Ce qui pourrait passer pour de la fantasy est en effet abordé de telle sorte que l’on comprend assez vite que ce sont les humains les principaux responsables de l'hostilité de la nature.

Le livre de Koli - Présences d'esprits n°113

Le jeune Koli Woodsmith vit au nord d’une Engleterre post-apo,dans le village fortifié de Mythen-Croyd,coupé du reste du monde. La vie y est relativement paisible et protégée des attaques extérieures, car désormais, tout ce qui vit est dangereux: des rats géants aux insectes mutants, en passant par les arbres, capables de se déplacer pour écraser leurs proies, quand ce ne sont pas leurs graines voraces qui poussent à toute vitesse dans le premier organisme vivant rencontré. C'est pour cela que Mythen-Croyd est défendu par ses Remparts, les individus les plus privilégiés du village, ceux qui ont été reconnus et choisis par les techs anciens avec lesquels ils protègent la communauté. Pour devenir Rempart, il faut passer l'épreuve le jour de ses seize ans. Mais bizarrement, tous les Remparts sont issus de la même famille,ou presque.Ils habitent tous à Fort Rempart, le plus grand bâtiment du village. Et ils gardent soigneusement leurs secrets… Koli pourtant ne rêve que de ça : devenir Rempart. Or il échoue lors de la cérémonie, alors que son meilleur ami, Haijon Vennastin, dont la mère est Rempart Feu, réussit à réveiller le tech de son oncle, Rempart Couteau… et dans la foulée à séduire Toupie dont Koli s'est épris depuis des années sans jamais avoir osé le lui avouer.
Lors d'une attaque de drones, Koli aide Ursala, la guérisseuse itinérante qui passe régulièrement au village, et celle-ci lui offre en échange de répondre à ses questions sur les techs. Son tout jeune savoir va le conduire à enfreindre les lois et à quitter Mythen-Croyd… On suit donc Koli qui nous raconte rétrospectivement ses aventures,sur un ton mélancolique et désabusé et selon un principe narratif qui ne vont pas sans rappeler Chronique du tueur de roi de Patrick Rothfuss ou Le cycle de Syffe de Patrick Dewdney, pour ne citer que ceux qui me sont venus immédiatement à l'esprit. Dans le tome 2 s'ajoute la voix de Toupie, restée au village, dont le récit s'intercale entre celui de Koli,en chemin pour trouver l'ancienne Londres. On retrouve l’ambiance des récits post-apo, même s'il faut supporter l'absence de subjonctif à chaque occasion où la syntaxe l'exige en temps normal. Cette fidélité stylistique au texte original honore Patrick Couton, le traducteur, mais l'on peut s'interroger sur la pertinence de ce choix par l’auteur pour à la fois identifier la «voix» de Koli et marquer la perte de connaissance due à l'effondrement de la civilisation occidentale que nous connaissons.

Roman initiatique, donc, et d'aventure, bien sûr, dans un cadre qui est sans doute ce qui reste à l'esprit le plus intéressant, une fois les livres terminés. Ce qui pourrait passer pour de la fantasy est en effet abordé de telle sorte que l’on comprend assez vite que ce sont les humains les principaux responsables de l'hostilité de la nature, et les explications distillées au fil des pages renouvellent le genre d'agréable manière [...]. On s'attache aux personnages dont la personnalité et les relations s'approfondissent et se complexifient au fur et à mesure, notamment Ursala et Monono, sans parler de Tasse, Toupie et Koli lui-même. [...]


François ‘767’ Manson

Publié le 7 novembre 2023

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