M.R.Carey est un auteur de comics et de romans parmi lesquels figure Celle qui a tous les dons édité par l’Atalante et adapté en film en 2016. Son nouveau roman, le premier d’une trilogie, s’intitule Le livre de Koli, et a été publié fin septembre également par la maison d’édition nantaise. Le livre a obtenu une mention spéciale lors du prix Philip K. Dick 2021. La traduction est signée Patrick Couton.
L’histoire se déroule dans un monde post-apocalyptique et raconte l’histoire de Koli. Koli a 15 ans et habite Mythen-Croyd, un petit village de 200 personnes situé au nord d’un pays qui s’appelle l’Engleterre. Mythen-Croyd est entouré de remparts qui le protègent d’une nature très sauvage et dangereuse. Le monde est devenu hostile suite à de nombreuses guerres et à des bouleversements climatiques. Les humains qui ont survécu se regroupent dans des petites communautés restreintes comme Mythen-Croyd. Koli travaille à la scierie en compagnie de sa mère et de ses sœurs. Leur tâche consiste à faire que les arbres utilisés pour les maisons et autres restent bien morts. En effet, suite à tout ce que la nature a vécu comme horreurs, les plantes en ont eu marre de subir les méfaits des humains et se sont rebellées en les empoisonnant ou les mordant pour ensuite mieux les engloutir. La tache confiée à la scierie est ainsi de première importance pour éviter tout ennui au sein du village. Koli vient d’atteindre un âge important, et comme tous les jeunes de son âge, il doit bientôt passer une épreuve qui définira sa future affectation au sein de Mythen-Croyd. Il rêve de devenir un Rempart, ceux qui ont été reconnus et choisis par les « techs » anciens permettant d’assurer la protection de la communauté.
À première vue, le roman ressemble à pas mal d’autres du même genre, en mêlant roman d’initiation et post-apocalyptique. Mais il développe plusieurs points très intéressants, notamment au niveau de son univers. Les « techs », par exemple, sont des objets de l’ancien monde qui ont subsisté. Chacun a sa propre utilité mais ils servent aussi à définir les rôles de pouvoir au sein du village. Seuls ceux qui les font réagir et peuvent s’en servir ont des postes d’importance. La société décrite par l’auteur ressemble à une société primitive où la survie est difficile et où un petit nombre de personnes contrôle les autres.
Un autre point particulier du roman est sa narration très immersive. L’histoire est racontée par Koli à la première personne et à postériori. Comme il revient sur son histoire, il lui arrive de s’adresser à son lecteur en expliquant pourquoi il raconte tel ou tel événement dans cet ordre. Le jeune homme a un vocabulaire bien à lui et une manière de s’exprimer particulière. Le monde a changé et le langage également, ce que reflète la narration de Koli. On a un peu de mal à s’y faire au départ mais ce style est tout à fait logique et approprié à l’histoire. L’orthographe des mots a été modifiée (comme le montre le nom Engleterre), le vocabulaire également, la langue s’est adaptée aux évolutions monde.
Koli choisit de raconter son histoire en apportant les éléments de son monde par petites touches. On voit ainsi combien le monde a changé, cependant beaucoup d’éléments restent encore dans l’ombre et titillent la curiosité du lecteur. Le roman souffre d’une petite baisse de rythme vers le milieu, mais elle est compensée par l’envie d’en apprendre plus sur ce monde si particulier. Koli se dévoile peu à peu au lecteur et devient vite attachant, il apparait comme un peu benêt et jaloux au départ, avec des considérations de son âge, puis on découvre finalement un personnage profondément humain.
Le livre de Koli est ainsi un premier tome très réussi et qui donne envie de se plonger rapidement dans la suite. Mike Carey parvient à happer son lecteur et à le plonger dans son univers post-apocalyptique grâce à une narration très immersive. Avec ce premier tome d’une trilogie, il pose les bases d’une histoire solide, avec son lot de réflexions sur le monde.
Au pays des Caves Trolls