Je trouve que la force de John Scalzi est de ne pas porter de jugement sur ses personnages. Ils sont humains, simplement, faillibles, avec des qualités et des défauts. Il réalise même un tour de force dont je ne me suis rendue compte qu'à la fin de ma lecture, et que je vous laisserai découvrir par vous même.

Scalzi - Les enfermés - Un papillon dans la lune
Un virus très contagieux se répand sur la planète, infectant près de la moitié de la population mondiale. Une partie des malades se retrouve enfermée, contrainte de communiquer avec le monde qui l'entoure par l'intermédiaire de machines. Dans le second récit, des témoins de l'épidémie racontent l'apparition des premiers symptômes et ses conséquences sociales.
 
Le quatrième de couverture m'a tout de suite accrochée, très certainement par son côté déprimant (toutes les personnes à qui j'ai pu faire lire ce résumé m'ont dit "ah ouais quand même") Cependant ce roman n'est absolument pas défaitiste : une partie de la population est enfermée dans son propre corps, OK on va trouver une solution ! Et la solution est trouvée par le biais des Cispés (toute allusion à un robot doré d'une certaine guerre des étoiles étant délibérée), des robots qui peuvent être contrôlés à distance par les enfermés et leur permettre de se déplacer et d'interagir dans la société. L'autre solution est la création d'un espace virtuel où peuvent se retrouver toutes les victimes de cet étrange syndrome, qu'on nomme maintenant les hadens. Enfin, certains ont eu la maladie et s'en sont remis. Ils peuvent désormais servir d'enveloppe corporelle aux enfermés, et on les appelle des intégrateurs.
 
 

Les Enfermés est un excellent roman, qui aborde différentes problématiques. Sa base est une enquête : Chris Shane, victime de la maladie et nouvellement agent du FBI, va devoir enquêter sur un meurtre qui semble avoir été commis par un intégrateur. La question étant : l'intégrateur a-t-il agi de son propre chef ou était-il "piloté" par un haden, et si oui qui ? Une enquête prenante qui va permettre à l'auteur d'aborder d'autres sujets, tels que la maladie, le handicap dans la société, l'intégration des personnes différentes, l'éthique des sociétés médicales et des politiques, le capitalisme, l'accès aux soins pour tous...
 
Je trouve que la force de John Scalzi est de ne pas porter de jugement sur ses personnages. Ils sont humains, simplement, faillibles, avec des qualités et des défauts. Il réalise même un tour de force dont je ne me suis rendue compte qu'à la fin de ma lecture, et que je vous laisserai découvrir par vous même. Assez bluffant, et chapeau au traducteur Mikael Cabon, car c'est probablement encore plus difficile à faire passer en français qu'en anglais !  
 
Les Enfermés est aussi un roman geek et bourré d'humour et de tolérance. Le contexte est bien développé alors même que le roman est assez court. Le livre contient un second texte, Une Histoire orale du syndrome d'Haden, qui permet au lecteur de comprendre après coup les événements qui ont mené à la situation du roman.

Pour résumer, Les Enfermés de John Scalzi est un thriller post-humaniste publié chez L'Atalante. C'est un excellent roman, rythmé et prenant. L'auteur place l'humain au centre de son histoire, pleine de tolérance et d'humanisme, égratignant largement au passage certaines politiques et la société capitaliste. Il réalise aussi un tour de force littéraire que je vous laisse découvrir par vous-même. Une œuvre à la fois grave et drôle que je ne peux que vous conseiller.
 
Un papillon dans la lune
Publié le 10 mars 2016

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