J'avais terminé ma chronique du tome 1 avec ces mots : J'ai hâte de lire le tome 2 !
Eh bien je n'ai pas été déçue !
On retrouve Koli exactement là où on l'avait laissé à la fin du tome 1 : quelque part en Engleterre (non, ce n'est pas une faute de frappe !) avec Ursala, la femme accompagnée d'un tech appelé larbin, qui la défend et l'aide à soigner les gens à l'aide de son dagnostic. Il y a également Tasse, une jeune fille qu'ils ont libérée d'un prophète dangereux, mais qui, dangereuse elle-même pour eux, est leur prisonnière. Et sans oublier bien sûr Monono, la jeune fille virtuelle qui vit dans le DreamSleve, le tech volé par Koli, et qui est devenue son amie et alliée.
Tous les cinq (trois humains et deux techs) sont partis à la recherche d'un signal émis depuis Londres, un signal qui leur permet de penser que quelqu'un, là-bas, pourrait aider Ursala à réparer son dagnostic pour que le larbin puisse encore mieux soigner et guérir les gens.
L'histoire est racontée par Koli, mais également, et c'est la bonne surprise de ce tome, par Toupie, la jeune fille qui est restée au village de Mythen-Croyd, celle dont Koli était amoureux. Elle raconte ainsi son mariage avec le Rempart Vennastin, comment le village va affronter une épidémie qui se répand soudainement dans le village et tout ce qui va en découler.
Au cours de leur voyage, Koli et ses compères vont devoir affronter quantité d'épreuves, toutes plus dangereuses que les autres. Jusqu'à ce qu'ils arrivent à proximité de Londres, guidés par Monono, et découvrent avec stupeur et effroi que Londres... mais je ne veux pas en dire plus pour ne pas gâcher (divulgâcher, diraient les puristes) la surprise.
Ils trouvent refuge pour quelque temps dans un village qui va leur permettre de franchir un cap, notamment pour Tasse, qui entretemps est devenue un membre à part entière de cette famille bien étrange.
Ce roman est encore, à mes yeux, meilleur que le tome 1. Plus riche, plus intense, mais aussi plus intimiste lorsque les relations entre chaque personne du petit groupe se tissent au fil des jours.
La confrontation entre une humanité revenue à un état presque préhistorique, qui a tout oublié, même comment lire et écrire, et les techs, ces appareils de l'époque d'avant La Guerre Inachevée, est une vraie réussite.
Koli réussit à décrire avec ses mots simples, son langage qui ignore le subjonctif, son englais fait tout de bric et de broc, des engins que nous connaissons tous, mais sans bien sûr connaître leur nom ni savoir à quoi cela sert. C'est un véritable tour de force et j'imagine que l'auteur a dû s'imposer une sacrée gymnastique de l'esprit pour décrire une voiture, un char d'assaut ou un sous-marin ou même encore un assistant vocal sans utiliser les mots "roue", " volant", "rouler", "canon", "chenilles", "périscope", ou même "métal" tout simplement.
Le langage de Koli et de Toupie est parfois imagé, drôle, comme la quart-antenne, imposée pendant l'épidémie de la Mort rouge, ou les sautraines, ces fameux insectes qui sautent partout.
Et comme je le disais plus haut, le subjonctif a complètement disparu de l'englais. Et là, on se rend compte que, dans la vie courante, on l'utilise beaucoup ! "Je veux que tu vas", "Il faut qu'on prend", etc. Tout cela est déroutant, mais nous plonge encore plus dans ce monde étrange, post-apocalyptique où les survivants tentent de survivre à une catastrophe dont ils ignorent tout, dans un monde hostile, où les arbres peuvent être encore plus dangereux que les animaux sauvages. Avec ces dialogues très réalistes et cette écriture très "langage parlé", on se sent au plus proche des personnages.
J'ai adoré également dans ce tome la cohésion qui s'établit entre Monono, l'IA, à la base un simple lecteur MP3 probablement, et les humains qu'elle accompagne.
Dans ce roman, des sujets de fond sont également intelligemment traités, comme la religion, les croyances, mais aussi la transsexualité, la tolérance.
Un vrai coup de cœur, un auteur à suivre, et bien sûr une fin qui nous laisse véritablement impatients de lire le tome final !
Marquise
