M.R. Carey, auteur de Celle qui a tous les dons, revient en librairie en français le 23 septembre prochain avec le tome 1 de la trilogie Rempart, intitulé Le livre de Koli. Publié par les éditions L’Atalante dans la collection La dentelle du cygne, ce roman postapo nous suggère de nous méfier des arbres… Intriguée, c’est avec impatience que je me suis jetée sur cette lecture en avant-première et voici ce que j’en ai pensé…
« Le monde, c’est rien à côté des histoires qu’on se raconte. Il se plie à la forme qu’on veut. […] Mais, si le monde se plie si facilement, ce qui est vrai, des fois il revient d’un coup en arrière comme une branche verte, et on le reçoit en pleine figure. »
Le livre de Koli est un roman initiatique postapocalyptique qui suit un déroulé plutôt classique, peuplé de rebondissements, de découvertes, de déconvenues et de résolutions parfois trop miraculeuses. Mais c’est aussi bien plus que cela. Reprenant les codes habituels du genre, M.R. Carey y verse comme à son habitude sa petite note d’originalité qui dynamise complètement la lecture et la rend captivante grâce à une narration très immersive. L’auteur nous propose en effet un roman à la première personne où Koli nous raconte son histoire. Mais Koli est né dans le monde d’après, dans une société redevenue primitive, et il décrit le monde et son histoire avec ses méconnaissances et ses reconstructions. Un point de vue qui apporte une réelle fraîcheur à la lecture et crée un décalage savoureux entre ce que croit comprendre Koli et ce que nous, humains du XXIème siècle savons. Et cela touche jusqu’à une évolution de la langue qui, au fur et à mesure des années à modifier le vocabulaire ou l’écriture de certains mots. C’est très réussi en termes de style et ça rend la lecture passionnante. L’univers se dévoile ainsi progressivement sous le regard d’un Koli grandissant. Et il reste encore beaucoup à découvrir dans la suite que j’attends d’ores-et-déjà avec impatience!
« Je sais quand même une chose: celui qui prêche la bonne manière de vivre, comme si y en avait qu’une, il voit que d’un oeil, ou même pas du tout, et il vaut pas la peine qu’on l’écoute. »
Outre une narration immersive et réussie, Le Livre de Koli nous propose un univers postapo très intéressant qui mêle l’anticipation et le retour à une société primitive. Entre technologies du passé incomprises mais prisées et survie de chaque instant dans un monde devenu terriblement menaçant, c’est un roman qui nous parle d’obscurantisme, de contrôle excessif de la population pour la sécurité de toutes et tous ou encore d’émancipation. Le tout est aussi très bien construit, posant les problématiques logiques à ces modes de vie isolés. On appréciera également la menace de la nature qui contrebalance le rapport de force actuel comme un violent coup de karma dans la tronche de l'humanité et porte un message écologique juste. Profondément humain, c’est aussi et avant tout un roman initiatique porté par un personnage terriblement imparfait mais attachant. Le roman devient vite touchant, parce que même quand Koli fait ce que tout gamin jaloux et un peu benêt ferait, on a envie de le secouer mais aussi de le soutenir. Notons également une diversité intéressante et un appel à la tolérance et à l’apaisement que j’ai grandement apprécié et on frôle finalement le coup de coeur avec cette lecture, loupé de peu à cause de quelques baisses de rythme et de ficelles efficaces pour le divertissement mais un peu moins pour la tension.
En bref, Le livre de Koli est un roman terriblement efficace et très réussi à la narration aussi immersive que savoureuse qui apporte la touche d’originalité nécessaire à un roman postapo faussement classique. L’univers qui se dévoile peu à peu est très intéressant et le personnage principal, un peu anti-héros, est rapidement attachant. Une seule envie après cette lecture: lire la suite! Il sort le 23 septembre en librairie.
Les critiques de Yuyine
