Les 160 pages se lisent facilement presque avec entrain, il y a comme une atmosphère de suspense. J'y ai retrouvé tout ce qui me fascine dans une nouvelle littéraire.

Appartement 816 - Le tour du monde en ... 80 polars
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Confinement, c'est ce que nous avons vécu. Et si la situation sanitaire s'était encore plus aggravée ?

Didier Martin raconte son quotidien dans un contexte sanitaire cataclysmique avec des virus contre lesquels il n'y a pas de traitement, des virus qui mutent, qui se transforment en autre chose d'encore plus dangereux et des vaccins qui ne servent à rien. Il fallait bien que des mesures soient prises et Didier Martin est convaincu de leur utilité et de leur légitimité.

Depuis trois ans les IGT ( Isolement Général Total ) succèdent à des IGSP ( IG semi-partiel ) et aux IGP ( IG partiel ) pour des périodes de six mois. Durant un IGT, dans les agglomérations de plus de six cents habitants, la vie se déroule entièrement à domicile. Interdiction absolue de sortir de chez soi. Didier Martin respecte les règles par devoir. Il est en télétravail. Il vit dans un petit appartement avec sa femme et son fils mais il ne parle pour ainsi dire pas d'eux. Il ne s'entend pas avec son ado de fils et il n'y a jamais eu beaucoup de complicité avec sa femme. Trois pièces pour trois personnes. A l'extérieur une répression implacable sévit, une bonne mesure pour Didier Martin. La racaille n'a qu'à bien se tenir !

Les biens de premières nécessité et les rations alimentaires sont livrés par drone. La vie est régie par des applis informatiques. Rezo est le réseau social agréé. Il faut aussi remplir chaque jour une Fiche Journalière de Présence. Il y a Ravi pour le ravitaillement et pour le reste les commandes se font sur Mississippi ( ce choix d'un grand fleuve m'a fait rire ). Tout est disponible sur ce site de vente en ligne, Didier Martin y a acheté un congélateur.

Didier Martin raconte tout cela. Son journal quotidien, il l'écrit sur des supports aussi divers que les murs, les objets, les portes, sous le lavabo. Il écrit partout. Il raconte tout. Pour lui c'est un témoignage sur une période exceptionnelle. Il est libre alors il témoigne, par écrit. Il est heureux, la situation lui pèse bien sûr mais il n'y a pas d'autres solutions, le gouvernement a fait les bons choix et il faut les respecter. Didier Martin a été obligé de tuer son chien, il était de trop dans l'appartement, surtout à cause des crottes. Il s'autorise aussi quelques entorses aux règlements, comme entrouvrir sa fenêtre de quelques millimètres pour écouter le chant des oiseaux ou plus simplement profiter du silence. C'est pourtant formellement interdit. Un jour il décide d'acheter une maison à la campagne et de vendre son appartement.

Le récit d'Olivier Bordaçarre fait froid dans le dos. Dans ce contexte tout est prévisible presque logique mais tout est exacerbé, démesuré. Même le réchauffement climatique s'en mêle. Le comportement de Didier Martin est également dans la démesure. Le lecteur sent aussi qu'il y a quelque chose qui cloche.

Le style est simple, emprunté à ce qui est écrit dans les journaux intimes. Le lecteur sourit à de nombreuses reprises mais il est sans cesse ramené à une situation tragique. Les 160 pages se lisent facilement presque avec entrain, il y a comme une atmosphère de suspense. J'y ai retrouvé tout ce qui me fascine dans une nouvelle littéraire.

Publié le 28 janvier 2022

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