C’est vraiment le livre qu’il me fallait au bon moment : fun et intéressant, simple mais aucunement simpliste, bourré d’humour, de références pop-culture, de personnages attachants et de bienveillance… … et de grosses bêbêtes

La Société protectrice des Kaijus - L'imaginaerium de symphonie
Article Original

À moins que vous ne soyez resté dans une grotte depuis 2019 (quelle chance !), vous avez peut-être entendu parler d’un pitit virus qui fout un gros bordel un peu partout depuis, notamment dans notre santé physique et psychologique. On ne le dira jamais assez, mais le mythe de l’auteur qui doit être torturé et déprimé pour pondre des livres, hein, bon (spoil : pour moi, ça ne marche pas). Et ça n’a pas marché non plus pour John Scalzi, ainsi qu’il l’expose en clôture de livre (c’était d’ailleurs très intéressant, merci beaucoup à l’auteur d’avoir raconté la genèse de ce roman !). Difficile d’écrire un roman grave et sérieux quand tout par à vau-l’eau autour de soi.

Le roman commence donc en pleine pandémie Covid, juste avant le confinement. Le protagoniste et narrateur, employé dans une grosse entreprise, se voit viré du jour au lendemain sans raison valable après s’être fait piquer ses idées d’amélioration par le dirigeant. Il se retrouve donc renvoyé chez lui avec ses deux colocs sans ressources financières et passablement écœuré. Et c’est là que les grosses bêbêtes promises entrent en jeu, ramenant un peu de merveilleux et de sens dans la vie du personnage, mais aussi un peu dans la vie des lecteurices…

En tout cas, j’ai vécu cette lecture comme un vrai souffle de fraîcheur entre deux actus déprimantes. Ici, il n’est pas question d’empêcher un kaiju de détruire une ville à coup de missiles ou d’avions de chasse (je suis la seule à avoir eu les yeux mouillés à la fin du Godzilla de Emerich ? Pauvre Godzilla), au contraire, les personnages se dédient à l’étude et à la protection des kaijus, dans une sorte de réserve naturelle de la taille d’un monde.

Godzilla… Réserve naturelle… Kaijus… Eh oui, sans surprise, ce roman est bourré de référence à la SF et la pop-culture, mais sans que ça ne gêne une seule seconde la compréhension. Certaines sont évidentes et d’ailleurs parfaitement assumées, d’autres sont un peu plus inattendus. Il y a aussi une atmosphère scientifique tout le long du livre, puisque les personnages que l’on suit ont toustes des doctorats (enfin, presque toustes ^^). J’ai dû arrêter au bac +3, mais ça m’a paru suffisamment crédible pour ne pas sortir du livre une seule seconde, et ça m’a rappelé mes vieux rêves d’enfance de devenir spécialiste des félins/serpents/chauve-souris ou cryptozoologue. Le sens of wonder est également présent, avec ces espaces gigantesques et ces montagnes ambulantes curieusement attachantes que l’auteur a choisi de ne pas décrire, à la façon des « horreurs indicibles » de Lovecraft, histoire de nous laisser imaginer ce qu’on veut.

Puisque nous parlons des personnages, j’ai adoré leurs interactions et leurs taquineries, via lesquelles on sent toute leur camaraderie et leur affection réciproque. C’est d’ailleurs l’un des gros points forts à mes yeux : c’est bourré de bienveillance, que ce soit vis-à-vis des kaijus ou entre les personnages (quelle que soit leur origine ou leur genre, d’ailleurs). Ce sont aussi de vrais scientifiques crédibles et soucieux de ce qu’ils étudient, pas du genre à enlever leur casque sur une planète inconnue où pourraient y avoir des parasites (ouais, tavu, moi aussi je fais des références !).

Le seul point faible que l’on pourrait trouver (ça n’en n’a pas été un pour moi, mais je conçois que ça puisse en être un, de même que l’avalanche discontinue de traits d’humour) : la simplicité. L’intrigue ne recèle aucune surprise, on voit tout venir à trois kilomètres, il y a des coïncidences, des grosses ficelles etc. mais pour moi, l’intérêt du livre n’était pas là de toute façon. C’est un livre feel-good, chill, qui vous propose juste de marcher à côté des kaijus le temps d’une lecture (promis, si vous suivez les consignes, tout se passera bien !)

Cela étant, qui dit simple ne dit pas simpliste. Le tout reste parfaitement cohérent, et il se permet même quelques petits messages et une certaine critique du capitalisme et de l’exploitation des gens et de l’environnement.

Bilan

Ce roman, je l’ai lu d’une traite en une soirée (ce qui fait toujours un peu culpabiliser vu le temps et l’énergie qu’il a fallu pour l’écrire). C’est vraiment le livre qu’il me fallait au bon moment : fun et intéressant, simple mais aucunement simpliste, bourré d’humour, de références pop-culture, de personnages attachants et de bienveillance…

… et de grosses bêbêtes

Publié le 16 mai 2023

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