouvelle année 2020, je vais vous secouer bien comme il faut.

J'ai profité d'un peu de temps entre deux bûches glacées pour fouiller ma PAL - ou Pile A Lire - et dégoter une petite pépite. Je voulais une histoire rapide à lire, sans prise de tête, histoire de digérer tranquillement la fin d'année. Bingo, je suis tombé sur un journal intime. Et pas n'importe lequel en plus : celui d'un assassin cybernétique. Oui, je sais, ce n'est pas bien de fouiller les journaux des autres. Mais là, n'hésitez pas, vous allez adorer !

 

    "J'aurais pu faire un carnage dès l'instant où j'ai piraté mon module superviseur ; en tout cas, si je n'avais pas découvert un accès au bouquet de chaînes de divertissement relayées par les satellites de la compagnie."

Pour ceux qui rejoignent cette chronique en cette nouvelle année - meilleurs vœux à tous - permettez-moi de vous rappeler un fait que j'adore dans les livres : les dépats sur les chapeaux de roues. Avec le premier tome du Journal d'un AssaSynth, j'ai été gâté !

Notre héros est un tueur cybernétique n'ayant plus grand-chose d'humain. Son corps modifié à outrance est conçu pour être une vraie machine de guerre. Fort heureusement, il est contrôlé par une méga-corporation qui propose les services de ses SecUnits à ses clients partout dans la galaxie.

Ha non en fait, pas de bol, notre cher AssaSynth sans nom a piraté son module superviseur, ce qui lui permet de faire ce qu'il veut... Coup de chance, notre cyborg préfère mater des séries plutôt que bosser sérieusement - en tuant des gens par exemple.

C'est sur cette entrée en matière savoureuse que commence notre épopée musclée aux côtés de notre assassin futuriste légèrement flemmard sur les bords. Outre l'aspect comique, cette introduction nous met de visu dans l'ambiance de la petite centaine de pages qui suivront : action, action et encore action. J'approuve !

    "AssaSynth + vrai humain = malaise général."

Accro aux séries en streaming, notre héros est aussi du genre asocial. Il faut dire qu'un mélange de chair et d'acier capable de perdre un bras ou se faire ouvrir le ventre sans moufter, ça met en général assez mal à l'aise.

L'AssaSynth tente donc au mieux d'éviter les contacts avec ses clients à protéger, une équipe de scientifiques en maraude sur une nouvelle planète à explorer. Le malaise tend toutefois à se dissiper au fil du livre, les actions entreprises par le SecUnit lui faisant gagner un certain crédit auprès de ses utilisateurs.

Vues par les yeux du cyborg, les interactions humaines qui nous semblent si naturelles prennent une tournure souvent comique. J'ai eu bien du mal à m'empêcher de rire à de nombreuses reprises. La novella de Martha Wells adopte ainsi un ton léger tout du long, ce qui en fait un récit pop-corn idéal entre deux grosses lectures plus sérieuses.

 

     "On a perdu la liaison satellite."

Citez-moi une œuvre où une mission scientifique se déroule bien du début à la fin... En toute franchise, je crois que je n'en ai jamais vu !

Sans surprise aucune, notre équipe - déjà pas très débrouillarde face aux dangers naturels de la planète à investiguer - se retrouve vite face à une situation imprévue. Une autre équipe de reconnaissance ne répond pas et les communications tombent en rade plus vite qu'il ne faut de temps pour regarder le dernier épisode de The Mandalorian.

C'est à partir de là que nous commençons à en apprendre un peu plus sur l'univers de Martha Wells. Tout est dirigé par des méga-corporations qui n'hésitent pas à se tirer dans les pattes, même si ça doit occasionner quelques “oups, dommage collatéral, désolé”. On nage en plein trip cyberpunk, ce que j'apprécie tout particulièrement !

    "Ils étaient tous morts. Un point pour le pessimisme."

Libéré de son module superviseur, notre AssaSynth va devoir mettre de côté sa répulsion des contacts humains - et ses films en cours - pour tenter de redresser la barre. Comme vous pouvez vous en douter, l'absence de réaction sur la base DeltFall n'est pas bon signe.

Je m'abstiendrai de vous gâcher l'intrigue du roman. On retiendra juste que quelqu'un en veut à nos pauvres scientifiques et semble bien décidé à rayer leur présence de la surface de la - nouvelle - terre.

Les amateurs de complots complexes risquent de rester sur leur faim. Il faut dire qu'on est ici face à une novella tout ce qu'il y a de plus simple. Difficile de développer en cent pages les plans machiavéliques de la corporation Umbrella... Ha non, pardon, cette fois c'est pas eux les coupables !

    "AssaSynth, fin de transmission."

Journal d'un AssaSynth n'est pas qu'une suite de scènes toutes plus badass les unes que les autres. Bon ok, c'est ça en grande partie. Mais ce serait négliger l'aspect humain de ce roman. Car derrière l'armure blindée de notre héros se cache un petit cœur qui bat.

Malgré son émancipation auprès de la Compagnie, il reste aux côtés des scientifiques pour les protéger. Au travers de ses contradictions et de ses découvertes, notre AssaSynth gagnera un bien précieux : l'individualité. C'est là la partie immergée de l'iceberg de cette excellente novella, celle qui nous rend si attachant ce cyborg qui ne manquera pas de faire penser à Terminator dans ses beaux jours.

Pour ma part, je me suis régalé avec ce premier tome de Journal d'un AssaSynth. Moins barré qu'un Dino Hunter mais tout aussi plaisant, je ne peux que vous recommander ce très bon roman. Si vous souhaitez passer un petit moment tranquille sur une histoire de SF pas prise de tête, foncez !

Publié le 13 février 2020

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