La première édition de ce roman date de 2004… et vous devez bien vous douter que je l’avais lu en son temps. J’en gardais un bon souvenir, mais diffus, insuffisant pour vous en faire une chronique. Alors je l’ai relu et c’est un exercice que j’apprécie peu. Pourquoi ? Pour deux raisons. Cela montre souvent que notre première lecture est excessivement subjective – on lit en fonction de ce qui nous préoccupe à l’instant de la lecture – et cela confirme le fait que le temps nous a changés, et l’on sait bien que cela peut-être difficile à admettre. Première surprise : si l’action principale qui oppose deux conceptions de l’usage de la magie était restée dans ma mémoire, les noms des personnages et même certains d’entre eux s’étaient évaporés au fil du temps.
L’action se passe dans une sorte de Moyen âge déserté par les dieux qui ont regretté l’usage fait par les humains de la magie qui leur avait été confiée. Le don de magie est aléatoire et doit être signalé, celui qui le possède fréquentera la Haute-École pour apprendre à le maîtriser. Aussi des « Chasseurs » sillonnent-ils le pays à la recherche des non signalés. Dans l’autre pays, ceux qui pourraient avoir le don sont tués à la naissance. Les deux régions sont en guerre. Le directeur de la Haute-École est un magicien pervers. Mais face à lui se dresse lentement mais sûrement la toute-puissance organisée des doués de don non répertoriés et qui voudraient que la magie cesse d’être utilisée comme elle l’est et soit mieux acceptée. Vous avez remarqué ? Je n’ai volontairement cité aucun nom de personnage. La raison en est simple, « la clandestinité » est un des ressorts de l’histoire et, surtout, à un moment donné de ma relecture, j’ai eu l’impression que l’auteure n’aimait pas certains de ses personnages. Je trouvais des différences de traitement, je me suis dit que c’était peut-être moi qui projetais mon antipathie. Alors j’ai posé la question à l’auteure. Voici sa réponse : « Hé bien, oui, j’aime tous mes personnages, même les plus affreux. Après, pour Haute-École, c’était quasiment mon premier roman, il y a des choses que je ferais sans doute différemment aujourd’hui. » Vous voulez la leçon que j’ai tirée de cette réponse ? Je ne crois pas que l’on puisse faire de lecture objective. Il y a toujours, que cela vienne de l’auteur ou du lecteur, un petit quelque chose (de magique) qui vient orienter notre appréhension des mots.
Bonnes lectures et, faites attention, c’est un livre difficile à poser pour faire autre chose…