Parcours d’un auteur
Après un premier roman, Structura Maxima en 2003, c’est par la trilogie du Melkine, publiée par l’Atalante en 2012-2013 que le public des amateurs de SF a refait connaissance avec Olivier Paquet, déjà auteur de nouvelles dans les revues Galaxie et Asphodale. Ce cycle de romans, auquel on peut rattacher Bleu Argent (L’Atalante, 2014), s’inscrivait ans le genre du space opera et témoignait du goût de l’auteur pour l'utilisation de ses personnages comme un des moteurs de l’intrigue. Avec Les Machines fantômes, il change de registre pour se pencher sur les Intelligences artificielles. L’humain, bien sûr, n’est jamais loin…
L’ascension des machines grâce aux machinations d’un homme
Adrien Pellen est un trader doué de la société Optired, à qui il rapporte énormément d’argent. Il voit arriver le jeune Hans, trader comme lui, qui le séduit par sa beauté. Pour s’en faire un ami, voire un amant, Adrien dévoile ses méthodes et la manière dont il se sert de certaines IA pour mener ses opérations. À cause de Hans qui le trahit, il est découvert et doit se réfugier dans la clandestinité… Quelques temps plus tard, on croise Aurore, alias la chanteuse pop Stella McCall, star virtuelle mais malheureusement en difficulté face à la concurrence de LeaH : son frère Joachim lui propose de l’éliminer via l’intervention des IA. Horrifiée, Aurore croise Adrien, devenu SDF. S’ils font échouer le projet de Joachim, qui n’est autre que Hans, ils découvrent que celui-ci travaille à un projet visant à donner aux IA le pouvoir sur l’humanité. Ils vont être rejoint par Kader, un ancien soldat lui aussi manipulé par Joachim et la jeune Lou. Le complot de Joachim cache aussi une histoire familiale très dure, qu’on va peu à peu découvrir…
Un roman choral
En terminant la lecture des Machines fantômes, on a l’impression d’avoir vu un de ces vieux films d’Altman qu’on qualifiait de « choral » tant la trame générale dépend ici des personnages dont on découvre peu à peu les histoires personnelles. C’est toute la force d’Olivier Paquet de réussir à toutes les imbriquer, grâce aux actions du personnage de Hans/Joachim qui aide à leur faire découvrir qui ils sont. Ce roman est également actuel car il parle de l’émergence progressive des IA et aussi de la surveillance globale des citoyens auquel se livrent les États et les sociétés, qui s’est généralisé grâce en partie à la nécessité de la lutte contre le terrorisme. Malgré quelques longueurs, c’est une vraie réussite qu’on ne peut que recommander.
Sylvain Bonnet