Suite de L’espace d’un an, ce second roman, de ce qui est devenu depuis une série à succès, est à mes yeux une réussite. Tout d’abord, parce que pour une suite, il est suffisamment original en lui-même pour faire rapidement oublier son prédécesseur. Ensuite parce que la plume de Becky Chambers est, telle que je m’en souvenais, toujours aussi agréable, légère et précise. Et au final, parce que l’histoire qui y est racontée, sans temps morts, est tout simplement bonne, intéressante et émouvante. Un ouvrage qui confirme donc l’étiquette “hopepunk” que la critique a collée à cette autrice, et que j’ai dévoré tellement rapidement que je suis arrivé au bout sans même m’en rendre compte ! [...]
Divisé en deux lignes narratives, le roman alterne les chapitres entre le présent de Sidra et le passé de Poivre. Et le moins que je puisse dire, c’est que j’ai été heureux d’avoir une autrice suffisamment douée pour faire passer un grand nombre d’horreurs aussi bien. Car le passé de Poivre, c’est celui de Jane 23, une ancienne enfant-esclave, un clone cultivé comme toutes ses sœurs, emprisonnées et mises au travail dès l’enfance au sein d’une usine, d’une décharge, de la taille d’un continent, sur une planète nommée Erob.
S’étant échappée de sa prison, la fillette avait finalement trouvé refuge dans une minuscule navette spatiale, abandonnée au milieu des rebuts industriel entourant l’usine sur des kilomètres. Et par chance, bien qu’incapable de redécoller, celle-ci n’était pas complètement hors-service, puisque Chouette, son IA était encore sur pied. Façon de parler. Avec suffisamment de batteries pour aider une fillette à survivre, on dira. Autant l’avouer, avec pour moitié une histoire impliquant une adolescente découvrant la dureté du monde et faisant l’apprentissage de la vie sous la férule d’une IA, avec mes goûts, j’aurais dû poser ce bouquin. Sauf que dans ce cas-là, Becky Chambers se permet un sans-faute, à mon humble avis. Cette relation entre Jane et Chouette narrée brillamment, avec justesse, sans pathos, m’a totalement charmé. Le tout malgré un contexte des plus lourds : la survie dans une décharge industrielle du futur avec comme seuls voisins des meutes de chiens affamés, c’est loin d’être la fête !
[...] Bref, Libration, c’est bien de la SF abordable, écrite sans arrogance et qui essaye de faire passer ses messages humanistes, tout autant que de divertir le lecteur. On y est sensible ou pas, mais pour ma part j’ai beaucoup aimé !